Coût, pollution aux nanoplastiques : les bouteilles d’eau en plastique feront-elles bientôt partie du passé ?

Illustration réalisée par une intelligence artificielle (Midjourney ®) - crédit : Roularta Media Group

L’eau en bouteille contient des centaines de milliers de particules de plastique par litre, selon une nouvelle étude. De nombreux consommateurs se tournent davantage vers l’eau du robinet, moins coûteuse. Les entreprises de l’industrie agroalimentaire risquent d’y perdre des plumes.

L’eau des bouteilles en plastique contient jusqu’à 100 fois plus de minuscules particules de plastique qu’estimé jusqu’ici, selon une nouvelle étude publiée lundi par la revue PNAS. En utilisant une méthode innovante, les chercheurs ont découvert en moyenne 240.000 fragments de plastique par litre d’eau en testant plusieurs marques populaires. Ces nanoplastiques, inférieurs à un micromètre, suscitent des inquiétudes car leur taille leur permet de pénétrer dans le système sanguin et potentiellement d’atteindre les organes vitaux tels que le cerveau ou le cœur. Les conséquences de ces particules sur la santé humaine et les écosystèmes restent encore peu étudiées, mais des effets néfastes ont déjà été observés, notamment sur le système reproductif. 

Les chercheurs ont utilisé une méthode laser novatrice pour tester trois marques d’eau en bouteille, sans dévoiler leurs noms, et ont constaté que chaque litre contenait entre 110.000 et 370?000 particules, principalement des nanoplastiques. Le nylon, provenant probablement des filtres utilisés pour purifier l’eau, était le type le plus courant, suivi du PET, le plastique utilisé pour fabriquer les bouteilles. Cette étude soulève des préoccupations sur la sécurité de l’eau en bouteille et suggère d’envisager des alternatives, comme l’eau du robinet, pour éviter l’exposition aux nanoplastiques. 

Des ventes en diminution  

Pour la petite histoire, relayée par le site Usbek et Rica, c’est en 1968, sur une demande d’Air France, que Vittel a conçu une bouteille destinée aux plateaux repas des passagers. Plus légère, plus adaptée aux voyages, la toute première bouteille d’eau en plastique était née. L’innovation technologique séduit et les bouteilles en verre sont abandonnées.  

Aujourd’hui, la bouteille en plastique perd de son aura. Et le dilemme n’a jamais été aussi grand entre la consommation de l’eau du robinet, entachée dernièrement par le scandale aux Pfas – ces polluants éternels retrouvés avec des seuils élevés dans l’eau du robinet de certaines communes belges – et l’eau en bouteille polluée aux nanoplastiques. 

Les dernières tendances montrent qu’en France, les ventes de bouteilles en plastique sont en diminution, rapporte le site de TF1. Un désamour dicté, entre autres, par des convictions écologiques liées à la pollution au plastique au-delà de l’aspect strictement sanitaire. Pour boire, nos voisins – et la tendance est observable aussi chez nous – utilisent davantage des gourdes et des contenants qu’ils remplissent de l’eau du robinet, beaucoup plus abordable. Les gourdes sont depuis quelques années devenues des “objets tendance”. Selon une étude de 2019 de Transparency Market Research, le secteur devrait croître chaque année de 4 % pour atteindre quelque 10,7 milliards de dollars en 2027.  Surfant sur cette vague, la société Dopper qui commercialise des gourdes a eu l’idée d’ajouter 345 points d’eau publics à Google Maps. Son initiative vise à faciliter la vie des citoyens en déplacement partout en Belgique, afin qu’il puisse remplir leur gourde d’eau.  

171 suppressions de postes chez Nestlé Waters 

Un désintérêt des consommateurs qui se répercutent sur les entreprises actives dans le secteur. Le groupe belge Spadel qui produit et commercialise des eaux minérales naturelles et des eaux de source dit observer “un léger glissement dans les ventes”. “L’impact des campagnes pour la diminution de l’utilisation des plastiques a un impact très léger sur les ventes des bouteilles en plastique chez Spadel”, laisse entendre la société sur son site. Ajoutant: “Cela dit, même s’il y a un léger impact sur les ventes de bouteilles en plastique, il est difficile d’en évaluer l’origine exacte car les pics de chaleur ont, eux aussi, un impact sur les ventes d’eau en bouteille”. 

L’usine Nestle à Contrexeville, France. (Photo by SEBASTIEN BOZON/AFP via Getty Images)

Par ailleurs, dans les Vosges, le groupe Nestlé Waters a annoncé en octobre dernier la suppression de 171 postes. Une première en 150 ans d’histoire. Selon le groupe, qui a fourni un communiqué à AFP, cette décision est “essentiellement motivée par les conséquences de l’arrêt de la commercialisation de la marque Vittel en Allemagne, entraînant une “baisse significative des volumes de production”. Une autre raison évoquée est la ressource en eau qui diminue suite aux conditions climatiques. Cet été, deux sources de la marque Hépar se sont taries, limitant la production. Le groupe Nestlé Waters, qui commercialise la marque, a annoncé un retour progressif dans les rayons début décembre, mais à un prix beaucoup plus élevé.

https://www.levif.be/societe/sante/vaut-il-mieux-boire-de-leau-en-bouteille-ou-du-robinet-pourquoi-aucune-nest-vraiment-propre/

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