Les prix bas : stratégie marketing ou volonté du consommateur ?
La fédération du commerce Comeos appelle à la prudence dans les mesures qui pourraient être prises afin d’augmenter les revenus des agriculteurs.
Wim Van Edom, head of economic affairs, a mis en garde les députés, mardi, contre des “effets de second ordre” qui pourraient apparaître à la suite de ces mesures.
La fédération est auditionnée mardi matin en commission de l’Économie de la Chambre, dans le contexte de la crise que traverse le secteur agricole. La Commission européenne, l’Observatoire des prix, le professeur en bioéconomie de la KULeuven Erik Mathijs et Philippe Baret, professeur de bioingénierie à l’UCLouvain sont également entendus par les députés.
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Un premier accord est intervenu le 1er mars au sein de la Task Force alimentation. Celle-ci réunit les différents maillons de la chaîne sous la houlette des ministres de l’Agriculture, de l’Économie et de la secrétaire d’État à la Protection des consommateurs. Une des mesures porte sur la fixation des prix via le développement d’indicateurs. Le travail n’est pas terminé. Les membres de la Task Force ont convenu de se revoir fin avril.
Le consommateur habitué aux pris bas
Dans ce contexte, Comeos appelle à la prudence. M. Van Edom a ainsi cité différents points d’attention: le commerce transfrontalier, le risque de gaspillage alimentaire ou encore le risque d’importation de produits étrangers. Il a également appelé à mieux soutenir l’alimentation saine, alors que le prix reste le critère premier d’achat des consommateurs.
“Le consommateur paye trop peu pour ses aliments”, a-t-il souligné. “La part des dépenses alimentaires est ainsi passé de 28% dans les années 70 à 14% aujourd’hui”, a-t-il souligné. “Je crains que le consommateur a pris l’habitude de prix modiques“. Le consommateur est-il disposé à payer plus cher pour des produits de qualité?, s’est-il demandé. Selon une étude menée aux Pays-Bas, le bio récolte fort peu d’adhésion de la part des clients. “Le consommateur n’est pas disposé à payer des prix plus élevés. Dire qu’un produit est bio et durable ne suffit pas…”, a conclu M. Van Edom.
Transparence des marges
Le professeur Philippe Baret a fortement nuancé ces propos, appelant à une plus grande transparence des marges. Une étude française démontre ainsi que les marges des distributeurs ont augmenté de 188% entre 2001 et 2022 et de 64% pour les entreprises agro-alimentaires, alors que celles des éleveurs ont diminué de 4%.
À ses yeux, les prix bas sont aussi “une stratégie marketing dans une logique de concurrence entre distributeurs” et pas seulement le fruit de la volonté du consommateur.
Brigitte Misonne, de la direction générale Agriculture et Développement rural de la Commission européenne, a estimé que le travail sur la revalorisation des revenus des agriculteurs était important en Belgique: “11% de la valeur totale de la chaîne revient aux agriculteurs contre 26% en moyenne dans l’UE”, a-t-elle souligné.
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