La crise de l’immobilier n’a pas lieu qu’en Chine : en Allemagne aussi les perspectives se gâtent
Le secteur immobilier en crise en Allemagne, premier marché de l’UE et réputé comme “sûr” ? Il y a de plus en plus de signes que ce dernier est en difficulté.
L’Allemagne, “l’homme malade de l’Europe”, entend-on beaucoup ces derniers temps. Son industrie et son économie tournent au ralenti. Son secteur immobilier aussi est dans une mauvaise passe.
Un secteur qui jusque-là était en plein boom, et marqué comme “sûr”, tout comme l’économie et les finances allemandes en général. Puis vint la Banque centrale européenne (BCE) avec ses hausses des taux d’intérêt, ainsi qu’une inflation des prix de l’énergie, des matières premières et de la construction en général. Résultat : la demande est en chute, les prix aussi, et des promoteurs se déclarent en faillite. La plus grosse victime est, pour l’instant, Gerch. Il s’agit d’un groupe qui avait des projets à hauteur de quatre milliards d’euros dans son portefeuille.
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Sur la première moitié de cette année, le nombre de nouvelles constructions a baissé de 50% par rapport au deux années précédentes, rapporte Reuters. Les transactions immobilières sont en baisse de 59% sur la même période, par rapport à l’année d’avant.
Pas au bout de ses peines
Une situation qui prédit des maux de tête pour l’économie en général. L’immobilier, c’est 6% du PIB. Une personne sur dix serait active dans le secteur.
Surtout que cette crise ne commence qu’à se concrétiser. Personne ne sait vraiment vers où elle peut mener. “La hausse des coûts de construction, l’abandon des bureaux et l’augmentation des taux d’intérêt signifient que de plus en plus de promoteurs seront à bout de souffle”, explique Christoph Niering, qui préside l’organisme qui chapeaute les administrateurs judiciaires, le VID, à Reuters. “La plupart des gens n’ont pas vu venir cette crise. Il est maintenant surprenant de voir à quelle vitesse elle se déroule”.
Il y a un risque pour les banques aussi. 70% des prêts allemands sont des prêts hypothécaires sur des biens immobiliers. En cas de défaut de paiement, elles se retrouveraient avec un paquet de biens ayant perdu en valeur sur les bras. Mais pour l’instant, on n’en est pas encore là. Le taux de chômage reste très bas et il ne devrait donc y avoir une vague de défauts de paiement.
Une situation comme en Chine ?
Dernièrement, c’est surtout la Chine qui vient à l’esprit lorsqu’on pense à une crise immobilière, dernièrement. Un pays où les promoteurs géants comme Evergrande ou Country Garden étouffent sous une montagne de dettes et risquent le défaut de paiement. La situation à Berlin est néanmoins différente. Le poids de l’immobilier dans le PIB est déjà moins important (en Chine, il est d’un quart environ). En Chine, les taux sont en baisse, justement pour motiver les personnes à acheter, mais il règne un climat de méfiance par rapport aux promoteurs, surtout que de nombreux projets sont en retard à cause des déboires financiers.
Mais force est de constater que l’immobilier des grandes puissances économiques (aux États-Unis, les taux élevés refroidissent le marché), jusque-là réputé comme une valeur sûre, est dans une mauvaise passe.
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