Elections du 9 juin : où est passé le débat sur la rémunération de l’épargne ?
Étrange disparition que celle du débat sur la rémunération de l’épargne. Annoncé comme un thème de campagne des prochaines élections, il a complètement disparu de la circulation : les radars se sont déplacés.
Va-t-on bientôt reparler du taux du livret ? On peut se poser la question alors que l’Agence fédérale de la Dette l’a confirmé hier : deux nouveaux bons d’État seront émis le 4 juin prochain. Le premier aura une échéance d’un an et le second de huit. Ils ne bénéficieront pas d’un précompte mobilier réduit. Les coupons seront annoncés le mercredi 22 mai. Quant à la période de souscription, elle se déroulera du vendredi 24 mai au vendredi 31 mai via les services de l’agence de la dette, tandis qu’elle s’étalera jusqu’au lundi 3 juin en cas de passage par les banques. Soit quelques jours seulement avant le dimanche 9 juin, date à laquelle, faut-il le rappeler, auront lieu les élections fédérales, régionales et européennes.
Cette nouvelle campagne de bons d’Etat relancera-t-elle dès lors le débat sur la rémunération du livret ? Seule certitude : “Si nous n’avons pas pu trouver de consensus au niveau du gouvernement pour augmenter automatiquement le taux du livret, c’est à cause d’un blocage, surtout de l’Open Vld mais aussi du MR, et en plus nous arrivions en fin de législature au niveau du parlement”, rappelle Gilles Vanden Burre, député fédéral Ecolo, qui s’est beaucoup mobilisé sur le sujet.
D’autres urgences
En attendant, c’est le calme plat. Après avoir été la cible des critiques pendant plusieurs mois, les banquiers passent pour le moment entre les gouttes. Point de tir nourri de la part des partis politiques, singulièrement de gauche, à leur égard comme ce fut le cas avec le bon d’Etat à un an lancé en septembre par le ministre des Finances Vincent Van Peteghem (CD&V). La question du taux du livret a même complètement disparu de la circulation depuis la dernière émission qui a eu lieu en février, et qui fut loin d’être couronnée de succès. A peine 433 millions d’euros ont été récoltés au total, soit un montant largement en deçà du record de 22 milliards collectés pour le bon émis en septembre dernier.
Mais au-delà du flop, les radars se sont aussi déplacés. D’autres dossiers préoccupent sans doute tout autant, si pas plus, le citoyen. Nouveaux impôts, transition énergétique, conflit Israël-Hamas : voilà les sujets hot qui alimentent pour le moment les discussions dans les médias et permettent aux candidats qui se présentent au scrutin du 9 juin de se positionner face à l’électeur. “Effectivement, il y a d’autres urgences, reconnaît Gilles Vanden Burre. Il est normal que les thèmes principaux de campagne reprennent le dessus. J’entends par là, le pouvoir d’achat, les enjeux climatiques ou encore la fiscalité.”
Le retour du bon de caisse
Il faut dire aussi qu’après l’engouement autour du bon d’Etat, un autre produit d’épargne a depuis fait son grand sur le marché : le bon de caisse. Relancé par la banque Belfius à la mi-avril, le produit est intéressant pour les épargnants qui ne veulent pas prendre de risques, car il rapporte tout autant, voire même plus, que les comptes épargne des grandes banques. De son côté, le ministre de l’Economie (PS) Pierre-Yves Dermagne a choisi de s’attaquer à un autre dossier électoralement porteur, à savoir une proposition de loi qui vise à retirer aux banques la possibilité de facturer une indemnité de remploi de 3 mois d’intérêts en cas de refinancement interne d’un crédit immobilier, ce qui fait bien sûr bondir la fédération des banques (Febelfin), pour qui cette proposition mais le refinancement des crédits hypothécaires à taux fixe en danger.
Baisse des taux en vue
A tout cela s’ajoute encore la baisse des taux à venir. De quoi compliquer la donne pour ceux qui voudraient flatter l’électorat des épargnants. Car à force de parler des élections qui pointent le bout de leur nez, on en viendrait en effet à oublier que les taux d’intérêt devraient enfin baisser… en juin prochain. Une baisse des taux qui fera beaucoup du bien à énormément d’entreprises et de ménages qui empruntent. Et qui, eux aussi, votent ! Mais Gilles Vanden Burre promet : “Si nous sommes amenés à discuter de la formation de la prochaine coalition au niveau fédéral, nous remettrons le dossier du taux d’épargne sur la table en priorité. Il faut changer de manière structurelle le système pour le rendre socialement plus juste, quel que soit le niveau des taux”, insiste-t-il.
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