Belfius, BNP Paribas, Ageas… le retour des grandes manoeuvres ?

Sebastien Buron
Sebastien Buron Journaliste Trends-Tendances

Tandis que la secrétaire d’Etat au Budget Alexia Bertrand évoque une possible revente de Belfius, BNP Paribas et Ethias, le groupe Ageas fait l’objet de spéculations en sens divers.

Vendre les bijoux de famille pour alimenter les caisses publiques ? C’est ce que suggère la secrétaire d’Etat au Budget Alexia Bertrand dans un récent entretien accordé au Soir. “Pour assurer le financement des investissements en Défense, il faudra vendre les banques et les assureurs, Belfius, BNP Paribas, puis Ethias”, déclarait le week-end dernier la libérale dans les colonnes du quotidien francophone. 

La petite phrase lâchée par Alexia Bertrand n’a pas échappé à ceux qui suivent de près le secteur financier en Belgique. La revente des participations de l’Etat dans le secteur financier est une idée qui revient régulièrement sur la table, suscitant à chaque fois moulte spéculations. Suite à la crise de 2008, l’Etat s’est en effet retrouvé actionnaire de diverses institutions financières (BNP Paribas, Ethias, Dexia, Belfius) dont il a confié la gestion à la SFPI (Société fédérale de participations et d’investissement), que l’on nomme souvent le bras financier de l’Etat. La revente de ses participations pourrait potentiellement rapporter plusieurs milliards d’euros… quitte à voir, une fois de plus, l’un ou l’autre de nos fleurons filer en des mains étrangères.  

Revoilà Belfius 

Parmi ces fleurons figurent la banque Belfius, le plus gros actif dans le portefeuille de l’Etat, rachetée pour 4 milliards lors de son sauvetage en 2011, et que l’Etat contrôle toujours à 100 %. Que vaut aujourd’hui la banque publique ? Plus ou moins 12 milliards d’euros, selon les estimations. Vendre une partie de ses actions à un ou plusieurs investisseurs privés pourrait donc être intéressant pour l’Etat confronté à un contexte budgétaire plus que délicat. Bien sûr, rien n’est fait. Ce n’est pas la première fois que Belfius fait l’objet de telles déclarations en provenance du gouvernement. Et les élections ne sont pas loin. Mais le groupe reste demandeur d’ouvrir son capital pour soutenir sa croissance. Le management l’a encore rappelé dernièrement lors de la présentation des comptes annuels de la banque qui a vu son bénéfice net franchir le cap du milliard d’euros pour la première fois de son histoire. Un chiffre impressionnant, dont le véritable message est peut-être de dire aux contribuables belges qu’ils ont bien fait de sauver la banque lorsqu’elle a frôlé la faillite… et qu’il serait peut-être temps de songer à passer à la caisse ? Quitte à se passer des beaux dividendes : 440 millions cette année, pour un total de 2,5 milliards d’euros depuis la naissance de la banque en 2011. 

Ageas ciblé 

A côté de Belfius, l’Etat fédéral détient aussi 5 % du groupe bancaire français BNP Paribas, la maison-mère de BNP Paribas Fortis, et 6 % du groupe d’assurance Ageas, coté en Bourse et basé en Belgique. En rachetant début 2022 à l’assureur chinois Ping An les 6,3 % qu’il détenait dans Ageas, la SFPI est en effet entrée au capital du premier assureur du pays, partenaire de BNP Paribas Fortis en Belgique via AG. Or selon Bloomberg, BNP Paribas lorgnerait la participation d’environ 10 % détenue par le Chinois Fosun dans le groupe d’assurance. Un scénario dans lequel il se dit que la SFPI pourrait aussi jouer un rôle, alors que le nom d’Ageas fait également à nouveau l’objet de rumeurs d’OPA, notamment de la part de l’assureur italien Generali. 

 

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