Capitalisation: le marché américain a toujours du potentiel
Les grandes capitalisations américaines ont bien rebondi depuis le début de l’année, notamment grâce à la performance des valeurs technologiques. Mais le potentiel de redressement des petites et moyennes capitalisations ne doit pas être ignoré.
Le marché boursier américain reste le plus important pour les investisseurs occidentaux, et tous sont généralement familiers avec la plupart des grandes capitalisations cotées à Wall Street ou sur le Nasdaq. Durant la dernière décennie, la performance de ce marché a été largement dominée par le secteur technologique. Et plus particulièrement depuis le début de l’année en cours, elle s’est cristallisée sur une grosse poignée de grandes sociétés comme Amazon ou Nvidia, deux de celles qu’on appelle les Sept Magnifiques (avec Meta, Tesla, Apple, Microsoft et Alphabet).
Les fonds exposés sur les grandes capitalisations ont éprouvé de grandes difficultés à “battre le marché” durant la dernière décennie, les meilleurs dégageant au mieux des performances en ligne avec l’indice S&P500. Les raisons de ce phénomène sont à rechercher dans les frais souvent élevés des fonds actifs face aux produits indiciels, avec un marché très prévisible, toutes les valeurs étant suivies par un grand nombre d’analystes.
Dans notre tableau, nous avons repris quatre produits parmi les meilleurs fonds exposés sur les petites et moyennes capitalisations (T. Rowe Price, BlackRock, Robeco et Threadneedle) ainsi que trois fonds exposés sur les grandes capitalisations avec une approche mixte (Schroders, Amundi, Nordea), c’est-à-dire dont le style de gestion ne pèse pas trop fortement vers la value ou la croissance. Enfin, nous avons pris un fonds “flex cap” (de Fidelity) qui adopte un positionnement équilibré sur les capitalisations.
Changement de leadership
Tout d’abord, il est intéressant de constater que la performance des fonds exposés sur les petites et moyennes capitalisations ainsi que celle du fonds de Fidelity ne sont pas éloignées des performances affichées par les meilleurs fonds sur les grandes capitalisations. Dans le même temps, l’indice Russell 2000 ne s’est ainsi apprécié que d’un peu plus de 3% par an durant les cinq dernières années.
Les meilleurs fonds spécialisés sur les entreprises de taille moyenne ont donc très largement surperformé leur indice de référence, ce qui explique pourquoi ces produits affichent souvent davantage d’étoiles Morningstar que les fonds exposés sur les grandes capitalisations, qui peinent à dépasser une notation trois étoiles.
Le contexte au niveau de la Bourse américaine manque actuellement de visibilité, avec une économie qui se montre résiliente et qui empêche la Réserve fédérale de relâcher sa pression en dépit d’une inflation qui semble aujourd’hui sous contrôle. De nombreux économistes estiment que le resserrement des conditions de crédit est de nature à provoquer un ralentissement plus prononcé de l’économie américaine en 2024. Le leadership sur ce marché pourrait donc être appelé à changer dans le futur, la hausse des taux rendant plus difficilement justifiable le niveau élevé des valorisations pour certains groupes.
“Dans le même temps, des indicateurs semblent aujourd’hui pointer vers une amélioration des conditions économiques, comme l’amélioration des nouvelles commandes au secteur manufacturier alors que les prix des matières premières ont considérablement baissé. Dans le même temps, le secteur des services continue d’être en croissance, pointe Timothy Orchard, head of equities chez Fidelity International, ce qui permet d’espérer le maintien d’un bon niveau d’activité.”
Grandes capitalisations
Joakim Ahlberg, le gestionnaire du fonds Nordea 1-North American Stars, souligne que si les perspectives à court terme restent incertaines en raison de la hausse des coûts de financement, il continue de trouver de très bonnes idées d’investissement sur le long terme. “La technologie reste une composante importante de notre stratégie, avec 26% des actifs sous gestion, mais nous ne sommes pas surpondérés car nous restons à l’écart des valorisations extrêmes de certains des Sept Fantastiques. En dehors de ces grandes sociétés technologiques, nous estimons que la valorisation du marché américain reste raisonnable.” Joakim Ahlberg apprécie notamment les perspectives des sociétés exposées sur la réindustrialisation de l’économie américaine et sur les différents programmes d’investissement mis en place ces dernières années. “Nous avons également des expositions sur des petites et moyennes capitalisations à hauteur d’environ 30% des encours, plus particulièrement dans certains secteurs comme les industrielles ou les technologies médicales. Dans l’ensemble, nous avons réduit le nombre de positions et augmenté la qualité du portefeuille depuis le début de l’année, tout en cherchant à conserver un bon équilibre entre la croissance et la value.”
Petites et moyennes
Au niveau des petites et moyennes capitalisations, le fonds Threadneedle-American Smaller Companies s’est assez nettement distingué durant les cinq dernières années. “Sur le long terme (20 ans), cette classe d’actifs a tendance à surperformer les grandes capitalisations, estime Louis Ubaka, le gestionnaire du fonds. Les cinq dernières années ont été assez atypiques à ce sujet et nous pensons que nous allons retrouver un environnement plus normal durant les prochaines années. Le chiffre d’affaires de ces sociétés est davantage lié à l’économie américaine, avec des revenus provenant pratiquement à 100% du chiffre d’affaires généré de manière domestique.”
Le gestionnaire estime donc que ces sociétés devraient être davantage isolées des incertitudes géopolitiques. “Investir sur les sociétés de l’indice Russell 2000 permet également de faire un pari beaucoup plus diversifié sur les perspectives de l’économie américaine, contrairement à l’indice S&P500 qui est beaucoup plus exposé sur les perspectives de quelques secteurs.” Enfin, Louis Ubaka souligne également que les valorisations des petites capitalisations affichent une décote historiquement élevée par rapport aux grandes sociétés.
Capitalisations flexibles
Enfin, pour l’approche flexible, Aditya Khowala, gestionnaire du fonds Fidelity Fund-American Growth, souligne que son fonds conserve une sous-pondération sur les grands groupes technologiques et un biais sur les moyennes capitalisations, “même si ce positionnement a pu peser sur la performance relative du fonds durant le trimestre écoulé”. Il a néanmoins relevé son positionnement sur un titre comme Nvidia “qui continue d’avoir un avantage concurrentiel significatif dans la production de GPU (processeurs graphiques, Ndlr) utilisés dans le développement des solutions d’intelligence artificielle”.
“Nous continuons d’investir dans des sociétés qui disposent de perspectives de croissance favorables et de flux de trésorerie élevés, sur des thématiques comme la mobilité, la démographie, l’électrification et l’automation. Elles sont susceptibles de réaliser de bonnes performances dans tous les scénarios macroéconomiques”, poursuit Aditya Khowala.
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