L’eau est source de performance en bourse
Les fonds spécialisés sur l’eau constituent une thématique de croissance défensive, qui mérite une allocation dans le portefeuille de tous les investisseurs désireux d’y apporter un peu de dynamisme.
Le secteur de l’eau reste une valeur sûre qui comporte aujourd’hui huit produits sur le marché belge. Les cinq produits ayant l’historique le plus long affichent des performances annualisées comprises entre 12,1% et 14,9% durant les 10 dernières années, un signe de la grande stabilité de leur performance, qui justifie l’attrait pour ces fonds dont les actifs sous gestion ont fortement augmenté ces dernières années.
En regardant de manière plus granulaire, il faut constater que les fonds Eau présentent quelques caractéristiques qui se répètent: le poids important des moyennes capitalisations (entre 40 et 60% des actifs sous gestion), des valeurs industrielles (entre 45 et 65%) et de l’Amérique du Nord (entre 50 et 70%). Les différentes stratégies sont généralement assez concentrées (autour d’une cinquantaine de valeurs), les 10 premières positions représentant généralement entre 35 et 45% des encours.
Afflux
En tête du classement sur trois ans, nous trouvons le fonds RobecoSAM Sustainable Water Equities, qui vient justement de fêter son 20e anniversaire. Encore plus remarquable, cette stratégie est pilotée depuis le début par Dieter Küffer. “Dès 2001, les épisodes de sécheresse étaient déjà plus prépondérants, de même que l’augmentation de la population dans certaines régions du monde ou les changements dans les habitudes de consommation (plus de viande, qui nécessite plus d’eau).”
“Nous avons toutefois lancé ce fonds dans des circonstances particulièrement difficiles, juste après les attentats du 11 septembre à New York, avec seulement 1 million d’euros en actifs sous gestion, explique le gestionnaire. Il était très difficile de convaincre les investisseurs de s’exposer sur cette thématique à l’époque.” Le fonds a progressivement trouvé sa place et est devenu l’un des produits les plus importants de la gamme de RobecoSAM.
Le produit répond aux exigences de l’article 9 de la législation SFDR, avec une politique d’investissement visant un impact positif dans la transition climatique. “L’accent mis sur la durabilité durant les dernières années a entraîné des afflux plus importants durant les derniers trimestres”, indique Dieter Küffer. Le portefeuille a également une exigence de pureté de 20% d’exposition thématique sur le secteur de l’eau au niveau d’une ligne individuelle, et de 50% au niveau du portefeuille dans son ensemble.
Approche neutre
“Nous investissons dans une large gamme de secteurs, ce qui nous permet d’avoir une approche relativement neutre sur les marchés globaux, avec des secteurs qui vont être davantage du côté de la croissance tandis que d’autres ont une composante plus cyclique, ajoute Dieter Küffer. Durant les 20 dernières années, notre exposition au risque a été relativement moins élevée que l’indice MSCI World, avec une performance annualisée brute plus élevée.”
Le portefeuille a ainsi été investi récemment dans des producteurs de protéines végétales, dont la fabrication requiert nettement moins d’eau que les protéines animales. “Comparé à nos débuts, le fonds est aujourd’hui beaucoup plus exposé sur des tendances telles que le contrôle de la qualité des eaux. La stratégie évolue en permanence en fonction des évolutions qui se présentent sur le marché”, conclut Dieter Küffer.
Frères ennemis
L’exercice 2021 a été exceptionnellement bon pour les fonds investissant sur le secteur de l’eau, avec une progression moyenne supérieure à 36%, les plus fortes progressions ayant été réalisées par les fonds Pictet Water et Natixis IF – Thematics Water. Ces deux produits partagent une histoire commune, les deux gestionnaires du second produit ayant été à la tête de la stratégie de Pictet Asset Management jusqu’au second semestre 2018.
Pour Arnaud Bisschop, gestionnaire du fonds Natixis en compagnie de Simon Gottelier, l’avantage de sa stratégie est de pouvoir se diversifier davantage vers les moyennes et petites capitalisations, qui représentent environ 65% des actifs sous gestion. “Nous sommes en mesure de viser des acteurs qui affichent des rythmes de croissance plus rapide”, dit-il. Son ambition est de limiter la taille du fonds à 3 milliards de dollars. “Nous voulons conserver notre agilité et ne pas être forcés d’investir une part trop importante de notre portefeuille dans des grandes capitalisations.”
Consommation
A l’inverse, le fonds de Pictet est davantage exposé sur les grandes capitalisations (44%), avec également le poids le plus élevé sur le marché américain (72% des encours). “Depuis la mise en place de la nouvelle équipe en 2018, l’équilibre du portefeuille a été modifié, avec un plus grand poids sur les technologies de l’eau, indique Cédric Lecamp, gestionnaire du fonds. Et plus particulièrement la partie liée aux consommateurs qui préfèrent aujourd’hui acheter des produits efficients dans l’utilisation de l’eau.”
Les fonds exposés sur le secteur de l’eau continuent d’avoir des perspectives favorables sur le long terme, avec des tendances démographiques qui vont continuer de soutenir l’activité des groupes qui distribuent et autorisent une meilleure utilisation de cette ressource précieuse. Par le passé, ces stratégies n’ont jamais vraiment connu une période de baisse prolongée, et la correction (en moyenne de 5%) intervenue depuis le début 2022 pourrait être considérée comme une opportunité d’achat.
Protection
“Une partie des positions est protégée contre l’inflation, notamment par les groupes actifs dans la distribution d’eau qui opèrent sur base de tarifs régulés intégrant une répercussion de la hausse des prix sur le consommateur final, indique encore Cédric Lecamp. Dans le même temps, les différents plans de relance vont soutenir les résultats dans divers segments. Enfin, nous sommes exposés sur des leaders du marché dans les technologies de l’eau, qui disposent donc d’une bonne capacité à fixer leurs prix.”
Un fonds maritime
Nous restons dans la thématique de l’eau avec le fonds DWS Concept ESG Blue Economy (ISIN: LU2306921490), dont le lancement remonte à la fin mars 2021, et qui propose de s’exposer sur l’ensemble des secteurs dont l’activité économique tourne autour du monde marin (aquaculture, transport maritime, production d’énergie offshore, etc.), ou sur des sociétés qui proposent des solutions aux défis rencontrés au niveau des océans (comme le développement d’alternatives à l’utilisation de plastiques). Nous avons rencontré Paul Buchwitz, gestionnaire du fonds, à l’occasion du récent Funds Summit. “Il s’agit d’une opportunité de croissance à long terme, avec un portefeuille exposé sur 40 à 60 positions sur la base d’un univers de 400 sociétés dont l’activité est liée de manière significative et croissante aux océans”, explique-t-il. DWS Concept ESG Blue Economy est naturellement exposé davantage vers les sociétés européennes (plus de 60% des actifs sous gestion) par rapport aux produits exposés sur la thématique de l’eau. Paul Buchwitz souligne que l’accueil du fonds a été bon, avec des actifs sous gestion qui ont rapidement dépassé les 100 millions d’euros. “Il est toujours intéressant de pouvoir présenter un fonds avec une thématique qui n’a pas encore été exploitée”, concède-t-il.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici