Johan Krijgsman (CEO d’ERA) met en garde contre les difficultés d’obtention d’un crédit hypothécaire
Même si la frénésie haussière du marché immobilier se calme un peu en Belgique, et ce pour la première fois depuis longtemps, c’est maintenant l’accès à la propriété qui risque de se détériorer au cours des prochaines années. Voilà une crainte de Johan Krijgsman, CEO d’ERA, un des plus importants agents immobiliers du pays.
Et si le calme est quelque peu revenu sur le secteur, cela ne signifie pas encore une réelle baisse des prix et cela ne compense certainement pas pour les acheteurs la hausse des taux d’intérêt, craint M. Krijgsman.
En dix ans, les prix de l’immobilier ont augmenté de 28 %, mais aussi importante qu’elle puisse paraître, cette hausse reste bien inférieure à la moyenne européenne. Aux Pays-Bas, les prix ont même grimpé de 90 %. En outre, notre système d’indexation automatique des salaires, combiné à des taux d’intérêt très bas, a permis de maintenir l’accès la propriété pendant longtemps, déclare Johan Krijgsman, directeur général de l’ERA. En ce moment, le secteur immobilier ralentit quelque peu, mais cela ne signifie pas pour autant que les prix ont commencé à baisser.
Le niveau actuel des prix (toujours élevés), combiné à la nouvelle hausse des taux d’intérêt, inquiète le CEO : “J’ai longtemps soutenu qu’il n’y avait en fait aucun problème dans l’octroi des prêts hypothécaires. Mais les évolutions de ces derniers mois pourraient faire en sorte d’inverser la tendance. Pourquoi ? Le critère “abordable” n’est pas seulement une question de prix. Il s’agit également de revenus et de taux d’intérêt. Comme les taux d’intérêt étaient très bas, la possibilité d’avoir un crédit hypothécaire était réelle pour de nombreuses familles. Mais maintenant au train où vont les choses, même si les prix restent stables, avec la hausse des taux d’intérêt, cela signifie une réduction de cet accès à la propriété”.
Pas encore de baisse de prix
Une baisse des prix n’est pas encore à l’ordre du jour, ne serait-ce que pour des raisons structurelles et démographiques. La population augmente lentement, les familles plus petites mais plus nombreuses, et ce sur la surface limitée que possède notre pays. Une maison quatre façades avec un grand jardin sera de plus en plus difficile à construire”, déclare M. Krijgsman.
Mais il n’y a pas que les prix qui ont changé, les souhaits de la nouvelle génération d’acheteurs ont eux aussi évolué. Les agents immobiliers ont remarqué que les acheteurs actuels veulent les meilleures maisons, prêtes à construire, et qui répondent à toutes les exigences modernes.
Les acheteurs veulent tout et tout de suite
Krijgsman : “Je ne vais pas me rendre populaire, mais cette génération d’acheteurs ne prend plus le temps de comparer. Ils veulent tout, tout de suite, et cela a un prix. Alors que par le passé, nous acceptions que la cuisine ait 30 ans, et qu’une rénovation soit nécessaire, à condition que la maison soit bien située, avec un jardin. Et nous vivions ainsi pendant cinq ans, jusqu’à ce que nous ayons économisé à nouveau pour des travaux de la cuisine. Nous constatons que ce n’est plus le cas de la génération d’acheteurs actuels.
ERA occupe une part très importante du marché immobilier belge, avec 9 000 transactions l’année dernière. Les chiffres montrent que le proverbe “avoir brique dans le ventre” s’applique toujours aux Belges. En particulier depuis la crise sanitaire, les candidats acheteurs visent à obtenir encore plus d’espace intérieur et extérieur. Et un bien immobilier totalement dépourvu d’espace extérieur privé – un jardin ou une terrasse – n’est plus du tout à la mode”, déclare Krijgsman.
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