Objectif zéro passoire énergétique: comment surmonter les obstacles financiers?

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Mailys Chavagne
Mailys Chavagne Journaliste

Les bâtiments sont responsables de plus d’un tiers des émissions de gaz à effet de serre dans l’UE. Raison pour laquelle il est essentiel de rénover le bâti pour le rendre plus efficace sur le plan énergétique. Un projet qui nécessite néanmoins de l’argent… « dont tout le monde ne dispose pas forcément », constate Febelfin, Fédération belge du secteur financier.

Isoler l’enveloppe, changer les châssis, installer des panneaux photovoltaïques… Les Belges ont du pain sur la planche pour améliorer le score PEB de leur logement et ainsi rendre le parc immobilier neutre en énergie. Mais pour réaliser tous ces travaux, et ainsi respecter le calendrier des exigences de rénovation énergétique, il faut de l’argent… Beaucoup d’argent. La question se pose donc: les familles sont-elles en mesure de payer ces rénovations ou d’emprunter pour les financer? Febelfin, la fédération belge du secteur financier, a mené son enquête.

Un projet à 80.000 euros… par ménage

Le secteur financier belge estime qu’un minimum de 400 milliards d’euros sera nécessaire pour réaliser les ambitions énergétiques de l’Union européenne. Soit, un investissement moyen d’environ 80.000 euros par ménage… Un budget important, dont tous ne disposent pas. « Seuls 19% de la population disposeraient en principe de moyens propres suffisants pour financer les travaux nécessaires (c’est-à-dire sans contracter de crédit) », précise Febelfin.

Près de la moitié (45%) pourrait éventuellement réaliser quelques travaux, en contractant un emprunt auprès d’un organisme financier. Mais environ 21% des ménages n’auraient ni de ressources propres suffisantes ni une capacité de remboursement suffisante pour financer les travaux nécessaires par le biais d’un crédit…

4 approches pour résoudre les problèmes de financement

Et si 15% des ménages ont déjà fait le nécessaire pour rendre leur habitation moins énergivore (label énergétique A ou B), des efforts doivent encore être fournis. Mais quand l’argent vient à manquer, quelle approche adopter? Febelfin a plusieurs propositions.

Sensibiliser et convaincre

Pour ceux qui disposent de ressources propres (épargne) suffisantes pour supporter l’investissement ou contracter un emprunt, la clé est la sensibilisation. Car ce n’est pas tout d’avoir l’argent, encore faut-il vouloir l’investir dans sa maison. C’est pour ça que « la prise de conscience est cruciale dans cette transition énergétique », rappelle Febelfin.

Le conseil du secteur financier belge au gouvernement? Proposer une trajectoire de transition aussi concrète que possible, comprenant des étapes claires auxquelles chaque logement devra se conformer. Le calendrier des exigences de rénovation énergétique des logements en Wallonie en est un bel exemple.

Imposer le PEB

On le sait, le certificat de performance énergétique des bâtiments (PEB) est un indicateur crucial dans la lutte contre le réchauffement climatique. C’est lui qui va permettre de distinguer les passoires énergétiques auxquelles « s’attaquer ». Ce label peut donc également jouer un rôle important dans la sensibilisation à la nécessité de rénover à court et à long terme.

Le conseil du secteur financier belge au gouvernement? Améliorer le qualité de ce certificat PEB. Et l’imposer à toutes les maisons et tous les appartements (y compris pour les propriétaires « installés »). C’est notamment déjà le cas dans la Capitale. À l’heure actuelle, le PEB est généralement obligatoire que lors de la mise en vente ou en location d’un logement.

Allonger l’inscription hypothécaire

Lorsque vous contractez un prêt ou demandez un crédit, la banque vous demandera une garantie au cas où vous ne seriez plus en mesure de rembourser le capital et les intérêts. Cette garantie consiste en une hypothèque sur un ou plusieurs biens immobiliers, réalisée pour 30 ans. C’est ce qu’on appelle une « inscription hypothécaire ». Une telle mesure engendre évidemment des frais…

Le conseil du secteur financier belge au gouvernement? « Étendre l’inscription hypothécaire de 30 à 40 ans, permettant aux emprunteurs d’éviter des coûts. » Une autre option consiste à allonger les périodes maximales de remboursement pour certaines tranches de crédit à la consommation. « Cela permettrait aux consommateurs de bénéficier d’un retour sur investissement plus rapide de leurs rénovations énergétiques », ajoute Febelfin.

Fournir des solutions de financement

Pour les ménages qui ne disposent pas de ressources propres (épargne) ou d’une capacité de remboursement suffisante pour contracter un crédit, des solutions spécifiques devront être élaborées par les pouvoirs publics. Selon la fédération, toutes les personnes impliquées doivent faire partie de la solution, à savoir les prêteurs commerciaux, les sociétés de crédit social agréées et les organismes publics.

Le conseil du secteur financier belge au gouvernement? Le secteur envisage une forme adaptée de subventions et de garanties appropriées pour le financement par les banques.

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