Devons-nous craindre une pénurie d’électricité ?
Les météorologues prévoient une première vague de froid cette semaine, et ce à un moment où les prix de l’électricité flambent. La crainte d’une pénurie d’électricité prend de l’ampleur.
Le marché de l’électricité se trouve sous pression. Dans notre pays, les centrales nucléaires de Tihange 1 et de Doel 3 sont à l’arrêt. En France, un des pays d’où nous importons l’énergie, une centrale nucléaire sur les trois est fermée. Cela se fait sentir sur le marché de l’énergie. Le gestionnaire du réseau haute tension Elia faisait savoir hier que le prix de l’électricité sur le marché de gros atteignait des pics de plus de 600 euros par mégawattheure. Hier soir entre 18 et 19 heures, le prix a même grimpé jusqu’à 678 euros.
“C’est très exceptionnel”, explique la porte-parole d’Elia Marleen Vanhecke. “Les prix élevés sont le résultat du jeu de l’offre et de la demande sur les marchés européens, où plusieurs pays sont à la recherche d’électricité.” La demande est ainsi particulièrement élevée dans notre pays du fait des températures fraîches. Il y a en outre peu de vent et peu de soleil, nous pouvons donc moins produire de courant à partir des sources renouvelables. Si les météorologues ont raison, et que les températures avoisineront réellement zéro degré cette semaine, la demande subira encore une pression supplémentaire.
Réserves stratégiques
Les consommateurs ne doivent pas immédiatement craindre une hausse de la facture énergétique
Selon Elia, nous ne devons toutefois pas craindre, dans l’immédiat, de devoir faire face à des problèmes d’approvisionnement. Pour commencer, nous pouvons nous reposer sur des réserves stratégiques: les centrales à gaz de Vilvorde et de Seraing peuvent apporter une capacité de 750 mégawatts dans le réseau dans un délai de quelques heures. Ensuite, l’approvisionnement en énergie de la Belgique n’est pas entièrement dépendant de la France ou de sa propre production énergétique. Vanhecke informe dans De Morgen que la Belgique importe également de l’électricité d’Allemagne.
La ministre de l’Energie Marie-Christine Marghem (MR) est également persuadée que nous ne devons pas directement nous faire de soucis. Dans le cadre de la situation d’urgence, la ministre s’est entretenue avec Elia. Selon ses propres paroles, elle reste vigilante à la garantie de l’approvisionnement. Elle a demandé à son administration, à la CREG et à Elia d’accélérer l’étude d’une interconnexion avec les marchés étrangers. Ensuite, elle a fait savoir que les consommateurs ne doivent pas craindre une hausse immédiate de la facture énergétique.
Doel 1 et 2
Marghem cite la situation de crise actuelle pour démontrer que “le gouvernement a pris les bonnes décisions en ne fermant pas les centrales nucléaires de Doel 1 et 2 l’an dernier, mais en les laissant ouvertes dix ans de plus”. Selon elle, sans ces centrales nucléaires, la Belgique se retrouverait dans une situation beaucoup plus complexe.
S’il devait tout de même y avoir des risques de pénurie de courant, notre pays pourrait recourir au plan de délestage conçu par le gouvernement précédent. Dans ce contexte, un groupe de communes est tour à tour déconnecté du réseau électrique pour quelques heures. “Un scénario qui se trouve aujourd’hui sur la table en France”, ressort-il auprès du gestionnaire haute tension français RTE. Le but est de garantir l’approvisionnement de la population en électricité entre 8 heures et 13 heures et entre 18 et 20 heures. “En Belgique, nous ne sommes certes pas encore aussi loin”, souligne Elia, préoccupé par le consommateur.
Plan de délestage en Belgique
En cas de pénurie sur le marché belge de l’énergie, différents groupes de communes seront déconnectés à tour de rôle. Cette procédure de délestage prévoit un ordre allant de la tranche 8 à 2 et reprenant ensuite à 8 jusque 2 à nouveau. Sur la carte ci-dessous, vous pouvez vérifier à quelle tranche de délestage votre commune appartient. Vous pouvez également la consulter sur le site du SPF Economie.
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