L’élevage de poules pondeuses à domicile séduit de plus en plus de ménages soucieux d’autonomie et d’écologie. Mais, combien de temps faut-il pour rentabiliser l’achat de poules ? Entre coûts d’installation, alimentation et risques sanitaires, notre petit calcul montre que l’économie espérée reste illusoire.
Un œuf moyen de poule en plein air d’une marque distributeur coûte en magasin 0,23 euro, soit 2,69 euros pour une boîte de douze. En mars, il fallait encore débourser un quart de plus pour acheter des œufs, notamment à cause de la grippe aviaire aux États-Unis et en Europe de l’Est. Ces deux dernières années, le prix des œufs a fortement augmenté. Qui sait combien coûtera un œuf dans un ou deux ans ?
Pour une famille de 4 personnes, un œuf par jour reviendrait à 120 œufs par mois pour toute la famille. La plupart des ménages ne consomment bien sûr pas autant d’oeufs. Une omelette au petit-déjeuner le samedi ou dimanche, un œuf dans la purée ou dans des pâtes carbonara, ou par temps chaud un œuf dur avec un plat froid,…c’est généralement tout. Selon l’enquête sur la consommation alimentaire de Sciensano 2022-2023, un homme consomme en moyenne 14 grammes d’œuf par jour, une femme 12 grammes. Cela revient à moins de deux œufs par semaine. Les œufs intégrés dans des aliments prêts à consommer, comme les biscuits, ne sont pas pris en compte.
Plus de 40 ans
Un poulailler et ses accessoires coutent aux alentours des 450 euros. Trois poules pondeuses reviennent à 15 euros chacune, mais on peut aussi en trouver pour beaucoup moins cher. Avec un sac de nourriture de 20 kilos à 14 euros, on peut tenir deux mois. Le coût de l’eau du robinet est négligeable et le foin pour le poulailler peut être obtenu à très bas prix. Ces coûts minimes ne sont pas pris en compte dans notre calcul.
Supposons qu’un ménage économise trois boîtes de douze œufs par mois grâce à ses poules pondeuses. Il économisera un peu plus de 8 euros au supermarché, mais cette économie est presque entièrement absorbée par la nourriture des poules (7 euros par mois). Si les prix des œufs et de la nourriture augmentent au même rythme dans les prochaines années, le poulailler et ses accessoires seront remboursés après un peu plus de… 41 ans. De plus, les poules vivent environ cinq à dix ans et pondent beaucoup moins avec l’âge. En résumé, au-delà du charme bucolique, il vaut mieux oublier de faire des économies en adoptant des poules dans son jardin…
Problème sanitaire
Il existe également des soupçons sanitaires sur les œufs des poulaillers. En Wallonie, les autorités sanitaires recommandent aux habitants de certaines communes contaminées par les PFAS de ne pas consommer les œufs produits localement, notamment ceux provenant des poulaillers domestiques. Cette précaution s’applique également aux légumes cultivés dans les potagers de ces zones. Cette mesure est fondée sur le principe de précaution, en attendant les résultats d’analyses spécifiques sur la contamination des sols, des œufs et des légumes.
Le Conseil scientifique indépendant (CSI) a formulé des recommandations pour limiter l’exposition aux PFAS. “Concernant l’alimentation « locale » de légumes ou d’œufs, ceux-ci peuvent être contaminés si le sol de vos jardins est pollué. Les légumes accumulent peu les PFAS présents dans les sols : vous pouvez donc les consommer sauf si votre sol est extrêmement pollué. Concernant les œufs, la contamination peut être plus importante”, peut-on lire sur le site du SPW Wallonie Environnement.
Comment diminuer la contamination aux PFAS
Des règles « simples » permettent de diminuer cette contamination qui provient généralement lorsque les poules picorent le sol, explique le SPW:
Essayer de donner une alimentation « équilibrée » aux volailles (protéines et équilibre minéral), afin d’éviter que les poules aillent chercher des compléments dans le sol (notamment en consommant les vers et larves), et se contaminent.
Déposer l’alimentation des volailles dans des mangeoires et non sur un parcours, ou à même le sol (afin d’éviter le contact avec les particules contaminées lors des repas).
Le conseil du gouvernement flamand préconise, de son côté, d’alterner des œufs de son jardin avec des œufs du supermarché. « Il vaut mieux ne pas manger plus de deux œufs de son propre jardin par semaine. Les personnes âgées, les enfants jusqu’à 12 ans, les immunodéprimés et les femmes qui souhaitent tomber enceintes, sont enceintes ou allaitent devraient manger au maximum un œuf par semaine”, ajoute-t-il.