Bon d’État: flop en vue?

Sebastien Buron
Sebastien Buron Journaliste Trends-Tendances

Alors qu’elle espère garder quatre des 22 milliards levés l’an dernier auprès des Belges, l’Agence de la Dette n’atteindra probablement pas son objectif. Plombée par les offres agressives des banques, la nouvelle offre de l’État n’a récolté jusqu’ici que 260 millions.

Les banques ont-elles déjà gagné la bataille du bon d’État ? Après trois jours de souscription, seulement 262 millions d’euros ont été récoltés par le nouveau bon d’État à un an lancé le 5 septembre dernier avec un coupon net de 1,93 %. La collecte est maigre au regard du succès rencontré maigre l’an dernier par le bon à courte échéance du ministre des Finances (sortant) Vincent Van Peteghem. Offrant un rendement exceptionnel de 2,81 %, celui-ci avait attiré au même moment environ 4 milliards d’euros. Au final, comme on le sait, il avait même réussi à tutoyer la somme record de 22 milliards d’euros prêtés par les Belges à l’État.

Un an plus tard, c’est donc la soupe à la grimace pour l’Agence de la Dette. Espérant conserver 4 des 22 milliards collectés l’an dernier, elle n’atteindra probablement pas son objectif, alors que la campagne de souscription se termine ce vendredi 13 septembre. Au rythme de collecte actuelle, l’émission ne devrait guère dépasser le milliard d’euros. De là à parler de flop, certains ont déjà franchi le pas. La faute, bien sûr, à l’absence de précompte réduit à 15 %, qui avait boosté le rendement du bon Van Peteghem. Le résultat surtout de la campagne marketing et des offres agressives lancées par les banques pour récupérer leur dû.

Les banques ont le sourire

Du compte à terme au bon de caisse, l’offensive du secteur bancaire pour récupérer les milliards perdus du bon de Vincent Van Peteghem semble en effet faire mouche auprès des épargnants. La preuve ? Pas plus tard qu’hier, la petite banque en ligne MeDirect a décidé de clôturer, plus tôt que prévu, sa promotion sur ses comptes à terme en raison d’un afflux “très important” de nouveaux clients. Dès aujourd’hui, les taux retrouvent leurs niveaux antérieurs, soit 3,30 % brut pour le compte à un an, soit 2,31% net.

Du côté des grosses banques aussi, l’engouement est là. ING constate que son compte à terme offrant un rendement net de 2,66 % suscite un “grand intérêt”. Même son de cloche chez Belfius, qui a aligné fin août le taux de son compte à terme à un an sur celui de la banque au lion orange, où on observe une “activité forte” sur les produits d’épargne destinés à concurrencer la nouvelle offre du gouvernement. BNP Paribas Fortis indique pour sa part avoir déjà “capté” plus de deux milliards d’euros grâce à son offre visant à concurrencer le nouveau bon d’État, ce qui représente près d’un tiers des 6,9 milliards d’euros investis l’an dernier par ses clients dans le bon d’État lancé par Vincent Van Peteghem. Bref, le match tant attendu entre l’État et les banques semble déjà plié.

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