“Crise du logement sans précédent en Belgique”

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La Belgique connaît une crise du logement, constate le Conseil Central de l’Economie. Il faut plus que redoubler d’efforts pour se remettre sur la trajectoire des objectifs de durabilité, pour les constructions neuves et la rénovation du bâti.

La Belgique est-elle dans une crise du logement ? Tous les indicateurs sont au rouge pour le secteur de la construction et en particulier pour la cohorte du résidentiel, montre en tout cas une étude conjoncturelle du Conseil Central de l’Economie (CCE).

“La construction résidentielle connaît des turbulences depuis le second semestre 2021 et la situation s’est détériorée en 2022 et 2023 suite à la remontée des taux et à la hausse du prix des matériaux de construction. Ces deux facteurs ont entravé les investissements des ménages et des promoteurs immobiliers dans le logement avec un recul de 8 % des investissements en volume sur ces deux années”, peut-on lire dans le rapport que La Libre a pu consulter.

D’autres maux hantent le secteur, comme une pénurie de main d’oeuvre. Il y a près de 16.000 postes vacants en Belgique, fin 2023. Le taux de vacance d’emploi était alors de plus de 14% – plus d’un emploi sur sept est donc à pourvoir dans le secteur. C’est un peu moins qu’au plus fort de l’effet de la pandémie en 2021, mais c’est toujours plus qu’avant la crise sanitaire (entre 4.000 et 6.000 postes vacants et un taux de 3 à 5%, entre 2017 et 2019).

Mais il y a une lueur d’espoir : les investissements commencent à se stabiliser, quoiqu’à un niveau bas. Une lente reprise serait ensuite à prévoir.

Rénovation durable

Autres voyants qui sont au rouge, à côté de la construction de logements neufs : la rénovation traine aussi de la patte. La Belgique est donc “bien loin” des objectifs européens en matière de durabilité du bâti et des besoins de la population. La “transition vers un parc immobilier à consommation d’énergie quasi-nulle” n’est ainsi pas vraiment sur les rails, constate le CCE via la demande de prêts verts, très basse, et les investissements.

Situation qui amène l’organe public au constat suivant : “Nous sommes face à une crise du logement sans précédent en Belgique. Cette crise n’est pas seulement conjoncturelle, elle est structurelle et s’inscrit dans la crise climatique.” Elle donne quelques chiffres qui montrent l’ampleur de la tâche : d’ici 2050, 90% des bâtiments en Belgique doivent être rénovés. Plus de 40% de ces bâtiments ont aujourd’hui un PEB très mauvais. “Cela veut dire qu’il faudra au moins tripler le taux annuel de rénovation des logements d’ici 2030, voire quadrupler au cours de la période 2030-2050”, calcule le CCE.

Solution politique ?

Les différents niveaux de pouvoir veulent pousser les ménages à rénover leurs bâtiments. A Brxuelles par exemple, des amendes sont à la clé si les PEB ne sont pas améliorés, dans les années à venir. Un souci pointé par les architectes est aussi la lenteur administrative : obtenir un permis d’urbanisme demande énormément de temps. Là, le MR et les Engagés, sortis vainqueurs des dernières élections, veulent accélérer les choses.

Mais d’un autre côté, ils comptent couper certaines primes et d’autres investissements. Ce qui selon le CCE pourrait avoir un impact supplémentaire sur le secteur de la construction – autant sur le résidentiel que sur les infrastructures (segment qui pour l’instant tient le coup) – et ainsi aussi sur la transition.

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