La fascinante histoire d’Ostende, cette ville créée par un Montois en Argentine

© Google Maps

Il existe de l’autre côté de l’océan une autre Ostende. Une jumelle argentine aujourd’hui un peu tombée dans l’oubli. Voici l’étrange histoire d’une station balnéaire construite à l’autre bout du monde par un Montois.

Il y a Ostende à la côte belge, cette reine des plages désormais un peu noyée dans le béton. Mais il existe aussi une Ostende située de l’autre côté de l’océan. Elle se trouve en Argentine, à 330 kms au sud de Buenos Aires. Et elle est aujourd’hui un peu noyée dans le sable.

Une nouvelle ville construite par un Belge un peu fou

Cette cité balnéaire a été créée de toute pièce par un Belge un peu fou. Fernand Robette, un Montois qui avait fait fortune dans l’absinthe. Aujourd’hui, les derniers vestiges Belle Époque de cette Ostende d’Argentine sont grignotés par les marées ou enseveli sur le sable, comme le raconte Eva Moeraert, professeure à l’Arteveldehogeschool qui lui a consacré un très beau podcast Oostende met een O.

Le projet naît en 1908 lorsque Fernand Robette et son associé italien Auguste Polli décident de construire une nouvelle ville et achètent 14 kilomètres de dunes. Ils seront bientôt aidés par un Français et décident de l’appeler Ostende. Les plans seront conçus par les architectes français Châpeaurouge et Hughier et les ingénieurs Gilardón et Weber et reprennent les standards de l’époque. Le tracé actuel des rues reflète toujours les avenues diagonales et les avenues portent aujourd’hui encore des noms que l’on reconnaît tous comme Anspach, Anvers, Bruselas ou encore Peter Paul Rubens et bien entendu Mons. Dès 1912, on entame la construction d’une promenade sur piliers. Le 6 avril 1913, c’est l’inauguration en grande pompe et la construction de l’hôtel Termas de 80 chambres.

Dans un premier temps le projet soutenu par des campagnes publicitaires semble promis à un bel avenir. Mais la Première Guerre mondialement va rapidement y mettre un frein. Les investisseurs demandent à récupérer leurs billes et les dettes s’accumulent. Le projet est d’autant plus mal engagé que la station balnéaire a été construite à la va-vite sans tenir compte de son environnement. Un environnement fait de dunes mouvantes bousculées par les tempêtes. Des dunes qui ensevelissent chaque jour à nouveau la ville.  La dégager de son carcan de sable est un travail digne de Sisyphe. Fernand Obette ne restera d’ailleurs que deux ans ou trois ans à Ostende. Car, dès 1914, l’on perd sa trace et Agustin Poli jette l’éponge.

Un second souffle à partir des années 1940

La ville connaîtra néanmoins un second souffle à partir des années 1940, soit après la mort de son fondateur. De nombreux marins belges migreront vers ce bout d’Argentine. Le développement d’Ostende est poursuivi par un certain Bourel qui réussit à gagner en partie la bataille contre les sables. A l’image de Pinamar, localité voisine aujourd’hui bien plus fréquentée, on y plante alors des pins qui domptent le sable. Les erreurs de jeunesse d’Ostende vont donc largement inspirer les cités adjacentes et développer la région.

Depuis 1978, Ostende fait partie, avec Valeria del Mar, Pinamar, Montecarlo, Mar de Ostende et Carilo, de la municipalité fusionnée de Pinamar. Elle compte plus de 40 000 habitants et s’anime surtout en été avec l’océan comme principale attraction. L’ensemble est considéré comme l’une des perles de la côte atlantique, voire la plus belle plage d’Amérique du Sud. De nos jours, il ne reste de l’Ostende d’origine que quelques vestiges de la Belle Époque. Parmi eux un hôtel où Antoine de Saint-Exupéry écrivit vol de nuit. Un hôtel ou aujourd’hui encore on ne rentre pas par la porte principale à cause du sable.

Le mystérieux Fernand Obette
Ce que l’on connaît moins c’est le parcours réel du créateur montois. Les éléments disponibles relèvent plus de la légende locale que du fait avéré. Tout ce que l’on sait c’est qu’il est né en 1866, qu’il a été marié deux fois et qu’il a quitté la Belgique pour l’Argentine en 1908. Il y restera six ans, avant de disparaître des radars en 1914. Nul ne sait avec certitude ce qu’il lui est advenu après son départ d’Amérique du Sud. Des rumeurs disent qu’il est parti combattre sur le front, mais rien de sûr. Même sa date de décès reste floue. Pour en savoir un peu plus Eva Moeraert avec Torsten Feys, chercheur à l’Institut flamand de la mer (VLIZ) ont lancé un avis de recherche sur les réseaux sociaux il y a quelques mois

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