L’avenir du droit en entreprise: gagner du temps grâce à l’IA
Pas une profession n’est épargnée par l’intelligence artificielle, et surtout pas celles gravitant autour du droit.
De plus en plus de cabinets d’avocats se servent de l’intelligence artificielle (IA) pour les seconder dans des tâches chronophages telles que la recherche et la synthèse de documents afférents au droit ou pour améliorer différents aspects du travail juridique tels que l’analyse de contrats.
Aujourd’hui l’IA va encore plus loin dans l’assistance juridique. Ainsi le prestataire de services juridiques Larcier-Intersentia lance GenIA-L, une IA générative capable de réponses à des questions juridiques complexes. Elle est disponible sur Strada lex, « la plus grande base de données de contenu juridique en Belgique qui comprend un vaste corpus juridique incluant la législation, la jurisprudence et la doctrine ». De quoi offrir un accès à une solution d’IA contenant près de 1 000 000 de documents juridiques à quelque 50 000 professionnels du droit.
Pour Larcier-Intersentia, il ne s’agit pas seulement d’accéder à l’information, il s’agit aussi de façonner l’avenir du droit. Rencontre avec Pascaline Deru, Legal Publishing Manager Digital chez Larcier-Intersentia.
Qu’est-ce qui différencie GenIA-L des autres IA ?
Tout d’abord, nous voulions une intelligence artificielle qui soit suffisamment fiable que pour que les juristes puissent l’utiliser. C’est pourquoi pour répondre à la question qui lui a été posée elle doit effectuer sa recherche dans un périmètre très défini de données et de ne travailler que sur du contenu vérifié et provenant de nos bases de données. (NDLR : actuellement GenIA-L est disponible dans Strada lex mais devrait l’être bientôt dans les différentes bases de données telles que Taxwin, Mon Astuces, Conseils et Socialwin, selon Larcier-Intersentia). Ensuite GenIA-L cite les sources qu’il a utilisées pour formuler sa réponse. On peut les consulter et surtout vérifier leur pertinence. Un outil des plus utiles quand on sait que la citation des sources est quelque chose d’important pour un juriste. Enfin, GeanIA-L se distingue également d’un point de vue fonctionnel puisque ce n’est pas un agent conversationnel, mais simplement un outil qui permet un accès à de l’information juridique.
Quels sont les pourcentages de textes utilisables dans les réponses données par GenIA-L ?
C’est assez compliqué comme question. On manque encore un peu de recul. Ce que je peux vous dire c’est que sur base des tests que nous avons effectués en interne, la majorité des réponses fournies apportaient satisfaction. Même si cela n’apporte parfois qu’une partie de la réponse. De temps en temps, GenIA-L peut être à côté de la plaque, comme n’importe quelle intelligence artificielle. Et comme un être humain peut faire des erreurs d’interprétation. Cela va aussi dépendre des questions et des sources. Plus la question est générale, plus il se peut que l’IA se montre moins précise.
Comment éviter le risque d’hallucinations ?
GenIA-L comme n’importe quelle IA peut être sujet à des erreurs ou s’emmêle dans l’interprétation des sources qu’il utilise. Par contre, jusqu’à présent, nous n’avons pas vu d’hallucination en tant que telle dans les tests, ce qui est plutôt une bonne nouvelle.
Pour encore réduire les risques, nous avons mis en place la technologie RAG (Retrieval Augmented Generation). La recherche se fait en se basant uniquement sur nos sources ou dans un scope défini de contenus. Il y a aussi la limite que nous lui mettons dans le prompt, nous essayons vraiment de cadenasser cette partie. Ensuite il y a toute la partie validation et supervision humaine. Nous testons GenIA-L en continu, que ce soit en interne ou avec des auteurs externes, pour pouvoir identifier les problèmes et y apporter des solutions.
Avec ces avancées, les avocats doivent-ils craindre pour leur emploi ?
Il y en a qui tremblent peut-être. Mais d’après nous, il n’y a aucune raison d’avoir peur parce que nous sommes vraiment convaincus que GenIA-L ne va pas nous remplacer. En tout cas, pas à court terme. Il va simplement les aider à s’émanciper. Ils vont perdre moins de temps à effectuer des tâches à moindre valeur ajoutée et vont pouvoir consacrer plus de temps à d’autres aspects de leur travail comme le conseil au client. La valeur ajoutée de l’IA pour ce public est vraiment dans cette augmentation de leur performance.
Remplacer un avocat par une IA est-ce de la science-fiction ou une réalité quasi à nos portes ?
Il est difficile de prédire l’avenir, tout va tellement vite. On ne sait pas où on sera dans cinq ans, dans dix ans. Sauf que, pour nous, s’il y a bien un domaine dans lequel l’IA ne peut pas remplacer l’humain, c’est la justice. Parce que le raisonnement humain et la dialectique des échanges sont des éléments inhérents au travail de la justice et à une justice humaine et équilibrée. Et même s’il y a une partie du droit qui est suffisamment systématique pour être remplacée par l’IA, il y a quand même toute cette partie de raisonnement, de réflexion pour laquelle l’IA n’est pas encore prête à prendre le relais. Et c’est une bonne nouvelle pour les avocats !
Intelligence artificielle
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