Rénovation: les primes wallonnes sont revues drastiquement à la baisse dès ce 14 février

On savait l’avenir des primes à la rénovation incertain en Wallonie. Face “aux dérapages budgétaires constatés”, le gouvernement régional a tranché ce jeudi: un régime de soutien transitoire plus restrictif, “évitant le recours à une suppression totale des primes mais permettant d’éteindre l’incendie”, sera mis en place dès le 14 février.

Dans l’attente d’un nouveau régime global “lisible et efficace”, prévu en octobre 2026, le gouvernement wallon a décidé de revoir son système de primes pour la rénovation des bâtiments à la baisse. Les demandes déjà introduites, elles, seront prises en charge par la Région.

Qu’est-ce qui change?

Concrètement, le régime temporaire “enrayera le dérapage budgétaire” en réduisant de 60% en moyenne les montants de base des primes. Le plafond d’intervention passera en outre de 90 à 70% du montant total des investissements pour les catégories de revenus, par ménage, allant jusqu’à 38.300 euros. Pour les catégories de revenus comprises entre 38.300,01 et 114.400 euros, le plafond sera réduit de 90 à 50%. Au-delà de ce dernier montant, hors enfants à charge, l’accès aux primes sera supprimé, tout comme le principe des travaux liés. 

Le régime temporaire tendra par ailleurs à simplifier les dispositifs en se concentrant sur les primes habitations alors qu’actuellement, quatre régimes différents regroupent plus de 120 primes, dont les montants ont été augmentés en moyenne de 40% en 2023 par rapport à 2019. Les primes “petits travaux sans audit” seront abrogées tandis que l’obligation de réaliser un audit pour les travaux de toiture et d’isolation thermique d’un toit ou de ses combles sera supprimée dans le régime des primes habitations. La fin, prévue au 31 décembre 2025, des primes chauffage sera également anticipée de quelques mois.

Un système qui fonctionne mal

“Ce scénario apparaît comme la solution optimale permettant de tenir compte tant de la soutenabilité budgétaire que de l’impact sur les gestes de rénovation énergétique ou encore du soutien au secteur de la construction”, ont souligné, jeudi, au cours d’une conférence de presse, le ministre-président Adrien Dolimont et la ministre régionale de l’Energie et du Logement, Cécile Neven.

Selon ces derniers, le système actuel des primes à la rénovation énergétique souffre de dysfonctionnements majeurs, dont l’absence de monitoring, des délais de traitement par l’administration “inacceptables” et des ressources budgétaires toujours insuffisantes.

“A politique inchangée, la Wallonie devrait faire face à une facture de 674 millions d’euros d’ici fin 2025”, a pointé la ministre Neven. Sur une année pleine, le régime de soutien temporaire permettra quant à lui une économie budgétaire de 56%. “Grâce à cette réforme, le gouvernement diminuera la facture de la Wallonie de 290 millions d’euros d’ici le 1er octobre 2026”, a-t-elle ajouté.

Quid pour les demandes déjà introduites?

S’il sabre dans les primes futures, le gouvernement respecte néanmoins ses engagements vis-à-vis des citoyens qui, avant le 14 février, ont introduit leur dossier. Ceux-ci bénéficieront des conditions en vigueur au moment où ils ont rentré leur demande, ont rassuré les autorités.

Une disposition transitoire est également prévue pour tous ceux qui n’auraient pas encore introduit de dossier mais qui ont déjà entamé des démarches de rénovation, à condition d’avoir commandé et payé, avant le 14 février, au minimum 20% des investissements pouvant faire l’objet d’une demande de prime et d’avoir introduit auprès de l’administration, avant le 28 février prochain inclus, la demande de réservation du droit au maintien du régime actuel.

Quant aux demandes de prêt à taux zéro (Rénopack) introduites avant le 14 février, la Société Wallonne du Crédit Social (SWCS) et le Fonds du Logement de Wallonie (FLW) examineront chaque dossier conformément au cadre réglementaire applicable avant cette date. À partir du 14 février, toute nouvelle demande relèvera du régime temporaire.

Accélérer le traitement des demandes 

Parallèlement, la ministre de l’Énergie et du Logement a chargé son administration de travailler à l’amélioration de la gestion des primes, leur traitement prenant actuellement entre un et deux ans, ce qui est “inacceptable”. Dans ce cadre, une fusion des équipes logement-énergie sera notamment mise en place d’ici avril 2025 et les travaux de numérisation seront accélérés. 

Au 1er octobre 2026, enfin, le régime de soutien temporaire sera remplacé, après consultation des acteurs du secteur, par un nouveau régime global qui placera la Wallonie sur la trajectoire imposée par l’Europe pour tendre vers un parc immobilier à émissions nulles d’ici 2050.

Rénovation énergétique: les primes de A à Z

Partner Content