Les Belges en ont assez de la “shrinkflation”
Près de deux tiers (65%) des consommateurs belges se sentent bernés lorsque la quantité et la qualité des produits dans les magasins diminuent alors que le prix reste le même.
Dans les rayons des supermarchés, si le prix de certains produits n’a pas augmenté, c’est peut-être parce que la quantité de celui-ci a diminué, c’est ce qu’on appelle la shrinkflation (ou réduflation), contraction du verbe « to shrink » (qui signifie « réduire » en anglais) et du mot « inflation. »
Confrontés à l’augmentation des coûts des matières premières, du transport, de l’énergie et du personnel qualifié… les commerçants choisissent de limiter la taille de l’emballage ou en réduisant la qualité des produits qui s’y trouvent, ils réalisent des économies là où c’est possible et conservent une part plus importante de leur chiffre d’affaires. Le plus souvent la shrinkflation concerne les produits alimentaires, mais les produits non alimentaires tels que le shampoing ou le dentifrice sont également concernés par ce phénomène.
Une technique bien connue
Cette stratégie des marques est alors une augmentation du coût du produit, non pas par le prix mais par la réduction de la quantité. Une technique bien connue des industriels de l’agroalimentaire et qui ne date pas d’hier. « La shrinkflation est utilisée à grande échelle quand l’inflation est très élevée, précise Gino Van Ossel, professeur de trade and retail à la Vlerick Business School. Cela existe depuis 40 ans mais les marques y ont davantage recours en période de forte inflation comme c’est le cas aujourd’hui. »
Cela n’est toutefois pas sans conséquences puisque près de la moitié des consommateurs belges (49 %) déclarent avoir moins confiance dans les détaillants qui pratiquent la “réduflation”. Cette perte de confiance pourrait inciter les consommateurs à se tourner vers un autre magasin. Un peu moins d’un quart (23 %) déclarent que la “réduflation” a modifié leurs habitudes de consommation, ce qui rend plausible le fait qu’ils dépensent aujourd’hui en moyenne plus pour acquérir la même quantité de produits dont ils ont besoin. 41 % indiquent que leurs habitudes de consommation sont restées les mêmes, ce qui laisse supposer qu’ils ont retiré de leur liste d’achats certains articles qu’ils souhaitaient se procurer.
Un prix plus élevé
La question reste de savoir si les consommateurs préfèrent les hausses de prix à la “réduflation”. Les résultats montrent que 35 % d’entre eux préfèrent des hausses de prix à une qualité moindre pour le même prix. 26 % des consommateurs, en revanche, préfèrent ne pas payer des prix plus élevés à la caisse, considérant qu’ils en ont moins pour leur argent.
Et la technique est tout à fait légale. « Du moment que l’étiquetage est conforme », rappelle Isabelle Schuiling, professeure de marketing à l’UCLouvain. La meilleure solution pour les consommateurs consiste alors à vérifier le prix au kilo qui, lui, augmente bien en cas de shrinkflation.
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