Au Luxembourg, la vague de faillites dans le secteur de la construction s’intensifie
127 entreprises du secteur de la construction ont fait faillite depuis le début de l’année chez nos voisins luxembourgeois, où le marché est à l’arrêt depuis plusieurs mois déjà sur le segment résidentiel. Et en Belgique?
Nos collègues luxembourgeois de Paperjam listent ce lundi toutes les entreprises du secteur de la construction qui ont déposé le bilan en 2023. Si on peut constater dans les chiffres détaillés (publiés par Editus) que les entreprises les plus touchées sont les plus jeunes (+ de 50% ont été créées après 2017), on recense également les premières faillites de taille frappant des sociétés de premier plan qui affichent plus de 20 années au compteur. Parmi les plus retentissantes ou importantes déjà confirmées sur le marché local de l’emploi, on citera notamment la société de promotion immobilière Cenaro et ses nombreuses filiales ou l’entreprise de construction générale Manuel Cardoso.
Gros temps sur le secteur de la promotion résidentielle
Ce n’est plus un secret, le marché immobilier luxembourgeois est frappé depuis plusieurs mois déjà par un gel quasi-total des ventes de logements neufs. Selon les derniers chiffres officiels, la chute des ventes a atteint -72% au premier semestre 2023 et la baisse de l’octroi de crédits bancaires a plongé à -40%. Le ralentissement de l’offre – avec ses effets collatéraux directs sur la santé de entreprises du secteur et sur l’emploi – est à l’avenant, sans que l’on sache quand la demande va relancer la machine.
Chez nous, la plupart des professionnels concernés – propriétaires institutionnels, promoteurs ou entreprises de construction –, s’ils ont parfois déjà commencé réduire leur appétit voire à manger leur pain noir, prévoient une année 2024 de tous les dangers pour les sociétés les moins solides financièrement. Les fédérations du secteur n’ont d’ailleurs pas attendu pour tirer de concert la sonnette d’alarme et pour mettre la pression sur les pouvoirs publics pour accélérer et multiplier les mesures de soutien en prévision de perspectives trimestrielles – voire annuelles – particulièrement sombres.
Certains analystes tempèrent pourtant et parlent d’un retour à un marché immobilier plus réaliste après une décennie artificiellement dopée par des taux d’intérêt et une inflation trop longtemps gelés par les banquiers européens et mondiaux.
Des prix de vente rapidement gonflés à l’excès chez nos voisins
Quant au décalage entre les deux marchés immobiliers pourtant limitrophes, il s’explique notamment par l’écart croissant de prix pratiqués à la commercialisation: chez nos voisins luxembourgeois, les montants affichés sous la pression de la demande locale et du prix du foncier urbain ont été poussés à la hausse depuis deux ans pour atteindre aujourd’hui des montants – souvent au-dessus de la barre de 10.000 euros le m2 – qui ne correspondent plus à un prix de revient rationnel, comme c’est heureusement encore le cas en Belgique, dans la plupart des cas.
A Luxembourg-Ville et dans les zones urbaines, où plusieurs entreprises belges sont d’ailleurs en première ligne, tous les projets lancés avant 2023 ont été budgétés sur base des prix de marché existant alors. Pour la plupart des acteurs concernés, il est donc particulièrement difficile de revoir les équations pour pratiquer des décotes importantes sur le prix de commercialisation, à moins de vendre sans bénéfice. Quant au gel des ventes ou des projets en cours, il ne peut pas se prolonger trop longtemps non plus, au risque d’hypothéquer les contrats passés avec des tiers, sous-traitants ou acheteurs.
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