Chute des bourses: stop ou encore?
Les marchés financiers mondiaux ont traversé une semaine particulièrement difficile. La principale question taraudant les investisseurs est s’il faut y voir un simple accident de parcours ou le début d’un marché baissier qui se fait attendre depuis plusieurs années.
Tout a commencé la nuit de dimanche à lundi. Les marchés chinois rouvrent en chute libre après une semaine fériée (pour cause de fête nationale). Rapidement, les bourses européennes ambraient avant que Wall Street ne finisse à son tour par craquer mercredi. L’explication de ce plongeon mondial tient un mot : inquiétude. Les stratégistes évoquent pêle-mêle l’accélération de la hausse des taux, les avertissements du Fonds monétaire international sur les risques pour la stabilité financière et la persistance des tensions commerciales. Rien de bien neuf et rien qui n’avait empêché les Bourses de progresser les semaines précédentes. L’étincelle chinoise a toutefois suffi à affoler les investisseurs qui s’attendent tôt ou tard à subir une chute marquée. Le marché haussier (soit une période sans repli d’au moins 20%) perdure depuis près de 10 ans sur Wall Street, un record. La valorisation des actions -surtout américaines- atteint également des niveaux uniquement vus avant des krachs boursiers majeurs.
La chute a commencé
Le mois d’octobre est traditionnellement particulier en Bourse, les investisseurs commençant à s’intéresser aux perspectives de l’année suivante. La dernière chute boursière s’est ainsi amorcée en octobre 2007. Le Dow Jones a même connu les 3 pires séances de son histoire en octobre 1929 et 1987.
Psychologiquement, cela ajoute aux inquiétudes, tout comme le bond soudain du rendement du Bon du Trésor américain à plus de 3,2% alors que le taux de référence des marchés mondiaux semblait plutôt se stabiliser autour de 3% depuis le début de l’année. La fin des marchés haussiers en Bourse s’accompagne traditionnellement d’une poussée des taux.
Fondamentalement, les investisseurs observent avec inquiétude le ralentissement des économies européenne et chinoise dans un contexte de guerre commerciale. La décision de la banque centrale chinoise d’à nouveau abaisser, pour la quatrième fois de l’année, son ratio de réserve obligatoire des banques (leur permettant d’accorder davantage de crédit) fait craindre un très net ralentissement de la 2e économie mondiale.
Le FMI a acté cette crainte en abaissant ses prévisions 2018-2019 pour l’économie mondiale, signe que la phase d’expansion a atteint son apogée et que le cycle est désormais descendant. En Bourse, ralentissement de la croissance et récession sont synonymes de marché baisser.
Un simple accident de parcours
Globalement, les mêmes conclusions pouvaient déjà être tirées lors de la correction des Bourses en février dernier. À l’époque, les stratèges de Morgan Stanley traçaient des parallèles avec le krach foudroyant de 1987. Finalement, Wall Street signait de nouveaux records quelques mois plus tard.
Edouard Garrana, spécialiste de l’analyse graphique chez Kepler Cheuvreux, déclare pour sa part au site LeRevenu que les marchés boursiers vont rester tendu en octobre avant de se reprendre en fin d’année.
Il est vrai que certains signes avant-coureurs de chute des Bourses manquent encore à l’appel comme un ralentissement de l’économie américaine, dopée en 2018 par les baisses d’impôt, ou une inversion de la courbe des taux – quand le rendement du Bon du Trésor américain à 2 ans dépasse celui à 10 ans. Cela ne semble toutefois plus être qu’une question que de mois.
Comme à la fin des années 90?
Il n’est pas impossible que Wall Street établisse de nouveaux records alors qu’une chute des bourses mondiales a déjà commencé. À la fin du 20e siècle, les marchés émergents avaient lâché prise en 1997-1998, l’Europe en 1999-2000 et puis seulement la Bourse de New-York en 2000-2001. Les sommets de l’indice pan-européen Stoxx Europe 600 et de l’indice chinois CSI 300 datent toujours de 2015…
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