Contrat d’énergie, il ne faut pas se fier aux promos: “sans les ristournes, les produits sont chers”

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Mailys Chavagne
Mailys Chavagne Journaliste

Votre contrat d’énergie arrive à son terme, et vous hésitez à changer de fournisseur? Est-ce le bon moment pour le faire? Et comment choisir? Un conseil: comparer (sans en abuser) mais surtout connaître son produit (et le comprendre!), nous explique Kurt Hernot, senior advisor à la Creg.

Laisser courir un contrat – de gaz, d’électricité, de télécoms ou bien d’autres services – sans jamais comparer les offres n’est jamais une bonne idée. Car une situation évolue, les habitudes de consommation changent, et un contrat reconduit tacitement ne présentera peut-être pas les mêmes conditions favorables qu’à l’origine. Vous risqueriez donc bien de payer plus que nécessaire.

C’est pourquoi la Commission de Régulation de l’Électricité et du Gaz (CREG) recommande de comparer régulièrement les offres du marché afin de vérifier que vous disposez toujours du meilleur prix adapté à votre consommation. Comparer oui, mais quand et comment? Kurt Hernot nous répond.

Quand changer de contrat? Y a-t-il un « bon moment » pour le faire?

Kurt Hernot: Selon nous, il y a toujours un bon moment pour changer, que l’on ait un contrat fixe ou variable. Les prix peuvent en effet être très différents, d’un fournisseur à l’autre, même au sein d’une même catégorie de produits. Par exemple les produits variables, on voit qu’il y a des différences de plusieurs centaines d’euros pour un même type de produit. Même chose pour les produits fixes, les différences peuvent monter jusqu’à 400 ou 500 euros sur base annuelle.

Mais ce changement de contrat va dépendre du consommateur. Disons qu’il y a des périodes. Tous les gens qui ont signé un contrat lors du dernier trimestre de 2022 paient actuellement des sommes exorbitantes. Les contrats, surtout les produits fixes, étaient alors très élevés. Mais aujourd’hui, les prix ont baissé. Ces clients ne doivent donc pas réfléchir trop longtemps: il faut changer de contrat. En Belgique, plusieurs milliers de consommateurs en ont. Même chose pour ceux qui ont signé un contrat début 2023. Je conseille d’au moins regarder et de comparer les produits qui sont actuellement sur le marché.

Les Belges sont-ils bons élèves en la matière?

Kurt Hernot: Le taux de switch, c’est-à-dire le pourcentage de consommateurs qui changent sur base annuelle de contrat, est particulièrement élevé en Belgique. On est l’un des meilleurs pays à ce niveau-là. Mais le problème, c’est que les Belges ne se dirigent pas nécessairement vers un contrat moins cher.

Quel est le problème sous-jacent?

Kurt Hernot: C’est bien simple, ils ne connaissent pas leur propre contrat en cours. On a réalisé une étude, qui montre que 70% des consommateurs ne connaissent pas le nom de leur produit. C’est assez bizarre, car comment savoir s’il y a un meilleur produit sur le marché, si tu ne connais même pas ton produit actuel? Avant de faire quoi que ce soit, il faut donc commencer par comprendre son contrat, le prix que l’on paie et seulement après comparer avec les offres actuelles.

Avec les promotions, le contrat n’est avantageux qu’après un an, voire un an et demi.

C’est une étape que les consommateurs oublient. Ils se rendent sur un simulateur de prix, regardent les prix et comparent les différents produits entre eux, et non avec le leur. Les comparateurs actuels essaient de comparer les contrats en cours, mais ils ne sont pas assez détaillés. C’est pourquoi on a créé le CregScan. On y retrouve tous les contrats disponibles sur le marché, ainsi que les fiches tarifaires. Ce comparateur a été lancé pour être transparent, simple et sans complications.

Un autre problème, ce sont les offres promotionnelles. Ces ristournes permettent aux fournisseurs d’avoir une meilleure place dans les simulateurs de prix. Mais quand on regarde les conditions, on se rend compte que ces ristournes ne sont effectives qu’après un an. Si le consommateur change de fournisseur ou de produit entre-temps, il perd cet avantage financier. Or, si on déduit la promo initiale du prix, on se rend compte que les produits sont chers. Plutôt que parler de ristourne de bienvenue, il faudrait appeler ça une ristourne de fidélité. Le contrat n’est donc avantageux qu’après un an, voire un an et demi. Mais les consommateurs ne le savent pas, c’est une des raisons pour laquelle ils passent d’un contrat cher à un autre contrat cher, parce qu’ils n’ont pas bien lu les conditions de ristourne.

Et aujourd’hui, est-ce intéressant de changer de contrat?

Kurt Hernot: Avant la crise et la guerre, l’évolution était stable. Mais aujourd’hui, d’autres éléments ont un impact qu’on ne peut pas prévoir. C’est très compliqué de savoir si c’est le bon moment de changer ou non. Et c’est une question qui revient souvent. Je dirais que, puisqu’on est proche de juillet, les prix devraient normalement être assez intéressants. Car d’ici quelques mois, l’automne va arriver. Il y aura donc une évolution à la hausse à partir de juillet-août. Certains produits fixes tiennent même déjà compte de l’automne prochain. Et puis, même si on observe une légère augmentation des prix de l’énergie en avril, mai et juin, les prix restent plus bas qu’en 2022 et 2023.

Je dirais donc que pour tous les gens qui arrivent à l’échéance de leur contrat, c’est le bon moment de changer. Ainsi que tous ceux qui ont signé un contrat fixe durant le dernier trimestre de 2022, et même début 2023. Ils paient trois à quatre fois le prix d’aujourd’hui. À l’inverse, il y a aussi des gens qui ont signé des contrats très bon marché qui ne doivent pas changer de produits. Cela concerne environ 200.000 ménages belges, qui ont signé des contrats fixes sur 4 ans et 5 ans, juste avant la crise énergétique. À ce moment-là, les prix étaient encore très intéressants.

Vaut-il mieux opter pour un contrat fixe ou variable?

Kurt Hernot: Cela dépend complètement du profil de risque du consommateur. Un consommateur qui veut éviter le risque, c’est bien de prendre un fixe. Mais il doit être conscient qu’il paie relativement plus cher son produit. Par contre, ceux qui sont optimistes et qui veulent bien prendre le risque peuvent opter pour un contrat variable.

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