Chauffage au mazout : ce qui changera en 2025
Les chauffages tournent actuellement à plein régime. Depuis le 1er janvier de cette année, les particuliers sont obligés de mettre immédiatement hors service une cuve de mazout qui fuit. Jusqu’à présent, ils bénéficiaient encore d’un sursis pour affronter les rigueurs de l’hiver. Qu’est-ce qui va encore changer en 2025, pour les plus de 1,5 million de familles qui se chauffent au mazout en Belgique?
« Dernières semaines pour demander une intervention en cas de fuite de la citerne à mazout » et “Une fuite de la citerne à mazout pourrait bientôt vous coûter 75 000 euros” sont quelques-uns des titres et des annonces publicitaires parus dans la presse ces dernières semaines au sujet des fuites souterraines de citernes à mazout.
Le fonds belge pour le mazout Promaz mène une campagne médiatique afin d’encourager le plus grand nombre possible de personnes à demander une intervention d’assainissement du sol avant la date limite du 28 février. Promaz a été créé par l’industrie des carburants. Si les propriétaires de cuves peuvent demander une contribution financière pour l’assainissement du sol, le fonds peut également prendre en charge l’assainissement du sol sur le plan opérationnel.
Lors de la création du fonds, le nombre de citernes présentant des fuites était estimé entre 6 000 et 9 500. Ces dernières années, moins de 2 000 cas ont été notifiés à Promaz.
1. Comment savoir si vous avez une fuite ?
Le site web de Promaz propose sept questions qui peuvent vous aider à détecter une fuite. Si vous sentez une odeur de mazout ou si vous voyez des taches sur le sol, si vous manquez de mazout plus rapidement que d’habitude, il se peut que vous ayez une fuite. Parmi les autres signaux d’alarme, citons un bouchon de fermeture rouge ou une plaque de marque indiquant que votre citerne a été rejetée, l’absence de rapport d’inspection ou des tuyaux en mauvais état. Y a-t-il de l’eau dans la citerne ? Si c’est le cas, il peut s’agir d’eau souterraine ou d’eau de pluie, mais aussi de condensation. Dans tous ces cas, il est préférable de faire analyser un échantillon du sol à proximité de la citerne. Le plus tôt possible. Sur le site web de Promaz, vous trouverez des entreprises spécialisées dans ce type d’investigation par province.
2. Que se passe-t-il si vous avez une fuite après le 28 février ?
« Nous travaillons sur une assurance collective. De sorte que les utilisateurs de mazout soient protégés même après le 28 février en cas de fuite de leur réservoir de mazout », explique Johan Mattart, directeur général de la Fédération belge des négociants en combustibles (Brafco). « Selon les plans, cette assurance n’interviendra qu’en cas de contamination détectée pour la première fois après le 28 février. Pour autant que la citerne de mazout soit encore utilisée après cette date. L’intervention maximale serait de 100.000 euros pour les bâtiments résidentiels et de 50.000 euros pour les bâtiments non résidentiels. »
Les montants maximaux pour un assainissement du sol sont aujourd’hui plus élevés. « L’intervention est toujours limitée aux frais réels, avec un montant maximum de 200.000 euros par site ou terrain, pour les bâtiments à fonction résidentielle et de 100.000 euros pour les bâtiments sans fonction résidentielle », peut-on lire sur le site de Promaz.
Il y a cependant des frais à votre compte. Par exemple, Promaz facture toujours des frais de gestion : 30,25 euros par dossier, plus 10 % des frais encourus avec un maximum de 500 euros hors TVA pour les immeubles résidentiels et 1.500 euros hors TVA pour les autres immeubles. Dans certains cas, il existe une franchise de 1 000 et 2 000 euros respectivement.
3. Les dommages sont-ils couverts par une assurance privée ?
La plupart des polices d’assurance incendie couvrent la pollution par le mazout. Les assurances familiales couvrent les dommages causés par des tiers, comme la pollution de la maison d’un voisin causée par votre citerne. Vous devez souscrire ces assurances avant de pouvoir utiliser le fonds Promaz. Promaz prend en charge la partie non couverte des frais de dépollution jusqu’à concurrence du montant maximum.
4. Est-il judicieux de faire inspecter la citerne à mazout avant le 28 février ?
Johan Mattart fait remarquer qu’une inspection ne suffit pas à prouver la contamination du sol. « Un test de pression sur la citerne peut indiquer que la citerne n’est pas complètement étanche. Cela ne signifie pas toujours qu’il y a contamination. Il arrive souvent que la citerne ne soit pas complètement étanche au niveau du trou d’homme, c’est-à-dire au-dessus du niveau de liquide. Seul un rapport d’enquête établi par une personne compétente peut prouver une suspicion sérieuse de pollution du sol ».
