Les stations-service, un filon immobilier cohérent, ici comme ailleurs

Représentation du concept (phase appel à candidatures) © ArtBuild Architects

Shell et la société de promotion immobilière LuxRED annoncent la conclusion d’un contrat de collaboration pour valoriser le foncier d’une station-service luxembourgeoise à Dommeldange.

La programmation de l’abandon progressif de l’énergie fossile par les constructeurs automobiles et les nouveaux comportements en matière de mobilité obligent les grands propriétaires de stations-service à anticiper la mutation de leur parc immobilier de proximité. Et il est cousu de fil blanc que plus cette reconversion sera tardive, plus le parc concerné sera obsolète et perdra de la valeur.

C’est ce que la multinationale Shell, comme d’autres agissant différemment (notamment Texaco en Belgique), a bien compris. Dans le cadre d’un programme nommé Shell Go Vertical (SGV), le groupe d’origine anglaise fondé dès 1890 a organisé un appel à candidatures afin de valoriser le potentiel constructif existant au-dessus de la plupart des pompes à carburant de son réseau. Le premier dossier à l’étude est celui de la station-service située 2 rue de Beggen à Dommeldange. Mais les volumes concernés pourraient bien sûr varier selon le lieu et le tissu immobilier local.

Le projet pilote à décliner repose sur la création d’une dalle en surplomb qui vient couvrir l’ensemble des fonctions relatives à l’exploitation de la station-service (pompes et magasin) pour permettre le développement d’un projet résidentiel de qualité sans interférence avec l’activité de Shell. Ce modèle de mixité verticale a déjà été utilisé avec succès par des leaders nordiques de la grande distribution comme Ikea, Lidl ou Aldi; mais il s’avère plus complexe en termes de normes de sécurité dans le cas des produits pétroliers voire même de recharges électriques rapides.

Pénurie d’offre de logements dans les centralités

Pour Olivier Bastin, fondateur et patron de la société LuxRED, ce type de projet est complètement dans l’air du temps. «Pour répondre au besoin croissant de logements sans continuer à raboter les campagnes luxembourgeoises, des solutions créatives doivent être mises en place. Valoriser les surfaces constructibles situées au-dessus de terrains déjà bâtis en milieu urbain est une réponse évidente à une problématique à la fois écologique et économique», commente l’ancien patron d’Immobel Luxembourg. 

Selon son associée, Aurélie Frédureau, le secteur de l’immobilier doit se réinventer d’urgence et ce cas d’école est une opportunité de le faire. «Travailler avec Shell sur un concept innovant qui vise à la fois une densification cohérente du tissu urbain existant et la production d’une offre de logements de qualité est une occasion unique», ajoute-t-elle.

Crise sans précédent

On ajoutera, pour élargir le spectre, que le marché résidentiel luxembourgeois connaît pour l’instant une crise inédite: selon plusieurs promoteurs immobiliers belges actifs au Grand-Duché et certaines sociétés de courtage, les transactions sont quasi totalement à l’arrêt, la demande – tant des particuliers que des acheteurs institutionnels – s’étant massivement mise sur pause. 

Outre les raisons déjà connues de cette baisse des transactions qui frappent quasi tous les marchés immobiliers d’Europe occidentale de manière plus ou moins significative, le micro-marché luxembourgeois semble depuis plusieurs mois particulièrement plombé après une hausse générale des prix de vente sur le segment du neuf – qui a porté le prix moyen au m2 au-delà du plancher de 8.000 euros hors TVA – et une pénurie d’offres abordables qui touche également les biens plus anciens et même le marché locatif. 

Certains experts du secteur n’hésitent plus à prédire des mois voire des années de disette inédite et plusieurs courtiers mettent déjà une partie de leur personnel au chômage économique. 

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