Immo: des acquéreurs à la recherche de projets dans le Brabant wallon
L’offre patine toujours autant en Brabant wallon. Les communes restent peu enclines à délivrer des permis alors que les recours contre les projets s’enchaînent. Braine-l’Alleud et Ottignies-Louvain-la-Neuve concentrent l’offre. Les prix sont à la hausse.
L’offre en matière d’immobilier neuf reste toujours particulièrement faible en Brabant wallon. Aucun nouveau projet d’envergure n’est apparu ces derniers mois. Et si plusieurs commercialisations devaient être lancées à l’automne, il semble que le contexte économique actuel et la hausse des coûts aient repoussé les ambitions de l’un ou l’autre promoteur. Il est donc probable que l’offre reste dans des standards peu élevés pendant encore quelque temps. D’autant que les quelques importants projets dans les cartons sont soit toujours à l’étude, soit en train de se débattre dans des péripéties administratives.
Quand on jette un œil sur le nombre d’appartements actuellement mis en vente dans la province, on ne dénombre donc plus que 433 unités, selon les chiffres collectés pour Trends-Tendances par Smartblock, spécialiste de l’analyse des données de l’immobilier résidentiel. Bien loin des 849 unités recensées un an plus tôt, ou même des 1.122 appartements observés en 2020. Les permis qui tardent toujours à être délivrés et les éventuels recours sont les principales raisons qui peuvent expliquer ce retard.
Parmi les prochains projets qui devraient alimenter la machine immobilière du Brabant wallon, citons les Rives d’ô de Matexi, première phase de la réhabilitation des Bétons Lemaire à Ottignies dont l’enquête publique s’est déroulée avant l’été, ou encore la Maladrerie (Thomas & Piron) à Jodoigne. A plus long terme, une décision sera bientôt prise au sujet du recours déposé contre le permis du projet Samaya à Ottignies (BPI et AG Real Estate, 900 logements).
Du côté de Braine-l’Alleud, il reste encore 350 unités à développer pour Terra Nostra (Equilis) et 450 pour l’Alliance (AG Real Estate). A Nivelles, la demande de permis pour la première phase (260 logements sur 1.250) de Val de Thines (Motown Thines) a été déposée mais un recours retarde déjà la procédure. Même chose pour la seconde phase de Court-Village à Court-Saint-Etienne (Equilis). Alors qu’à Wavre, le groupe Liégeois veut construire 335 logements dans le cadre du projet Rive Verte.
Des prix parmi les plus hauts de Belgique
Si l’offre connaît un coup d’arrêt, les prix sont repartis à la hausse. Ils sont en augmentation de 4,6% par rapport à septembre 2022. Et si on remonte trois ans en arrière, l’augmentation est de 15,2%. Le prix médian est désormais affiché à 3.221 euros/m2. Soit le plus élevé en Belgique, juste après Bruxelles. Pour un appartement une chambre, cela équivaut à un montant de 275.000 euros (pour une surface moyenne de 71 m2) alors que pour un appartement de deux chambres, le prix médian grimpe à 360.000 euros (104 m2).
Si on analyse cela d’un peu plus près, on observe quand même d’importantes différences d’une commune à l’autre. Précisons toutefois que nous avons uniquement analysé les prix des communes qui disposent actuellement d’une offre conséquente d’appartements mis sur le marché. Dans ce cadre, on relève que c’est toujours aux extrémités du Brabant wallon que les prix sont les plus abordables. Il n’y a qu’à Jodoigne et à Tubize qu’ils sont inférieurs au prix médian et qu’ils se rapprochent des 3.000 euros/m2. Le seuil psychologique du moment pour les promoteurs. A Tubize, commune à haut potentiel en matière d’appartements, la phase 2 du projet Confluents (Samfi-Invest et DCI), qui rassemble 180 appartements, est attendue d’ici peu. Le Grand Central (Delzelle) est pour le moment l’un des principaux projets mis en vente avec la résidence Les Belles Terres. Du côté de Jodoigne, c’est toujours la Résidence Bois des Cailloux (Etienne Piron) qui est en vente. Une nouvelle phase du projet Belle Vallée (Matexi) sera commercialisée dans les prochaines semaines. Les prix sont en hausse de 11% sur un an.
