De nouveaux logements sociaux en Flandre? Pas une priorité
Pour Matthias Diependaele, ministre flamand des Finances, un logement social ne peut être qu’une solution temporaire. Pas question, dès lors, d’en parsemer la Flandre.
Avec plus de 176.000 personnes sur liste d’attente invitées à patienter quatre années au moins, la Flandre manque cruellement de logements sociaux… dont 15.000 sont pourtant vides. S’y ajoute qu’au rythme de construction actuel (2.000 nouveaux logements par an), il faudra plus de 80 ans pour résorber le retard.
Les chiffres affichés sur les écrans de la VRT par le magazine d’investigation Pano donnent indubitablement le tournis mais demandent, selon Matthias Diependaele, ministre flamand des Finances, à être relativisés. Pour deux raisons. La première est que dans l’optique du gouvernement flamand, couvrir la Flandre de logements sociaux n’est pas une fin en soi. Et la démarche est loin d’être évidente : les terrains disponibles commencent à se faire rares et lorsqu’un projet se dessine, les riverains cherchent souvent à en entraver la réalisation en multipliant les recours. Il faut également compter avec les modifications de projets liées à la réduction du nombre de sociétés de logement imposée par le gouvernement flamand. De 130, celles-ci ont en effet été ramenées à 42.
Les chiffres avancés par Pano demandent en outre à être nuancés. L’allongement des listes d’attente s’explique en partie par l’évolution sociétale observée au cours de la dernière décennie. Les cellules familiales ont en effet tendance à éclater, de sorte que lorsqu’un couple qui parvenait tout juste à nouer les deux bouts se sépare, ce sont soudain deux demandeurs qui viennent frapper à la porte.
Pour le gouvernement flamand, le nombre de logements sociaux doit simplement correspondre à celui des personnes qui en ont réellement besoin.
Quelque 15.000 logements sont effectivement vides, mais seule une grosse moitié d’entre eux l’est d’une manière structurelle. En cas de rénovation lourde, les habitants doivent obligatoirement être relogés, ce qui exige du temps, surtout lorsqu’il s’agit de grands ensembles. L’autre moitié n’est en réalité inoccupée que d’une manière temporaire – quelques semaines tout au plus, entre deux déménagements. On pourrait certes imaginer imposer l’inclusion obligatoire d’un minimum de logements sociaux dans tout projet privé d’envergure. Mais les coûts en seraient bien évidemment répercutés, de sorte qu’une partie de la classe moyenne ne pourrait plus accéder à la propriété, objecte Matthias Diependaele,
Pour le gouvernement flamand, le nombre de logements sociaux doit simplement correspondre à celui des personnes qui en ont réellement besoin. Un logement social, insiste le ministre, “est et restera une solution temporaire”. Actuellement déjà, entre 8.000 et 10.000 logements sociaux devenus libres tantôt par le décès, tantôt par le départ de leurs occupants, sont attribués chaque année. C’est en fait sur un autre point que portent les efforts du gouvernement : il s’agit d’aider par des cours de langue, des formations, etc. les personnes précarisées à (re)trouver un emploi afin qu’elles puissent se tourner vers le marché locatif privé. Mais il reste de la marge : sur les 80.000 occupants de logements sociaux estimés aptes à travailler, seule une moitié le ferait effectivement.
Guillaume Capron
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