Immobilier : un marché encore aveugle face à l’explosion du foyer solo

© getty

Avec la montée rapide du nombre de personnes vivant seules, le marché immobilier ne suit pas le rythme. Selon une analyse d’ING, l’offre actuelle reste largement pensée pour les familles classiques, alors que les besoins évoluent vers des logements plus compacts, flexibles et abordables. Un décalage qui pourrait avoir de sérieuses conséquences économiques et sociales.

Le visage des ménages européens change, mais l’immobilier peine à suivre. En Belgique, aux Pays-Bas comme dans d’autres pays européens, le nombre de personnes vivant seules est en forte croissance : célibataires, personnes âgées isolées, jeunes actifs urbains… cette nouvelle majorité silencieuse est désormais structurelle. Selon une étude publiée par ING, le marché immobilier reste pourtant structuré autour du modèle du foyer familial traditionnel, avec une offre majoritaire de maisons unifamiliales ou d’appartements de grande surface.

Une mutation géographique pas entièrement intégrée

« L’urbanisme et les investisseurs institutionnels n’ont pas encore pleinement intégré cette mutation démographique », observe l’économiste de la banque. Résultat : les personnes seules paient souvent plus cher au mètre carré, subissent une rareté de l’offre adaptée, et se heurtent à des critères de location ou d’achat qui favorisent les ménages à deux revenus.

Or, cette inadéquation entre offre et demande ne touche pas uniquement le confort individuel : elle a un impact direct sur la fluidité du marché, la pression sur les loyers, et plus largement sur l’accessibilité au logement dans les grandes villes.

Un nouveau facteur d’exclusion ?

ING appelle dès lors à repenser les modèles de construction, à encourager des formes alternatives d’habitat — studios modulables, colocations intergénérationnelles, micro-logements bien situés — et à ajuster les politiques publiques.

À défaut, l’immobilier pourrait devenir un nouveau facteur d’exclusion, non pas seulement sociale, mais statistique : les foyers d’une seule personne sont en train de devenir la norme… sans jamais avoir été la cible.

Partner Content