Prédictions pour 2021: cinq éléments essentiels pour la prochaine année boursière
À la fin de l’année, les économistes et les stratèges font le point et se penchent sur les scénarios pour l’année à venir. En 2020, la pandémie de coronavirus a fait dérailler l’économie mondiale. Que nous réserve 2021 ?
En 2020, les perspectives économiques étaient bonnes pour la poubelle après seulement un trimestre, lorsqu’il est devenu évident qu’un certain coronavirus s’était échappé de Chine pour se répandre dans toute l’Europe. Une pandémie ne faisait partie des prédictions d’aucun gestionnaire d’actifs pour 2020. Pour 2021, chaque scénario dépend de l’efficacité des vaccins dans la lutte contre la Covid-19. Les économistes et les stratèges des principaux gestionnaires d’actifs misent donc sur la prudence, mais ils ont dégagé un certain nombre de thèmes qui peuvent aider à déterminer si vos investissements vous feront gagner ou perdre de l’argent l’année prochaine.
1. Les élections américaines
L’arrivée de Joe Biden à la présidence des États-Unis ouvre la porte à un ensemble plus ambitieux de mesures de soutien. Toutefois, pour cela, Joe Biden doit encore s’assurer du soutien du Sénat. Tout dépendra des deux sièges du Sénat pour lesquels des élections auront lieu au début de l’année prochaine. Selon Pascal Blanqué, directeur des Gestions pour Amundi, Joe Biden va normaliser la politique étrangère des États-Unis, soutenir davantage l’économie et lancer une transition verte et un plan d’infrastructure.
“Si les Démocrates n’arrivent pas à obtenir ces deux sièges au Sénat, Joe Biden éprouvera de grandes difficultés à renverser la tendance en termes de politique écologie, à contrer la hausse des prix des médicaments ou à renforcer la législation concernant le secteur de la technologie” avertit Keith Wade, Chief Economist chez Schroders. Un blocage institutionnel pourrait mettre la reprise américaine en danger.
2. La fin de la pandémie
Le plan de relance américain sera une donnée importante en 2021, mais la croissance économique mondiale dépendra surtout de la vitesse à laquelle un vaccin contre le coronavirus sera disponible. Keith Wade regarde les perspectives de croissance avec un peu plus d’optimisme depuis les annonces concernant l’efficacité des différents vaccins. Il s’attend à ce qu’en 2021, la croissance économique augmente de 5 % en Allemagne.
“La reprise économique sera totalement différente de celle qui a suivi la crise financière”, explique John Greenwood, économiste en chef d’Invesco. “De nombreux indicateurs ont récemment montré une forte reprise de l’activité, grâce aux interventions des autorités pour soutenir l’économie.” Par ailleurs, toutes les grandes banques centrales ont pris des mesures afin qu’il y ait plus qu’assez d’argent dans le système financier.
Pour Monica Defend, responsable de la recherche économique et financière pour Amundi, la crise sanitaire aura des conséquences à retardement considérables. “Une surabondance de liquidités dissimule les faiblesses économiques. Selon nous, la crise sanitaire va renforcer la démondialisation, avec le rapatriement de certaines activités dans le pays d’origine. Sur le long terme, la croissance sera plus faible et dépendra davantage de la demande intérieure et de la politique budgétaire locale. Les différences entre les pays ne vont qu’augmenter.”
3. Inflation
Pour John Greenwood, la hausse du cours des actions observée depuis le 17 mars est le résultat de l’intervention des banques centrales et des autorités. “L’argent se trouvant sur le marché sera activé si les vaccins sont disponibles à tous en 2021. Cela pourrait conduire à une reprise économique rapide qui contrastera avec la lenteur de la reprise après la crise financière de 2008.”
L’injection de cet argent dans l’économie réelle conduira à de l’inflation, avec un léger retard. John Greenwood voit l’inflation augmenter en 2022 ou 2023, “selon la vitesse à laquelle les gens renouent avec leurs vieilles habitudes. Je ne prévois pas de grand choc de l’inflation pour les prochaines années.”
“Toutefois, il est erroné de penser que la pression inflationniste et les taux obligataires resteront à ce niveau bas indéfiniment”, précise Pascal Blanqué. “Nous sommes convaincus que nous nous dirigeons vers un nouveau système. La mission des banques centrales va changer. Les politiques monétaires et budgétaires vont fusionner suite à la monétisation de la dette”. En d’autres termes, les banques centrales vont racheter les dettes publiques pour ensuite les annuler, ce qu’elles n’étaient pas autorisées à faire jusqu’à présent. “À l’avenir, les inégalités laissées par l’ancien système monétaire ne seront plus tolérées”, ajoute-t-il.
4. Le dollar
Tous les experts s’accordent à dire que le dollar continuera à chuter par rapport aux autres devises. “On ne voit pas comment un quelconque scénario pour 2021 pourrait faire l’économie de la dépréciation du dollar”, a déclaré Didier Saint-Georges, membre du comité d’investissement de Carmignac. Il souligne que cet affaiblissement du dollar aura des conséquences significatives sur de nombreux types d’actifs, comme les matières premières et les marchés émergents. Monica Defend partage ce point de vue.
5. Croissance ou valeur
Il existe une discussion quant à quelles actions seront les plus performantes en 2021. Certains s’attendent à une correction rapide des actions du secteur de la technologie, dont les valorisations ont atteint des sommets incroyables. D’autres pensent que les valeurs de croissance resteront en tête du peloton l’année prochaine.
Pascal Blanqué fait partie de ceux qui regardent le succès de la technologie avec méfiance. “Les marchés sont trop complaisants, avec des valorisations particulièrement tendues dans certains segments. Ce n’est qu’une question de temps avant que la bulle technologique n’éclate”. Selon lui, la prudence sera de mise au cours des prochains mois. “Certains titres de qualité cyclique, en revanche, sont dans une bonne situation pour pouvoir profiter de la fin de la crise”, ajoute-t-il. “Les investisseurs doivent conserver assez de liquidités pour investir à nouveau une fois les valorisations normalisées.”
Didier Saint-Georges croit également en une réévaluation à la hausse des actions cycliques et des actions de valeur, qui ne sont pas évaluées actuellement. Cependant, il est convaincu que les actions de croissance vont bientôt reprendre le dessus. “La croissance économique ne va pas prendre une ampleur démesurée. La dette privée est immense. À une époque où il est plus difficile que jamais de trouver des actions à forte croissance, nous pensons que les investisseurs continueront à payer une prime importante pour ces actions.”
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