Fost Plus: “La consigne classique va anéantir nos investissements dans les centres de tri”
Le débat sur la consigne fait rage en Belgique. La Flandre n’a pas encore tranché mais le sud du pays et Bruxelles semblent se diriger vers une consigne classique à l’horizon 2025. Mik Van Gaever, COO de Fost Plus, défend bec et ongles le projet inédit de consigne “numérique”.
Trends Tendances a discuté avec Fost Plus du sujet épineux de la mise en place en Belgique d’une consigne sur les bouteilles en plastique et les canettes afin de lutter contre les déchets sauvages. Mik Van Gaever, COO de la société, répète l’opposition de Fost Plus à l’instauration d’une consigne classique « qui cannibaliserait le système des sacs bleus ». Il nous explique : “On est contre la consigne classique car ce système priverait le sac bleu de 30% de déchets recyclables. Ce système va anéantir nos investissements dans les centres de tri. En Belgique, contrairement à d’autres pays d’Europe, le système du sac bleu est si performant que mettre en place un autre système de collecte via la consigne n’a aucun sens.”
On est contre la consigne classique car ce système priverait le sac bleu de 30% de déchets recyclables.
Mik Van Gaever, Fost Plus
De surcroît, il faudrait aussi, selon ses estimations, installer quelques milliers de points de récupération dans les magasins, via de grandes machines onéreuses. A la place, Fost Plus défend mordicus le système de “consigne numérique”, par lequel le consommateur paie la consigne à l’achat et est remboursé lorsqu’il glisse sa canette ou sa bouteille dans le sac bleu. Pour prouver qu’il l’a fait, il doit scanner un code unique figurant sur l’emballage et sur le sac bleu via son smartphone ou un home scanner fourni gracieusement.
Confidentialité des données
La consigne numérique n’existe encore nulle part dans le monde. C’est pourquoi les organisations Recycling Netwerk Benelux, etTestachats, entre autres, doutent de sa faisabilité. La complexité et les investissements importants de ce système, ainsi que le fait qu’il exclut certaines populations qui n’ont pas facilement accès à un smartphone ou à l’Internet sont autant de points d’interrogation selon ces organisations. Elles lui préfèrent le système de consigne classique traditionnel, où les canettes et les bouteilles sont reprises en magasins. Un autre point d’achoppement est la confidentialité des données personnelles que les consommateurs devront partager. Ce à quoi, Mik Van Gaever rétorque: “Le fait de scanner un code-barre est justement plus pratique pour une personne à mobilité réduite que d’aller rapporter ses canettes au supermarché ou de demander à quelqu’un de le faire à sa place”.
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Instaurée d’ici 2025
Un système de consigne devrait être instauré en Belgique, de façon uniformisée dans les trois régions, d’ici 2025. Après quelques tests dans différentes villes, notamment via le système CLICK en Flandre et la “prime-retour” pendant deux ans en Wallonie, le système numérique ne semble pas convaincre. Dernière en date à se prononcer, cette semaine, la ville de Gand a annoncé plaider “sans équivoque” en faveur d’un système classique de consigne. “Un tel système doit placer la responsabilité chez le producteur et ne pas transférer les coûts au consommateur. Il doit être simple, clair et utilisable par tous, et ne pas mettre de pression sur l’espace public. Ainsi, sacrifier de l’espace pour des poubelles supplémentaires pour les déchets plastiques et métalliques est un mauvais choix”, avancent les autorités de la municipalité flamande, par voie de communiqué.
Dans le sud du pays, les autorités politiques opteraient davantage pour un système de consigne manuel, comme c’est déjà le cas, par exemple aux Pays-Bas, où le nombre de bouteilles en plastique dans les déchets sauvages y a diminué de 80 % suite à son introduction. La Région de Bruxelles-Capitale suivrait la voie wallonne. La ministre flamande de l’Environnement Zuhal Demir (N-VA) n’a, de son côté, pas encore tranché, sa décision est attendue avant la fin de cette année. De quoi faire frémir Fost Plus dont les centres de tri et de recyclage ne pourraient plus être alimentés d’une partie ou de l’ensemble des canettes et bouteilles en circulation.
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