Bourse et Euro 2024 : le syndrôme du gardien de but
Petit conseil boursier à l’occasion de l’Euro de foot. Comme le gardien de but qui a autant de chances d’arrêter un pénalty en restant au milieu de son goal plutôt qu’en plongeant à droite ou à gauche, mieux vaut privilégier la passivité face à des marchés volatils.
Petite question en plein championnat d’Europe de football : quel est le rapport entre un gardien de but au football et la gestion d’un portefeuille boursier ? A priori, aucun. Sauf que… Dans leur lettre d’information quotidienne, les analystes de la banque suisse Mirabaud apportent un éclairage surprenant à la question de savoir si, lors d’un penalty, il vaut mieux que le gardien saute à droite, ne bouge pas ou saute à gauche. Réponse, un gardien de but a (presque) autant de chances de réussir en restant au milieu de son but sans rien faire qu’en plongeant à droite ou à gauche. Surtout, et vous voilà prévenus, c’est presque la même chose pour les marchés financiers, affirment les analystes de Mirabaud : “L’histoire nous apprend qu’il convient souvent de ne pas bouger quand l’orage gronde”.
L’immobilisme paye…
A l’appui de leurs propos, les analystes de la banque privée suisse font référence à une très sérieuse étude publiée par le groupe de recherche israélien (MPRA) qui a analysé plus de 300 penaltys dans différents championnats et pays. Résultat ? Dans près de 94 % des cas, le gardien de but plonge à gauche ou à droite. Mais quatre fois sur dix seulement, il anticipe correctement l’intention du tireur. Et en cas de bon choix, seuls 25 à 30 % des tirs sont arrêtés.
A l’inverse, si un gardien choisit de rester au milieu de sa ligne, il parvient alors à arrêter 6 tirs sur 10. Or, sachant que 30 % des pénaltys sont tirés vers le centre du but, les chances d’un gardien “immobile” d’empêcher le ballon d’arriver dans les filets s’élèvent à environ 33 %, ce qui est beaucoup plus que les chances moyennes d’arrêt qui se situent aux alentours de 13 %. N’en déplaise au flamboyant gardien de l’équipe d’Italie, Gianluigi Donnarumma, les statistiques parlent d’elles-mêmes. Face au choix cornélien de plonger ou de ne pas bouger, la meilleure attitude est de ne rien faire et de rester immobile sur sa ligne de but.
… en cas de turbulences
Mais quel rapport, direz-vous, avec les marchés financiers ? Eh bien, c’est simple, écrivent les experts de Mirabaud : “L’histoire nous apprend qu’il convient souvent de ne pas bouger quand l’orage gronde. En examinant près de 100 ans de données (depuis 1930), Bank of America a constaté que si un investisseur avait manqué les 10 meilleurs jours du S&P 500 de chaque décennie, le rendement total aurait été de 28 %. En revanche, si un investisseur était pleinement investi à travers les hauts et les bas, le rendement aurait été de … 17.715 %.” En d’autres termes, vouloir “timer” le marché (maîtriser son timing) est une grave erreur, ajoutent les experts de la banque suisse spécialisée dans la gestion de fortune : “Essayer de déterminer lorsqu’un secteur, un indice ou une valeur est au plus haut (ou au plus bas) est une erreur qu’il ne faut surtout pas commettre. En restant investi dans les marchés, la probabilité que vous perdiez vos avoirs est extrêmement faible, même en cas de krachs boursiers, d’attentats majeurs ou encore de crise sanitaire sans commune mesure. Attention, l’immobilisme ne veut pas pour autant dire qu’il ne doit pas avoir de mouvement au sein des secteurs”, conseille Mirabaud qui ajoute en guise de conclusion : “C’est assez paradoxal, mais pour se prémunir d’un été qui pourrait être extrêmement volatil il ne s’agit pas forcément de sortir du marché des actions. Il convient cependant de ne pas minimiser les fortes rotations sectorielles qui pourraient avoir lieu. Une nouvelle fois, la diversification est la clé !”
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