Mohamed Zariouhi (Bel Belgique): “Je crains une pénurie de lait”
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Le groupe laitier Bel qui produit et commercialise entre autres les Babybel, Vache qui Rit ou boursin a pour objectif d’atteindre 50% de végétal dans son portefeuille de produits. Mohamed Zariouhi, directeur Bel Benelux, répond aux questions de Camille Delannois.
“Il ne faut pas opposer produits laitiers et végétaux”, explique Mohamed Zariouhi, directeur général de Bel Benelux. Le groupe laitier connu pour ses produits comme Babybel ou Vache qui Rit a pour ambition de réaliser 50% de son chiffre d’affaires grâce à une offre végétale. Aujourd’hui, un quart provient déjà des alternatives laitières et des produits fruitiers, une catégorie dans laquelle le groupe n’est pas (encore) présent au Benelux.
Deux raisons ont poussé l’entreprise à entamer la transition végétale. “Le réchauffement climatique est une réalité, il faut réfléchir à notre consommation, c’est ce que permet les produits végétaux qui produisent beaucoup moins de CO2”, soutient le responsable. “D’ici 25 ans, nous serons 10 milliards sur terre, il faudra donc être capable de nourrir tout le monde.” Bel est un groupe d’envergure mondiale, présent dans 120 pays. “Certaines régions du monde n’ont pas accès aux produits laitiers”, note-t-il. “Il est donc important de rééquilibrer la consommation et de ne pas opposer les produits laitiers et végétaux.”
Une petite catégorie
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L’entreprise a décliné ses produits les plus connus en version végétale, mais dispose également d’une marque à part entière : Nurrish. “La prise de conscience progresse : quelque 40 % des Belges se disent flexitariens. Les gens ne renoncent pas à la viande, mais ils la réduisent par exemple, on peut envisager la même chose avec les produits laitiers. Nous pouvons les guider dans ce mouvement.”
Afin de développer ses nouvelles recettes, Bel a noué des partenariats avec des start-up capables de recréer le goût d’un fromage classique. Ces start-up utilisent la fermentation de précision afin de produire de la caséine en laboratoire sans vache ou encore l’intelligence artificielle afin de combiner les molécules et créer de nouveaux produits.
“Le fromage végétal est encore une catégorie récente. Nous devons admettre que la première génération de produits n’était pas excellente en termes d’expérience gustative”, ajoute-t-il. “La plus grande barrière pour le consommateur, c’est le goût il faut donc que les produits végétaux soient aussi bons que la version classique.” En Belgique, les fromages végétaux représentent à peine 1 à 2 % du marché. “Je prédis un grand avenir à cette catégorie, à l’instar des laits végétaux qui débordent aujourd’hui dans nos rayons.”
L’importance des portions
Sur ces produits laitiers aussi, l’entreprise travaille à la transition. “Il faut changer la façon dont nous produisons pour réduire l’empreinte environnementale du lait.” Bel garantit un revenu décent aux producteurs de lait en payant un peu plus chers. “La course au lait le moins cher n’est pas raisonnable. Sinon, je crains une pénurie de lait.”
Il y a plus d’un siècle, Léon Bel lançait sur le marché le premier fromage fondu en portions, sous la marque désormais emblématique La Vache Qui Rit. “C’est une invention extrêmement importante”, explique Mohamed Zariouhi, directeur général de Bel Benelux. “La portion a un intérêt, elle permet de ne pas gaspiller puisque vous consommez en plus petite quantité”, ajoute-t-il. “Aujourd’hui, on produit beaucoup en Europe, mais on jette beaucoup aussi, c’est une mesure anti-gaspillage.”
Mais ces portions suremballées ne sont-elles pas contradictoires avec les objectifs de durabilité ? “Les emballages en aluminium sont recyclés et recyclables”, explique Mohamed Zariouhi. “Pour les autres pays qui ne sont pas aussi avancés que la Belgique en la matière, nous travaillons à des emballages papier, mais c’est toute la chaîne qui est réfléchie afin de diminuer les emballages.”
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