Les gîtes se multiplient en Wallonie : “Les Bruxellois achètent les maisons et les terrains à des prix exorbitants”
Portés par les plateformes de réservation en ligne comme Airbnb, les gîtes et autres meublés touristiques se multiplient en Wallonie. Ce retour à la ruralité continue de faire pression sur l’accès au logement abordable dans de nombreuses communes, qu’elles soient touristiques ou non.
Promenade, parcours VTT, patrimoine… La ruralité était « has been » il y a plusieurs années et devient aujourd’hui une « place to be » pour des vacances nature au calme. On assiste dès lors à une arrivée massive de touristes dans le sud du pays. Et l’émergence de ces nouveaux arrivants crée des opportunités pour de nombreux Belges, qui investissent de plus en plus dans l’immobilier pour loger tout ce beau monde. On observe « une hausse de 10% des logements touristiques entre 2019 et 2023 », relève la Conférence Permanente du Développement Territorial (CPDT) dans une récente étude, qui témoigne de l’ampleur du phénomène.
Un phénomène sous-estimé
La pandémie et le vélo électrique ont certainement forcé cette évolution, ainsi que la multiplication des plateformes de location, qui facilitent grandement l’administratif. Or, l’essor des gîtes touristiques et la croissance du nombre de résidences secondaires ont profondément modifié l’utilisation des logements.
« Les statistiques officielles sous-estiment très largement le développement de l’habitat non permanent dans les campagnes wallonnes », constate la CPDT. Il faut dire: ceux qui se lancent dans ce business model ne sont pas obligés d’enregistrer un gîte ou un meublé touristique auprès du Commissariat général du tourisme, souligne le rapport.
Aujourd’hui, ce ne sont plus seulement les zones d’intérêt touristique qui sont touchées. « L’habitat non permanent se diffuse au-delà des pôles touristiques historiques, confrontant certaines communes à une problématique nouvelle, face à laquelle elles ne sont pas toujours équipées. » Même les bâtiments neufs sont investis par ces occupants d’un jour ou deux. Certaines communes comptent même plus de lits touristiques que d’habitants!
Pression sur les prix
Cette activité économique, désormais majeure dans certaines zones rurales, engendre diverses pressions. Sur les candidats acheteurs, notamment, qui sont confrontés à une hausse des prix de l’immobilier et donc à une difficulté croissante d’accès à un logement abordable. Mais aussi sur les résidents locaux, qui craignent une perte de quiétude face à ce grand retour à la ruralité.
« Les étrangers (souvent hollandais) de même que les Flamands et, depuis la crise sanitaire, les Bruxellois achètent les maisons et les terrains à des prix exorbitants afin de construire ou de transformer des habitations en secondes résidences ou hébergements touristiques (plus rentable) », explique le rapport. Et même l’imposition d’un permis pour la création de gîtes dans les bâtiments existants ne suffit pas à freiner les envies des investisseurs.
Parmi les zones les plus touchées par l’usage touristique du bâti résidentiel, l’étude pointe notamment Durbuy, La Roche-en-Ardenne ou encore Vresse-sur-Semois.
Bien évidemment, dans un contexte de lutte contre l’artificialisation des sols à l’échelle régionale, la gestion des logements existants et de leur affectation représente un enjeu majeur pour les habitants de la Wallonie rurale. De quoi souligner l’enjeu d’un meilleur encadrement et d’une régulation claire en la matière. Encore faut-il pouvoir mieux informer les pouvoirs publics quant à l’ampleur du phénomène… C’est pourquoi la CPFT va poursuivre ses études dans les territoires sous pression.
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