La Flandre s’achemine vers une crise du logement sans précédent
La Flandre s’achemine vers une crise du logement sans précédent. Parmi les “coupables”, l’“EPC attest” (l’équivalent de notre certification PEB), un certificat de performance énergétique si contraignant qu’il en a déréglé le marché.
Aveuglé par les chiffres, n’aurait-on pas oublié l’humain ? Toujours est-il que depuis le 1er janvier 2023, la Flandre impose, en cas d’acquisition, la rénovation obligatoire de tout logement dont le certificat de prestation énergétique porte la lettre E ou F. Dans ce cas, le nouvel acquéreur dispose d’un délai de cinq ans pour améliorer la performance énergétique de son achat afin que celui-ci décroche un nouveau certificat, estampillé D.
L’intention, à savoir lutter contre les passoires énergétiques, est certes louable mais il y a la manière, à commencer par le fétichisme des chiffres correctement calculés certes mais sans tenir compte du fait que tout logement est occupé par des êtres humains dont les comportements ne sont pas identiques. Les uns peuvent être frileux ou prodigues ; les autres, choisir de ne chauffer – temporairement ou non – que certaines pièces ou y installer des chauffages d’appoint de sorte que les économies d’énergie obtenues par une amélioration des labels ne correspondent guère à la réalité.
Outre la formation des certificateurs, se pose la question de l’écart entre les factures présentées et la réalité.
Des économies surestimées de 399%
Selon les recherches menées à l’Université de Gand par le professeur Nathan Van Den Bossche, spécialisé en techniques de construction, les économies d’énergie apportées par l’amélioration d’un bâtiment qui passerait de la classe F à la classe A sont, dans la pratique, surestimées de 399%. Voilà qui devrait au moins faire réfléchir les adeptes de rénovations lourdes qui, non seulement coûtent cher mais ne sont finalement guère écologiques dans la mesure où elle sont, à elles seules, responsables de 40% du flux des nouveaux matériaux et de 38% de celui des déchets !
Faut-il dès lors s’étonner si sur le terrain, les candidats acquéreurs sont de plus en plus nombreux à décrocher, d’autant que la performance énergétique, en principe clé de voûte du système, ne semble guère solide ? Outre la formation des certificateurs, se pose la question de l’écart entre les factures présentées et la réalité. L’isolation facturée a-t-elle été correctement placée ? “Un réel contrôle ne peut être que destructif”, insiste l’architecte Vincent Van Den Broecke qui, dans une longue tribune, demande la suppression de toute obligation de rénovation.
Si Netwerk Architecten Vlaanderen réclame également de son côté tant une amélioration qu’un contrôle plus sévère des certificats délivrés, cette association qui regroupe quelque 6.000 professionnels estime en revanche indispensable le maintien de l’obligation de rénovation. Afin d’en diluer le coût, elle propose toutefois un allongement dans le temps de cette contrainte, par exemple, quinze ans au lieu de cinq actuellement.
Pareille initiative entraînerait bien évidement une remise en question du programme de rénovation décidé par le gouvernement flamand. A partir de 2028 en effet, tout logement acheté en Flandre devra obtenir un label C et ainsi de suite jusqu’en 2040 – 2045 pour les appartements – lorsque débutera l’ultime transformation vers le label A pour tous les logements à l’horizon 2050.
Guillaume Capron
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