Crédit hypothécaire: les jeunes sont restés actifs en 2023, malgré la hausse des taux
Malgré des taux d’intérêt plus élevés et la pression des normes environnementales, les jeunes ménages sont restés présents sur le marché résidentiel en 2023, selon le dernier baromètre immobilier de BNP Paribas Fortis.
Les jeunes ont-ils toujours accès au marché immobilier ? Pour BNP Paribas Fortis, qui dévoilait ce jeudi matin les chiffres de son baromètre immobilier 2023, la réponse est, encore et toujours, oui.
L’an dernier, les crédits hypothécaires accordés par la banque aux jeunes de moins de 30 ans ont représenté 29 % de sa nouvelle production, soit un crédit sur trois. Par rapport à 2022, c’est une augmentation de 9 % de la proportion des crédits octroyés aux jeunes ménages sur le total des nouveaux crédits signés par la banque en 2023. La part des primo-acquéreurs âgés de 30 ans n’a jamais été aussi élevée dans la production de nouveaux crédits chez le leader du marché hypothécaire en Belgique. Selon Jean-François Tilly, expert crédit hypothécaire chez BNP Paribas Fortis, «les millenials sont restés très actifs sur le marché immobilier l’an dernier».
Marché global en recul
A l’heure où les banques sont fortement critiquées, le message est plutôt positif. Il l’est d’autant plus que le marché hypothécaire dans son ensemble a connu un net ralentissement en 2023. Avec 29,9 milliards d’euros empruntés, les chiffres ont en effet chuté de 30 % par rapport à l’année précédente qui, il est vrai, avait été exceptionnelle. Le montant total des crédits hypothécaires contractés en Belgique avait alors atteint le montant de 42,8 milliards d’euros pour 255.000 nouveaux emprunts signés.
La principale raison du recul observé l’an dernier est bien évidemment connue. Comme l’indique, Jean-François Tilly, «la remontée des taux d’intérêt a refroidi une bonne partie des candidats emprunteurs». Cette dernière a eu un impact sur le nombre de nouveaux crédits octroyés, seulement 180.000 (contre 255.000 en 2022). Forcément, cette remontée du loyer de l’argent a eu aussi un impact sur le montant moyen emprunté pour un achat, lequel a baissé autant pour les maisons (-3 %, à 229.000 euros) que pour les appartements (-2,5 %, à 219.000). C’est simple : en janvier 2024, une mensualité de 1.000 euros permettait, selon les calculs de BNP Paribas Fortis, d’emprunter à peine 166.000 euros sur 20 ans à un taux de 4 %, alors qu’en janvier 2022 cette même mensualité permettait d’emprunter 209.000 euros (pour un taux de 1,38 %).
Prêt sur 30 ans
Dans ce contexte marqué par un net ralentissement de la machine hypothécaire, plusieurs facteurs expliquent la bonne tenue de l’activité auprès des jeunes couples. «Il est clair qu’une grande partie de ceux-ci ont bénéficié de l’aide des parents ou de la famille pour rassembler les fonds propres, expose Jean-François Tilly. Il est clair aussi que proposer un nouveau crédit hypothécaire sur une durée à 30 ans a permis aux primo-acquéreurs de devenir plus facilement propriétaires. Dans un contexte de taux élevés, allonger la durée de cinq ans permet soit de diminuer sa mensualité, et donc son endettement, soit d’augmenter sa capacité d’emprunt en gardant une mensualité sous contrôle.»
Par ailleurs, «notre formule “crédit souple” permet à ces jeunes éventuellement, quand ils sont plus installés dans la vie, et quand ils ont des revenus plus importants pouvant supporter une charge de crédit plus élevée, de diminuer la durée de leur crédit après quelques années de remboursement», ajoute Jean-François Tilly, précisant que 60 % des clients qui ont opté pour un crédit sur trente ans avaient moins de trente ans l’année passée.
Précisément, parmi les principales tendances observées par BNP Paribas Fortis sur ce segment des jeunes, on notera que ces derniers ont en moyenne emprunté plus (218.000 euros) et sur une plus longue durée (275 mois), ce qui paraît logique vu des revenus moindres et un horizon de crédit plus lointain. Les experts de BNP Paribas Fortis notent cependant que la quotité empruntée a sensiblement diminué pour atteindre 79 % (contre 81 % en 2022 et 86 % en 2020). «Soit un niveau qui n’a jamais été aussi bas et qui se situe en dessous des recommandations de la Banque Nationale pour cette tranche de la population», souligne Jean-François Tilly. Quant au taux d’endettement, il est resté limité à 37 % pour une mensualité moyenne de 1.134 euros.
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