Des messages “trompeurs” et “dangereux”, les étiquettes alimentaires échappent à tout contrôle

La Cour des comptes européenne dégaine un rapport accablant sur l’étiquetage des denrées alimentaires dans l’Union européenne (UE). Une enquête qui révèle un système défaillant où le consommateur, censé être protégé, se retrouve noyé dans un océan d’informations contradictoires…

“Trompeuses”, “contradictoires”, “source de confusion”… les adjectifs pour qualifier les étiquettes alimentaires ne sont pas reluisants. Dans son rapport sur l’étiquetage des denrées alimentaires publié lundi, la Cour des comptes européenne s’alarme de la multiplication des étiquettes mensongères dans les rayons des supermarchés.

Les étiquettes fournissent des informations sur le contenu et les propriétés des denrées alimentaires. Mais bien souvent, elles servent à rendre les produits plus attrayants en vantant leurs prétendues qualités (“sain”, “issu de l’agriculture biologique”, “sans gluten”…). 

Lenteur des règles

“Les entreprises du secteur peuvent se montrer très créatives dans les informations figurant sur les emballages. Et comme les règles européennes n’évoluent pas aussi vite que le marché, les consommateurs sont exposés à des messages délibérément ou non, trompeurs”, affirme Keit Pentus-Rosimannus, membre de la Cour des comptes européenne.

La (trop) lente adaptation des règles européennes au marché expose les 450 millions de consommateurs européens à des messages trompeurs. Sur les onze mises à jour prévues de la loi européenne concernant l’information des consommateurs sur les denrées alimentaires, seulement quatre ont été réalisées, souligne le rapport.

La Commission européenne a par exemple suspendu l’évaluation scientifique des allégations relatives aux substances végétales, faute de preuves suffisantes. Résultat, les consommateurs se retrouvent face à des étiquettes vantant des bienfaits non prouvés scientifiquement. Un exemple ? « Le ginseng favorise la récupération musculaire. » Deux mille allégations de santé botaniques sont ainsi “en attente”, mais sont affichées.

Le problème est le même concernant l’étiquetage nutritionnel. Faute d’accord entre les Vingt-Sept, aucun système commun n’a pu être établi. Chaque Etat membre utilise donc son propre système. Que ce soit le Nutriscore en Belgique, le NutrInform Battery italien ou encore le Keyhole lituanien, la comparaison est impossible pour le consommateur.

Amendes ridicules

L’autorité belge de sécurité alimentaire (Afsca) a procédé à une vaste enquête en juin 2024 qui a révélé que 53 % des étiquettes ne sont pas conformes dans les 1.240 commerces inspectés. Dans deux cas sur dix, la non-conformité présente un risque pour la santé du consommateur. Le commerce en ligne, lui, présente semble échapper à tout contrôle. Les auditeurs de la Cour des comptes ont recensé que 80 % des produits alimentaires vendus sur Internet arborent des allégations environnementales sans contrôle réel. 

Et les sanctions, quand elles existent, sont rarement dissuasives. En Italie, les amendes peuvent atteindre 40.000 euros et, en Belgique, 80.000 euros, mais « lorsqu’un contrevenant ne paie pas et que les tribunaux sont saisis, le procureur décide souvent de classer l’affaire sans suite », relève le rapport. En Lituanie, les amendes oscillent entre 16 et 600 euros, des montants dérisoires pour les grandes entreprises.

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