5. Que se passe-t-il si votre citerne n’a pas été inspectée au cours des cinq dernières années ?
Les citernes à mazout souterraines doivent être contrôlées tous les cinq ans. « Si cette période s’est écoulée ou s’il n’y a pas de preuve d’inspection, il est obligatoire de procéder à une nouvelle inspection », explique Johan Mattart. « Une citerne ne peut pas être remplie tant qu’une nouvelle inspection n’a pas eu lieu. Si une citerne n’est plus utilisée, elle doit être mise hors service dans les trois ans. Cela signifie qu’elle doit être vidée, nettoyée et, en principe, enlevée. Sauf si cela est impossible parce que cela mettrait en péril la stabilité d’un bâtiment adjacent, par exemple. Si le réservoir souterrain ne peut pas être enlevé, il doit être rempli. La mise hors service doit être effectuée sous le contrôle d’un technicien certifié, qui doit délivrer un certificat à cet effet ».
Johan Mattart ajoute que l’inspection périodique obligatoire ne s’applique pas aux citernes aériennes d’une capacité inférieure à 6.000 litres.
6. Pendant combien de temps peut-on encore chauffer une maison au mazout ?
La Wallonie devait initialement interdire l’installation de chaudières à mazout dans les nouveaux bâtiments à partir du 1er mars 2025, comme le prévoyait le Plan Air Climat. Mais cette interdiction n’a jamais été officiellement entérinée. Depuis 2022, il est interdit en Flandre d’installer des systèmes de chauffage au mazout dans une nouvelle construction ou dans une habitation existante faisant l’objet d’une rénovation énergétique importante. À partir de 2025, ces habitations devront être équipées au minimum d’une pompe à chaleur hybride.
Patrick O, porte-parole de Climafed, la fédération des fabricants et importateurs de technologies climatiques, estime que 12 500 nouvelles chaudières au mazout seront encore installées en 2024. « C’est un chiffre marginal. C’est surtout en Wallonie et dans les Ardennes flamandes que l’on continue à installer des chaudières à mazout ».
Pour Johan Mattart, il est incompréhensible que les citoyens qui se chauffent au mazout soient obligés de passer au gaz naturel lorsque leur chaudière doit être remplacée. « Les chaudières à mazout peuvent – sans modification – être utilisées pour des combustibles liquides renouvelables, tels que l’HVO (huile végétale hydrotraitée) et le R33, un mélange de 67 % de mazout conventionnel et de 33 % de combustibles renouvelables. Les émissions de CO2 liées à la combustion du R33 ne sont pas plus élevées que celles liées à la combustion du gaz naturel.
« C’est techniquement possible, mais les biocarburants sont plus chers et plus difficiles à stocker. Nous devons nous débarrasser non seulement du mazout, mais aussi du gaz naturel pour le chauffage si nous voulons limiter le réchauffement climatique », déclare Patrick O. Les biocarburants sont généralement fabriqués à partir de matières premières agricoles, telles que le maïs, le sucre ou les céréales. « Le débat sur l’utilisation de la nourriture comme carburant est très vif », ajoute-t-il.
7. Les alternatives au mazout et au gaz naturel sont-elles trop chères ?
La Wallonie devait initialement interdire l’installation de chaudières à mazout dans les nouveaux bâtiments à partir du 1er mars 2025, comme le prévoyait le Plan Air Climat. Mais cette interdiction n’a jamais été officiellement entérinée. Le gouvernement wallon a récemment confirmé qu’il n’y aurait pas d’interdiction à court terme et que « toutes les décisions seront prises de manière pragmatique, en concertation avec les acteurs de terrain et la réalité concrète des citoyens », ajoute Johan Mattart.
Patrick O déplore que la stratégie des différentes autorités ne soit pas claire. « Des mesures sont prises, mais les échéances sont ensuite repoussées. Il en va de même en Flandre avec l’obligation de rénovation et, en Europe, la menace d’un délai d’un an pour les droits d’émission de CO2. Même en Flandre, 700 000 familles chauffent encore leur maison au mazout. Il est urgent que les taxes sur les factures d’électricité baissent dans notre pays pour que l’installation de pompes à chaleur devienne plus viable financièrement.
Patrick O est toutefois convaincu qu’il est dans votre intérêt d’investir dans le développement durable. « En 2050, votre maison ne vaudra pas plus que le terrain si vous n’investissez pas dans l’isolation et le chauffage à faible consommation d’énergie.
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