En cas de nouvelles catastrophes naturelles, la Belgique risque toujours le chaos

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Pierre-Henri Thomas
Pierre-Henri Thomas Journaliste

Quatre ans après les inondations de 2021, les assureurs avertissent : malgré un relèvement du plafond d’indemnisation à leur charge , en cas de catastrophes majeures, dont les dégâts dépasseraient 1,8 milliard, on n’éviterait pas le chaos.

Près de quatre ans après les inondations catastrophiques de juillet 2021, le secteur de l’assurance dresse aujourd’hui un bilan quasi complet de la gestion des sinistres. Selon Assuralia, l’Union professionnelle des entreprises d’assurances, 99 % des 73.790 dossiers introduits ont été traités, représentant un montant total d’indemnisations de 2,24 milliards d’euros.

Plus précisément,  96,2 % des dossiers sinistres assurés ont été entièrement indemnisés et clôturés. Pour 2,8 % des cas, 80 % des montants ont déjà été versés, le solde étant conditionné à la présentation de factures pour remboursement de la TVA. Seul 1 % des dossiers reste encore en cours, principalement ceux impliquant de grandes institutions ou collectivités. En plus des 2,24 milliards d’eurosqui ont déjà été versés, 67 millions d’euros sont encore prévus pour des paiements futurs.

Eviter le chaos

Mais ce sur quoi Assuralia veut insister, ce sont les lacunes du cadre légal actuel et l’importance cruciale de la prévention face aux risques climatiques croissants.

Lorsque les inondations de 2021 étaient survenues, l’ancienne loi gérant les catastrophes naturelles était apparue complètement inadaptée face au montant en jeu. Les assureurs et les Régions avaient donc conclu un accord unique. Face aux 2 milliards de dégâts des inondations, la facture avait été grosso modo divisée en deux. Un milliard pour les pouvoirs publics (via les fonds de calamités régionaux), et un milliard pour les assureurs, qui avaient fait un geste, car selon la loi alors en vigueur, ils auraient pu limiter leur intervention à 360 millions.

Depuis, l’augmentation du plafond légal de couverture à charge des assureurs a été revue à la hausse et a été porté à 1,8 milliard d’euros. Mais ce plafond semble très bas. Quid si les dégâts dépassent ce montant ? Les inondations catastrophiques au Texas ces derniers jours ou à Valence l’an dernier montrent qu’en quelques minutes des endroits entiers peuvent être rayés de la carte.

Or face à des risques de dommages qui dépassent les 2 milliards, rien n’est vraiment prévu. Hein Lannoy, le CEO d’Assuralia, le déplore depuis longtemps et le rappelle encore aujourd’hui : « l’accord de gouvernement prévoit un partenariat public-privé entre les autorités et les assureurs afin d’indemniser correctement les victimes, rappelle-t-il. Nous constatons malheureusement qu’aucun cadre légal durable n’a encore été mis en place à l’heure actuelle. Nous appelons dès lors les différentes autorités à élaborer d’urgence une solution structurelle en collaboration avec le secteur. C’est la seule manière d’éviter le chaos lors d’une prochaine catastrophe naturelle. »

Moniteurs des dommages

De leurs côtés, les assureurs ont mis en place deux initiatives. Ils ont lancé en avril dernier le Moniteur des dommages climatiques, un outil interactif permettant de visualiser les sinistres par commune sur les dix dernières années. Cet outil vise à aider citoyens et autorités à prendre des mesures de prévention ciblées. En parallèle, des lignes directrices ont été élaborées avec Embuild, l’association qui réunit les entreprises de construction, pour renforcer la résilience des habitations face aux inondations.

Et puis, en réponse aux difficultés rencontrées en 2021, un code de conduite pour les experts en assurances de dommages a été instauré par Assuralia et l’Association belge des experts en assurances de dommages (GEBCAI). Entré en vigueur le ce premier juillet, il vise à renforcer la transparence, l’indépendance et la professionnalisation du métier. Il encadre notamment la formation, la rémunération et les méthodes de travail des experts, tout en garantissant une meilleure information des sinistrés.

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