À partir du 1er janvier 2027, il sera interdit de fumer et de vapoter sur les terrasses de cafés et à leurs abords. Les zones fumeurs dans les aéroports, les restaurants, les bars à cigares ou à chicha disparaîtront également. Cette décision, prise vendredi par le Conseil des ministres, s’inscrit dans la volonté du ministre de la Santé Frank Vandenbroucke (Vooruit) de renforcer la lutte contre le tabac.
Initialement prévue pour 2026, l’entrée en vigueur a été repoussée d’un an afin de laisser le temps aux acteurs concernés de s’adapter. Les restaurateurs devront afficher une signalisation claire et rappeler à leurs clients l’interdiction de fumer. Toute tolérance ou présence d’objets incitant à fumer, comme les cendriers, pourra être sanctionnée. Les exploitants qui démontrent leurs efforts ne seront pas pénalisés, mais les fumeurs contrevenants resteront responsables.
Santé publique avant tout
« Protéger la santé des citoyens et créer un environnement sain pour tous, voilà notre mission », a insisté Frank Vandenbroucke. L’objectif est de réduire l’exposition passive à la fumée et de limiter l’effet d’incitation, surtout auprès des jeunes.
En Belgique, près de deux personnes meurent chaque heure des suites du tabagisme, responsable d’environ 8 % des décès annuels.
A lire aussi | Un tiers des cigarettes en Belgique sont illégales
Tabac en recul, vapotage en hausse
Selon Sciensano, 17,6 % de la population belge fume encore aujourd’hui, dont 12,8 % quotidiennement, un recul par rapport à 2018. Le vapotage, en revanche, progresse, notamment chez les 15-24 ans : 6,3 % vapotent tous les jours et 11,1 % occasionnellement. Près de 60 % des utilisateurs combinent vapoteuse et cigarettes classiques, un défi supplémentaire pour les autorités sanitaires.
Les fédérations horeca réagissent négativement à l’interdiction de fumer et de vapoter sur les terrasses de café annoncée vendredi par le ministre de la Santé publique. Elles demandent une concertation et soulignent que plusieurs points restent à éclaircir.
L’horeca inquiet
“Nous partageons l’objectif de protection de la santé publique. Mais une telle mesure, prise sans concertation avec les acteurs de terrain, suscite de fortes inquiétudes pour l’avenir de nos établissements”, a ainsi déclaré le président de la Fédération horeca Bruxelles, Matthieu Léonard, qui rappelle que les exploitants ont consenti à des “investissements considérables” depuis plus de dix ans pour se conformer à des règles “claires et encadrées”.
Horeca Bruxelles fait remarquer que la disparition des espaces fumeurs réglementés ne supprimera pas la pratique. “Les risques d’attroupements sur la voie publique, de nuisances sonores, de tensions de voisinage et de difficultés supplémentaires pour les autorités locales sont réels”. De plus, le contrôle effectif d’une interdiction à 10 mètres autour de chaque terrasse “pose des questions pratiques et juridiques majeures”.
1950 faillites en 2024
Un constat également partagé par la Fédération HoReCa Wallonie qui déplore la rapidité de cette décision, “prise sans réelle concertation et sans prise en compte de l’impact économique et social majeur pour notre secteur”. La Fédération rappelle à ce titre la fragilité du secteur qui a connu près de 1.950 faillites l’an dernier en Belgique, entraînant la perte d’environ 5.000 emplois. La Fédération HoReCa Wallonie plaide dès lors en faveur de solutions réalistes et proportionnées car “sans accompagnement et sans concertation réelle, cette interdiction risque de fragiliser durablement un secteur essentiel à la vie économique, sociale et culturelle de notre pays”.
De son côté, Horeca Vlaanderen parle d’un “jour sombre pour la liberté de choix du secteur”. S’il se dit soulagé que la mesure soit désormais prévue pour 2027 et non 2026 comme initialement prévu, le président de la fédération flamande Matthias De Caluwe rappelle que “nous avions insisté sur le fait que nous ne voulions pas jouer les agents de sécurité et avions demandé un protocole clair avec une liste des mesures à prendre par les exploitants. Nous continuons à le répéter”.