L’économie belge et son secteur financier ont fait montre d’une “grande résilience”, selon la BNB

Pierre Wunsch, gouverneur de la Banque nationale de Belgique © BELGA

Les banques et compagnies d’assurances belges se portent bien, merci pour elles. C’est le constat dressé par la Banque nationale de Belgique (BNB) dans la mouture 2024 de son rapport sur la stabilité financière, présenté jeudi. Un beau bulletin, donc, pour un système financier belge “en bonne santé”, ce qui n’empêche pas la BNB de rester vigilante et de pointer l’un ou l’autre risque, notamment dans l’immobilier commercial.

L’économie belge et son secteur financier ont fait montre d’une “grande résilience” face aux chocs des derniers mois et des dernières années: pandémie, guerre en Ukraine, crise énergétique, forte inflation, resserrement de la politique monétaire… A tel point que la BNB s’autorise à parler d’un “atterrissage en douceur” de l’économie après le choc inflationniste. Notre pays n’a pas vu de banque vaciller comme ce fut le cas aux Etats-Unis, dans le sillage de la Silicon Valley Bank, ou en Suisse avec les déboires du géant Credit Suisse.

D’importantes réserves de fonds propres

Si le secteur financier belge a bien résisté, c’est grâce aux importantes réserves de fonds propres dont il dispose. Tant les banques que les assureurs affichent une solvabilité élevée, bien supérieure aux prescrits réglementaires, soit “20 milliards d’euros de fonds propres libres”, selon le vice-gouverneur de la BNB, Steven Vanackere. Leur liquidité est également très bonne. Quant à leur rentabilité, elle est aussi au beau fixe. Celle des banques belges se situe légèrement au-dessus de la moyenne des banques de la zone euro. Une rentabilité “correcte sans être excessive”, résume-t-on à la BNB.

Le marché du logement a pâti en 2023 de la remontée des taux d’intérêt, avec une baisse sensible des ventes et des crédits hypothécaires octroyés. Mais pour autant, la Belgique s’en sort mieux que d’autres pays européens, comme les Pays-Bas, ce qui fait dire à la Banque nationale que la correction a été “significative” mais “ordonnée”. Ainsi, les prix des logements ont encore affiché une augmentation de 2,7% sur base annuelle au cours des trois premiers trimestres de 2023, ce qui, compte tenu de l’inflation, s’apparente en fait à une stabilité. En outre, le taux de défauts sur les prêts hypothécaires est historiquement bas (0,6%).

Plus de prêts hypothécaires

En réponse à la hausse des taux, les emprunteurs, singulièrement les jeunes, ont eu tendance à souscrire à des prêts hypothécaires dont la maturité s’est un peu allongée mais pas de quoi faire froncer les sourcils de “l’autorité macroprudentielle”, la BNB constatant avec satisfaction que ses directives au secteur bancaire n’ont pas entravé l’octroi de crédits hypothécaires à des clients solvables.

En revanche, la hausse des taux d’intérêt mais aussi certains changements d’habitudes, comme le recours accru au télétravail, ont nuit au marché de l’immobilier commercial. L’exposition du secteur financier aux sociétés immobilières et à ce segment de marché “requiert une attention particulière”, estime la BNB qui conseille aux entreprises d’assurances et aux banques “d’évaluer leur exposition à l’immobilier commercial de manière suffisamment prudente et conservatrice”. Pas de grosses craintes, toutefois, à ce stade.

Profitant de la bonne santé du secteur financier, et comme l’on n’est jamais trop prudent, la BNB a décidé fin août 2023 de réactiver le “coussin de fonds propres contracyclique“, soit le matelas de sécurité dont disposent les établissements financiers en cas de potentielles mauvaises surprises. Cela a conduit à la constitution d’un coussin de fonds propres macroprudentiel supplémentaire d’1,1 milliard d’euros, depuis le 1er avril 2024, précise-t-on. Un coussin qui sera porté à 2,3 milliards d’euros le 1er octobre prochain.

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