Fort rebond pour les fonds ‘‘consommation’’

Les fonds investis sur la consommation se sont bien repris l’année dernière, avec une évolution qui reste favorable au début de 2024.

Le segment des fonds “consommation” est relativement profond, avec une dizaine de produits ayant un historique de performance supérieur à 10 ans, et de nombreux produits commercialisés ces dernières années sur des thématiques plus spécifiques. Sur le long terme, les résultats sont toutefois très contrastés, l’écart de performance annualisée sur cinq ans entre le meilleur et le pire fonds atteignant 10%.

Cet élément s’explique par les fortes différences de performances des sous-secteurs entrant dans la composition de ces fonds. Certains sont très exposés sur la consommation discrétionnaire (luxe, voitures) tandis que d’autres se diversifient vers les biens de consommation (produits d’hygiène, grande distribution, boissons, alimentation), la technologie (commerce en ligne) ou encore la communication (réseaux sociaux).

La performance des deux ETF dans notre tableau illustre bien cette problématique. L’ETF exposé sur la consommation discrétionnaire a grimpé de 30% l’année dernière et affiche un résultat nettement supérieur sur cinq ans, avec un top 10 qui comprend des groupes comme Amazon, Tesla, LVMH, Toyota, McDonald’s, Booking ou Nike. Mais sur trois ans, c’est bien l’ETF sur les biens de consommation (exposé notamment sur Procter & Gamble, Costco, Nestlé, Walmart, Coca-Cola ou L’Oréal) qui s’est le mieux comporté, notamment durant la correction de 2022.

Tous les fonds “consommation” affichent aujourd’hui une exposition plus ou moins importante sur la consommation discrétionnaire (entre 30 et 88% des encours), la consommation de base étant réduite à sa portion congrue (de 0 à 26% des encours) en dépit des bonnes performances enregistrées durant les trois dernières années, de sorte que les investisseurs intéressés par ce segment en sont aujourd’hui réduits à passer par un ETF. Il est également symptomatique que les actions les plus souvent reprises dans le top 10 des fonds “consommation” soient Amazon, Apple ou Microsoft.

Positionnement défavorable

Par rapport à notre précédent article consacré à ce groupe de fonds, en 2020, l’évolution la plus remarquable est le véritable effondrement du fonds d’Invesco, qui a très largement sous-performé l’ensemble de ses concurrents en 2022 (-42%) en raison d’un positionnement privilégiant les sous-secteurs les plus volatils (notamment les jeux vidéo), qui ont été les plus affectés par la hausse des taux.

Le fonds est structurellement sous-exposé sur la consommation de base, et était fortement exposé sur l’Asie (surtout la Chine) et sur les petites capitalisations, deux segments particulièrement décevants ces deux dernières années. La performance d’Invesco Global Consumer Trends s’est redressée depuis 2023, mais la mauvaise passe de 2022 prendra du temps à être digérée.

Atout européen

Alors que le fonds d’Invesco est tombé de la meilleure à la plus mauvaise position du classement, le fonds Pictet-Premium Brands a fait exactement le chemin inverse, en passant du bas du classement à la meilleure position et en étant également le seul produit à afficher une performance qui surclasse celle des deux ETF de xTrackers.

Par rapport aux autres fonds de sa catégorie, celui de Pictet Asset Management est un des plus fortement exposés sur la consommation de base et structurellement dépourvu d’exposition sur la technologie ou la communication. En outre, l’exposition sur l’Europe (55% des encours) est de loin supérieure à celle de l’ensemble des produits concurrents, avec des noms comme Richemont, EssilorLuxottica, Lindt, Ferrari ou L’Oréal parmi les principales positions.

En dépit de ces positionnements contrastés, les fonds d’Invesco et de Pictet AM affichent pratiquement le même niveau de performance (8,7% annualisé) sur une période de 10 ans.

Pas trop tard

Après une ascension de 18% en moyenne en 2023 et encore de 6% depuis le début de l’année, la question est aujourd’hui de savoir s’il n’est pas trop tard pour encore s’exposer sur les perspectives des fonds ‘‘consommation’’.

Les perspectives des entreprises les plus importantes ont généré des ­surprises positives, notamment dans le secteur du luxe et les hôtels.” – Caroline Reyt (Pictet Premium Brands)

Caroline Reyt, gestionnaire du fonds Pictet Premium Brands, souligne que les marchés en développement (Chine, Inde, etc.) restent au cœur du mouvement de “premiumisation” dans de nombreux segments de la consommation. “Les 120 sociétés que nous avons dans notre univers d’investissement ont une croissance attendue qui va être beaucoup plus rapide que le secteur de la consommation dans son ensemble, prédit-elle. Après trois années difficiles pour les consommateurs (inflation, covid, hausse des taux), nous pensons que le scénario macroéconomique devrait être porteur.”

“En outre, ces groupes ne sont pratiquement pas endettés, et 40% de notre portefeuille devrait afficher une trésorerie nette positive à la fin de l’exercice en cours.” Après le luxe, qui pèse 37% des encours, le voyage (15%) est le deuxième secteur dont est composé le portefeuille, suivi par ­l’alimentation (13%), les équipements sportifs (14%), les loisirs (8%) et les cosmétiques (12%). “Notre fonds est réellement une stratégie diversifiée, liquide, et qui se veut résiliente, ajoute notre interlocutrice. A l’occasion des résultats du quatrième trimestre, les perspectives des entreprises les plus importantes dans notre portefeuille ont généré des ­surprises positives, notamment dans le secteur du luxe et les hôtels.”

Fixation des prix

L’ère des financements bon marché est probablement révolue.” – Juan Mendoza (LO Funds-World Brands)

De son côté, Juan Mendoza, gestionnaire du fonds quatre étoiles LO Funds-World Brands, précise que les entreprises de haute qualité ayant des marques ou des technologies dominantes devraient continuer à surperformer au travers du cycle grâce à leur capacité à imposer des hausses de prix.

“Ceci leur permet de résister à l’inflation sans devoir sacrifier leur part de marché. Cette caractéristique est devenue d’autant plus vitale que l’ère des financements bon marché qui a caractérisé les quatre dernières décennies est probablement révolue”, conclut-il.

Luxe responsable
La dernière innovation thématique dans le domaine de la consommation est certainement l’arrivée du fonds Robeco Fashion Engagement (Isin : LU2685977949) qui, lancé fin 2023, vise une exposition sur le secteur de la mode avec une approche d’engagement destinée à orienter les entreprises vers des politiques plus responsables.
Dora Buckulčíková, sa gestionnaire, explique que la mode, dont les directions ne sont pas toujours au courant de ce qui se passe sur l’ensemble de la chaîne de production, n’est pas vraiment un secteur que l’on peut qualifier de durable.
“Les pressions règlementaires vont toutefois obliger les compagnies à adopter de meilleures pratiques si elles veulent continuer à vendre leurs produits en Europe. Nous voulons accompagner ce mouvement en pratiquant une politique d’engagement avec les différents groupes.”

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