WeWork, chronique d’une mort largement annoncée

L’enseigne WeWork de la rue Belliard. Logée au sein du quartier européen, elle a été férmée précipitamment dès le printemps 2021.

Selon le Wall Street Journal, repris depuis par tous les journaux économiques de la place européenne, l’entreprise américaine d’espaces de bureaux partagés WeWork devrait déposer le bilan la semaine prochaine.

Le géant new-yorkais présent dans 39 pays, dont la Belgique, et qui exploite encore pas moins de 777 sites à travers le monde malgré plusieurs restructurations récentes visant à réduire ses loyers et emprunts, envisage de se placer sous protection de la loi sur les faillites. La procédure devrait se dérouler dans l’Etat du New Jersey, où se trouve son siège social (New York) même si Softbank, son actionnaire majoritaire et principal bailleur de fonds, forcé à plusieurs reprises déjà à éponger une dette devenue abyssale, est japonais.

L’entreprise américaine, un moment valorisée à plus de 47 milliards de dollars, a perdu 96% de sa valeur boursière sur un an et a vu son action chuter de 40% la semaine dernière, suite à l’annonce de cette procédure ‘Chapter Eleven’ imminente. 

L’issue, largement annoncée par les analystes depuis des mois, n’est pourtant plus une surprise. Mais la conjoncture des deux dernières années, qui a ajouté la flambée des taux d’intérêt à la généralisation du télétravail, a sonné l’hallali du montage économique et financier du concept. Selon le Wall Street Journal, WeWork ne paie plus ses obligations depuis début octobre dernier. Et si certains créanciers, embarqués dans le naufrage financier WeWork, semblent encore prêts à accepter un énième étalement de dette, d’autres veulent à présent en finir avec les pertes cumulées. Si le stop l’emporte, plus de 10 milliards de dettes à court terme resteront sans doute impayées, faute de trésorerie et d’actifs suffisants. A plus long terme, l’ardoise s’annonce bien plus lourde encore.

Effet domino à travers le monde

Mais les dégâts collatéraux qui s’annoncent ne seront pas que financiers, comme l’explique Benjamin Charles, un consultant et expert en communication pour entreprises. «Les 777 sites WeWork, qui appartiennent souvent à de grosses foncières, annoncent notamment autant de galères pour les bailleurs concernés. Et les 7.000 salariés qui travaillent au sein du groupe seront «cramés» – une nouvelle fois – par la tech. La faillite annoncée de WeWork, c’est la faillite d’un écosystème artificiel qui n’existe que grâce aux taux bas, c’est la faillite d’une économie décorrélée des résultats, c’est la faillite des levées de fonds indécentes et de l’argent gratuit. Une start-up est au final une entreprise comme une autre, qui doit devenir rentable à terme», insiste l’expert français, qui parle de bulle financière de «40 milliards cramés pour rien».

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content