Waterloo toujours plus cher
Pour le reste, c’est toujours Braine-l’Alleud et Ottignies-Louvain-la-Neuve qui tirent l’offre d’appartements vers le haut. Surtout la première, avec des projets comme Bellecour (Unibra et Belfius Immo), Terra Nostra (Equilis), Parc du Lion, Les Terrasses des Arts ou la fin de la commercialisation d’une des phases de L’Alliance (AGRE). Le prix médian est de 3.534 euros/m2 (+ 5% en un an), avec des envolées à près de 4.000 euros/m2 pour Terra Nostra. Juste à côté, l’offre diminue quelque peu à Waterloo où l’on retrouve uniquement les projets Wow (Eaglestone), les Jardins de la Station et les Portes de la Ville (Prologe). Les prix restent les plus élevés du Brabant wallon à 4.212 euros/m2 en moyenne, tirés vers le haut par les prix de vente de Wow qui grimpent en moyenne à 4.700 euros/m2.
A La Hulpe, en attendant l’un ou l’autre projet d’envergure comme ceux d’Eaglestone sur le site Kodak et d’Atenor sur l’ancien site de Swift, il faut se contenter de la Résidence Elisabeth (Detry). A Rixensart, il ne reste que le projet Trium de Thomas & Piron, situé en face de la gare.
A Ottignies-Louvain-la-Neuve, les prix avoisinent désormais les 4.000 euros/m2. Esprit Courbevoie (Besix Red et Thomas & Piron), la Résidence Dower (B2 Real Estate) et le Domaine de Franquenies (Socatra) remplissent essentiellement le stock. Thomas & Piron déposera dans les prochaines semaines sa demande de permis pour le projet Ciseau (130 unités). Wavre doit, quant à elle, se contenter pour le moment de la commercialisation de la Résidence des Combattants, d’une nouvelle phase du Champ Sainte-Anne (Matexi) et de la fin de la commercialisation de Val Vena (T&P). Enfin, du côté de Nivelles, le pipeline reste particulièrement vide. Seul l’Ilot Saint-Roch (Immobel) et Côté Parc (Thomas & Piron) alimentent l’offre. Le prix médian est en hausse de 4,6%, à 3.404 euros/m2.
L’avis de l’expert: Nicolas Godard – CEO de Trust Real Estate
Comment se porte le marché du neuf en Brabant wallon?
Il connaît une période plus compliquée que par le passé. Il y a actuellement une offre qui est en deçà de ce que le marché pourrait absorber. C’est lié à deux facteurs principaux: la difficulté d’obtenir des permis auprès de communes et la hausse des coûts de construction, parfois de 20%, ce qui fait hésiter les promoteurs sur le bon moment pour lancer la commercialisation d’un projet.
La demande est pourtant toujours présente ?
Elle est contrastée. Elle se maintient pour les projets haut de gamme. Les personnes plus âgées qui vendent leur villa pour occuper un appartement sont encore présentes. Des investisseurs sont également présents pour les petites unités malgré l’importante hausse des taux d’intérêt. Ils estiment que les taux ne baisseront pas et vont de l’avant. Par contre, le contexte est bien plus compliqué pour les jeunes ménages. Certains pouvaient espérer par le passé acquérir un appartement à un prix compris entre 250.000 et 300.000 euros. Or, l’offre a réellement chuté dans cette gamme de prix.
Quel conseil donnez-vous à un investisseur ?
Pour un occupant, c’est bien évidemment de rester à proximité des centres. Pour un investisseur, cela dépend des profils, mais de bonnes opportunités peuvent être trouvées dans les communes qui sont proches de Louvain-la-Neuve. Le marché néo-louvaniste atteint des sommets. Il peut donc être intéressant d’investir à Ottignies, Mont-Saint-Guibert, Chaumont- Gistoux, voire Perwez. Cela permet, comme pour le Domaine de Franquenies à Ottignies, de n’être qu’à six minutes en voiture de Louvain-la-Neuve et de profiter de ses multiples services. Tout en payant un appartement à un prix bien moins élevé.
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