Facebook s’approprie le droit d’utiliser vos données pour développer son IA

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Mailys Chavagne
Mailys Chavagne Journaliste

Dans le cadre de sa nouvelle politique de confidentialité, le géant américain des réseaux sociaux Meta (Facebook, Instagram) utilisera tout le contenu créé par ses utilisateurs pour booster son logiciel d’IA. Une annonce qui va à contre-courant du RGPD, d’application en Europe.

À partir du 26 juin, Meta utilisera les données personnelles de ses utilisateurs, collectées depuis 2007, pour entraîner ses outils d’intelligence artificielle. Une IA a, en effet, besoin d’une très large quantité d’informations et de données pour s’améliorer, devenir plus efficace et surtout compétitive. Quoi de mieux donc que d’aller piocher dans le contenu généré sur les diverses plateformes de Meta, comme les posts ou les images. Le tout, sans demander le consentement des utilisateurs.

En agissant de cette manière, l’entreprise déclare en quelque sorte qu’elle peut utiliser « n’importe quelle donnée provenant de n’importe quelle source et à n’importe quelle fin et la mettre à la disposition de n’importe qui dans le monde », à condition que cela soit fait via la « technologie IA », dénonce l’ONG de défense des droits numériques Noyb. Mais est-ce vraiment légal? Non, estime Test-Achats, qui explique comment se protéger.

Pas conforme au RGPD

Le simple fait de ne pas demander le consentement aux internautes viole les règles européennes en matière de protection des données et de la vie privée. Et la notification envoyée par le biais des réseaux ne suffit pas, tant elle reste vague. « Nous prévoyons de nouvelles fonctionnalités d’IA pour vous. Découvrez comment nous utilisons nos informations ».

Pour se défendre, Meta a mis en place un formulaire d’opposition afin de permettre aux utilisateurs de refuser toute utilisation de leurs données. Le problème, c’est que le document en question est difficile à trouver, de un, et qu’en plus, il ne protège pas complètement le consommateur. « Si les utilisateurs ne veulent pas que leurs données privées soient utilisées pour entraîner l’IA de Meta, ils doivent faire “valider” leur objection. Cela signifie que Meta se réserve le droit de ne pas approuver la demande », regrette Test-Achats.

On le voit: les articles 12 (droit à l’information) et 21 (droit d’opposition) du RGPD ne sont pas respectés.

Que faire pour se protéger un minimum?

A priori, les utilisateurs de l’UE/EEE devraient (en théorie) être protégés contre de tels abus par le RGPD. Néanmoins, si ce n’est pas le cas, vous trouverez le formulaire d’opposition à l’adresse facebook.com/privacy/genai. Une fois sur la page, scrollez jusqu’en bas de celle-ci jusqu’à voir apparaître le lien bleu « droit d’opposition ». Cliquez dessus, remplissez le formulaire et cliquez sur “Envoyer”. Il se peut que vous deviez saisir un code reçu sur votre téléphone.

Dans son communiqué, Test-Achats aide les consommateurs à remplir les deux champs disponibles dans le formulaire. Il s’agit là d’un exemple. « Ce sont des moyens possibles d’exprimer votre protestation », à vous donc de le formuler selon vos besoins et envies.

  • Champ obligatoire: « Je m’oppose explicitement à l’utilisation de mes données à des fins d’IA par Meta. Vos antécédents en matière de protection et de traitement des données sont déplorables et vous n’indiquez pas explicitement comment mes données seront utilisées. Si Meta ne donne pas suite à ma demande, je déposerai une plainte officielle conformément au RGPD (Règlement général sur la protection des données) auprès de l’Autorité belge de protection des données. »
  • Champ facultatif: « Conformément au RGPD, les utilisateurs ont le droit de se désinscrire sans raison. Ce type de traitement ne relève pas de l’intérêt légitime et devrait faire l’objet d’un consentement préalable par défaut. »

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