Crédit auto: cette année, c’est encore moins cher!
Emprunter pour acheter une voiture n’a jamais été aussi bon marché. Et si le véhicule est écologique, le taux est souvent encore un peu moins élevé.
Attention : emprunter de l’argent coûte aussi de l’argent. C’est l’avertissement que les pourvoyeurs de crédit doivent obligatoirement afficher pour lutter contre le surendettement. En réalité, s’endetter est aujourd’hui presque gratuit, du moins pour l’achat d’une voiture neuve : moins de 1% dans la plupart des banques. C’était déjà le cas en 2018 mais, cette année, elles ont encore passé un petit coup de rabot sur leur taux. Concrètement, rembourser en 54 mois, soit en quatre ans et demi, un prêt de 15.000 euros au taux de 0,90% coûte à l’arrivée 15.276 euros, soit une majoration du capital d’à peine 1,84%. La même somme empruntée à 0,80% mais remboursée en cinq ans (60 mois) représentera un débours total de 15.305,75 euros, soit 2,04% de plus. C’est que le taux du crédit auto s’est littéralement effondré ces dernières années. Dans les grandes banques, on vient, en chiffres ronds, de 1,50% en 2016 et 3% en 2013.
Régime de faveur pour les véhicules verts…
Première banque du pays, BNP Paribas Fortis (BNPPF) a fixé à 0,95% le taux de son crédit auto à l’occasion du Salon de l’Auto, valable jusqu’à fin février. Juste en dessous de la barre du pour cent, donc, question de frapper les esprits. Si le véhicule est peu polluant, c’est-à-dire affichant les écolabels A ou B qui correspondent à moins de 120 grammes de CO2 au kilomètre, ce taux glisse à 0,90%. Ce taux un peu privilégié n’est donc pas réservé aux véhicules écologiques, c’est-à-dire électriques, hybrides ou alimentés au gaz naturel (CNG), comme c’est le cas dans d’autres institutions. Quoi qu’il en soit, l’heure est clairement à la lutte contre le réchauffement. Elle l’est aussi à la mobilité alternative et la banque a également embrayé sur ce thème, puisque le financement d’un vélo électrique bénéficie de ce même taux de 0,90%. Cerise sur le prêt : il peut atteindre 110% de la valeur du vélo.
Deux observations au passage. Le crédit moyen consenti pour le financement d’un vélo électrique se monte à 3.155 euros, révèle la banque. Du très haut de gamme, donc ! Il semble même surprenant que les acheteurs (de 50 ans en moyenne) de pareils engins fassent appel au crédit. Peut-être y trouvent-ils un avantage fiscal, ou bien réalisent-ils des placements plus rémunérateurs que le taux débiteur du prêt ? On relève par ailleurs une grosse différence culturelle… ou due au relief : 80% des vélos électriques financés par BNPPF se situent en Flandre, alors que le nord du pays ne représente qu’un tiers des véhicules ” verts “.
Publiés une semaine plus tard, les taux pratiqués par Belfius, également valables jusqu’à fin février, frappent un peu plus bas encore : 0,80% pour les voitures neuves, les vélos (électriques ou non) et même les voitures d’occasion jusqu’à trois ans d’âge. Rappelons que le crédit attaché aux véhicules d’occasion est toujours beaucoup plus cher. Le taux est par exemple de 2,9% chez Fortis, de 2,95% chez KBC/CBC, de 3,9% chez Belfius et de 3,95% chez Argenta. En ce qui concerne les véhicules neufs, la banque publique ne distingue pas les ” verts ” des autres au niveau du taux, mais leur accorde un privilège : le prêt peut aller jusqu’à 120% du prix d’achat, par exemple pour financer l’installation d’une borne de recharge électrique.
… surtout chez Argenta
C’est également un taux de 0,80%, et lui aussi raboté de 0,05% par rapport à l’an dernier, que le groupe KBC/CBC affiche à l’occasion du salon. Il s’applique à l’achat de véhicules neufs, autos ou vélos, mais aussi motos. Ces conditions salon sont valables plus longtemps, soit jusqu’à la fin mars. Le groupe insiste sur le succès de la banque en ligne pour la souscription d’un prêt auto : c’est via le site internet ou par smartphone que furent conclus deux tiers des contrats l’an dernier.
Alors que les conditions de Beobank n’étaient pas connues au moment d’écrire ces lignes, celles d’Argenta, autre franc-tireur en prêt auto, étaient affichées : 0,85% pour les voitures essence et diesel, mais 0,65% à peine pour les véhicules ” verts ” et avec un maximum de 70.000 euros, contre 50.000 pour les autres. ING n’a pas frappé aussi fort. Le taux du crédit auto est ici sérieusement raboté par rapport à l’an dernier, mais il partait de plus haut… et n’arrive pas aussi bas : 1,15% pour les véhicules classiques et 0,99% pour les voitures écologiques.
Marketing à bon marché
Pourquoi donc cette surenchère dans les tarifs promotionnels ? A l’instar du prêt hypothécaire, quoique dans une mesure évidemment moindre, le prêt auto établit un lien durable entre la banque et le client. Chez Fortis, la durée moyenne de ce prêt atteint 57 mois, soit pas loin de cinq ans. Elle est de 55 mois chez KBC. La banque peut profiter de ce lien pour vendre d’autres produits, des assurances par exemple. Le prêt auto relevant du crédit à la consommation, elle ne peut toutefois pas l’y inciter en échange d’une baisse du taux, souligne-t-on chez Test-Achats, contrairement à ce qui se pratique en matière de prêts hypothécaires. Si le crédit automobile ne lie le client ” que ” pendant quelques années, il a sur le précédent un avantage technique : la banque peut parfaitement anticiper ce que le montant prêté lui coûtera. Sur 20 ou 25 ans, ce n’est pas aussi facile.
Fort bien, mais ces considérations valaient naguère aussi. Alors, pourquoi cette surenchère aujourd’hui ? Les banquiers se sont maintenant pleinement adaptés à leur situation financière, glisse l’un d’eux. A savoir que l’épargne est pléthorique en Belgique et que les banques ont bien du mal à en assurer le remploi. Et ceci alors que le dépôt de capitaux (excédentaires) auprès de la BCE est sanctionné par un taux négatif de – 0,4%. Si le prêt auto à taux promo ne rapporte pas gros, au moins ne coûte-t-il donc pas cher à la banque, une fois l’environnement pris en compte. Ce n’est pas l’automobiliste qui s’en plaindra.
Pas de taux zéro !
Plusieurs banques lancent expressément un avertissement à propos du taux à 0% proposé par les marques elles-mêmes. Elles plaident évidemment pour leur chapelle, mais les arguments ne sont pas faux. Le concessionnaire affichant un taux zéro aura négocié un crédit auprès d’un organisme financier, qui lui compte un taux d’intérêt. Il va donc vouloir s’y retrouver par d’autres biais. Une moindre remise, par exemple, ou une plus modeste reprise pour le véhicule ancien. Il n’est pas rare non plus – et certains l’affichent clairement – qu’un tel prêt suppose de la part de l’acheteur une grosse avance, classiquement de 30%. La charge d’intérêts est donc allégée.
Dans l’absolu, le crédit proposé par les concessionnaires pourrait s’avérer intéressant en certaines circonstances. Avec les taux aujourd’hui affichés par les banques, cela semble toutefois difficile.
Salon Auto 2019
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici