Reprise de la construction la Jeddah Tower, le plus haut gratte-ciel du monde

© Getty

La Jeddah Tower est l’un des projets architecturaux les plus ambitieux au monde. Cette tour, érigée en Arabie saoudite, promet d’être la plus haute tour construite sur Terre, dépassant les 828 mètres du Burj Khalifa de Dubaï. Mais sa construction a connu de sérieux contretemps.

Anciennement connu sous le nom de Kingdom Tower, le gratte-ciel a été mis en chantier en 2013 et devait initialement être achevé en 2020. Sauf que cela fait près de sept ans qu’elle est à l’arrêt suite à la vaste purge anti-corruption à l’échelle du royaume. En 2017, le prince héritier fait arrêter et détenir pendant de longues périodes plusieurs centaines de princes, d’hommes d’affaires et de hauts fonctionnaires à l’hôtel Ritz-Carlton de Riyad pendant ce qu’il appellera sa « campagne anticorruption ». La plupart d’entre eux seront libérés après avoir conclu des accords secrets avec le gouvernement. Selon le Financial Times, ces « accords » rapporteront « 106 milliards de dollars ». De quoi renflouer les caisses du royaume, mais pas forcément celle de ce grand projet pharaonique.

Les arrestations de personnalités clés du chantier, notamment celle du prince Al-Walid ben Talal, président de la Kingdom Holding Company, principal bailleur de fonds du projet, vont semer le doute sur l’avenir du bâtiment. D’autant plus que Bakr ben Laden, président de l’entreprise Saudi Binladen Group, principal entrepreneur de la tour et demi-frère d’Oussama ben Laden, sera lui aussi mis en cause avant d’être libéré en 2021.

Déjà construite pour un tiers

Après plusieurs années d’incertitude, les travaux de construction ont néanmoins officiellement repris la semaine dernière.  La Jeddah Economic Company (JEC) a en effet relancé les travaux et signé un nouveau contrat de 7,2 milliards de riyals (1,9 milliard de dollars) avec le groupe Saudi Binladen, dont environ 1,1 milliard de riyals ont déjà été versés pour les travaux déjà réalisés. La tour qui doit atteindre le kilomètre était déjà construite pour près d’un tiers, puisque, à ce jour, 63 des 157 étages prévus ont été construits.

Al Whalid ben Talal (C)

La plus haute tour du monde

La tour a été conçue par l’architecte américain Adrian Smith, connu pour son travail sur des bâtiments emblématiques tels que le Burj Khalifa. Pour relever les défis techniques liés à la construction à de telles hauteurs, Smith a adopté une structure aérodynamique en forme de tri-pétale, qui doit permettre de minimiser l’impact des vents à des altitudes extrêmes. Selon le  cabinet de l’architecte, Adrian Smith + Gordon Gill, basé à Chicago, la forme de la tour « évoque un faisceau de feuilles s’élevant du sol ».

Les plans initiaux, dévoilés pour la première fois en 2011, comprenaient un hôtel, un centre commercial et la plus haute terrasse d’observation du monde. Surplombant la mer Rouge dans la capitale commerciale de l’Arabie saoudite, Jeddah, le gratte-ciel devrait abriter des bureaux, des commerces et des logements. Les plans prévoient également 59 ascenseurs différents pour l’un des systèmes d’ascenseurs les plus sophistiqués au monde.

Malgré la reprise des travaux, plusieurs questions demeurent néanmoins en suspens. La tour s’en tiendra-t-elle au projet de départ ou sera-t-elle revue à la baisse ?  La Kingdom Holding Company n’a pas encore confirmé si les plans originaux ont été modifiés pendant les années d’interruption. Or depuis son lancement, le Monde a changé. Il a même changé de telle façon que cela a forcément un impact sur un projet d’une telle ampleur financière et logistique.

Pourtant la cérémonie de reprise des travaux, en présence du prince Al-Walid ben Talal , montre qu’il y a une volonté forte de la part des autorités et des parties prenantes d’aller de l’avant. Le message partagé sur les réseaux sociaux par le prince, accompagné d’une projection numérique de la tour et d’une légende déclarant « Nous sommes de retour », témoigne de l’optimisme qui entoure cet exploit architectural sans précédent. La Jeddah Tower devrait être, normalement, être achevée en 2028.

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Et en attendant que sa tour détrône celle de Dubaï, l’Arabie Saoudite aura déjà remporté une victoire sur sa concurrente enn tant que centre d’affaires régional et mondial. Cette semaine, le gouvernement saoudien a annoncé qu’il avait convaincu 517 grandes entreprises (et 30 % font partie du classement Fortune 500), d’installer leur siège régional en Arabie saoudite plutôt qu’à Dubaï. Qu’importe si cela s’est fait sous le joug d’une certaine menace. Selon le Financial Times, le royaume auraient en effet avertis les multinationales qu’elles passeraient à côté de contrats gouvernementaux lucratifs si elles ne basaient pas leurs opérations dans le pays.

Symbole des ambitions saoudiennes
Au-delà de son aspect architectural, la Jeddah Tower est aussi un symbole des ambitions de l’Arabie saoudite dans sa quête de modernisation et de diversification économique. La Jeddah Tower sera en effet le joyau de la couronne d’un projet plus vaste baptisé Jeddah Economic City. Ce dernier représente un investissement de 20 milliards de dollars et vise à transformer la capitale commerciale du pays, située sur les rives de la mer Rouge.
Le projet s’inscrit également dans le cadre de la Vision 2030 du royaume, un programme de réformes économiques et sociales visant à réduire la dépendance du pays aux revenus pétroliers en développant des secteurs tels que le tourisme, l’immobilier et les services financiers. La Jeddah Tower est donc dans la lignée d’autres projets de prestige mégalomanes, comme la ville futuriste de Neom avec son gratte-ciel horizontal « The Line ». Si l’avancée de ces projets reste des plus floues, l’Arabie Saoudite aura déjà remporté une victoire sur sa concurrente Dubaï. Cette semaine, le gouvernement saoudien a annoncé qu’il avait convaincu 517 grandes entreprises d’installer leur siège régional en Arabie saoudite plutôt qu’à Dubaï.

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