“Il existe un vrai problème d’accessibilité au logement en Wallonie”
Hugues Kempeneers est directeur général d’Embuild Wallonie, l’association des professionnels wallons de la construction. Pour lui, verdir l’habitat d’ici 2050 exigera de la main-d’œuvre, du financement et d’autres méthodes de travail.
“La construction en Wallonie emploie 62.000 personnes, déclare Hugues Kempeneers. Nous avons besoin aujourd’hui de 8.000 personnes supplémentaires. Et selon une étude du Forem, avec les ambitions climatiques de la Région, il faudra encore 30.000 postes en plus ces cinq prochaines années. Nous sommes vraiment à la recherche de personnes motivées. Nous mettons en place des actions de communication pour revaloriser le secteur de la construction, malheureusement encore trop souvent considéré comme une secteur de “relégation” alors qu’on y gagne bien sa vie.”
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“Pour aller à la rencontre des jeunes au moment où ils doivent décider de leur orientation, nous serons présents cet été dans les festivals, poursuit le directeur général d’Embuild Wallonie. Nous travaillons aussi avec l’IFAPME et le Forem sur des actions concrètes pour activer les demandeurs d’emplois.”
– TRENDS-TENDANCES. Vous parlez aussi de changer la manière de travailler…
– HUGUES KEMPENEERS. Oui, dans le secteur, on entend souvent dire “On a toujours fait comme ça”. Mais nous devons réfléchir à d’autres manières de rénover. La préfabrication va prendre de plus en plus d’ampleur. Nous devons aussi encourager les “trains de travaux”. Quand vous avez des maisons avec la même typologie, si vous avez dans une rue le numéro 22 qui veut refaire sa toiture et le numéro 32 qui se pose la question, pourquoi ne pas faire un appel à la rue, voire au quartier, pour rénover ensemble? Cela a des avantages. Pour l’entrepreneur qui a davantage de travail et des économies d’échelle mais aussi pour le particulier qui peut ainsi bénéficier d’une baisse des prix et être incité à passer à l’acte.
– Encore faut-il avoir les moyens…
– En effet, et l’accessibilité au logement est un point essentiel. Selon une étude récente, en 2019, sept Wallons sur dix pouvaient acheter un bien de 240.000 euros (en tenant compte de taux d’intérêt d’emprunt de 2%). Avec l’augmentation des coûts de construction et de la main-d’œuvre, cette même maison qui valait 240.000 euros en vaut aujourd’hui 300.000. A ce prix, seulement quatre Wallons sur dix peuvent y accéder. Et si les taux passent de 2 à 4%, ils ne sont plus que 25%. C’est un vrai problème.
– Comment le résoudre?
– Cela ne se fera pas sans le secteur bancaire mais nous appelons aussi à une réforme fiscale forte. Elle n’arrivera sans doute pas sous cette législature. Mais le prochain gouvernement wallon devra s’y atteler. Lorsque vous achetez une maison à 200.000 euros, si vous êtes en Flandre et que vous réalisez des travaux d’économie d’énergie, le coût total de votre achat sera de 210.000 euros. En Région wallonne, il sera de 232.000 euros en raison des droits d’enregistrement de 12,5%, contre 1% sous certaines conditions en Flandre. On nous dit: “les caisses sont vides”. D’accord, c’est pour cela que nous demandons que l’avantage fiscal soit lié à des travaux effectués par des locaux, pour que l’argent fasse travailler des travailleurs et des entrepreneurs wallons et qu’il y ait un retour à l’économie locale. Soulignons également que la Région fait un gros travail de simplification et d’augmentation sur les primes à la rénovation. Il faut le poursuivre. Car 1 euro public de prime investi dans le secteur génère 7 euros dans l’économie. Cet effet de levier est essentiel pour développer et accélérer la rénovation du bâti.
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