Belfius Equities WO=MEN, ou comment investir dans des entreprises qui montrent l’exemple en matière d’égalité des sexes

Diversité de genre "Il est désormais certain que la diversité des genres est bonne pour l'entreprise", affirme Theany Bazet, gestionnaire chez Candriam. © PG
Ilse De Witte Journaliste chez Trends Magazine

Belfius est la première banque belge à mettre sur le marché un fonds d’investissement dédié à l’égalité entre hommes et femmes sur le lieu de travail. Nouvel argument de vente, ou politique rentable d’investissement dans des entreprises où le plafond de verre n’existe pas ?

L’épargnant qui opte pour le nouveau fonds d’investissement Belfius Equities WO=MEN contribue de deux manières à la diversité des genres sur le lieu de travail. Ce fonds n’investit en effet que dans des entreprises qui montrent l’exemple en matière d’égalité des sexes. Belfius verse par ailleurs 10% des frais de gestion perçus à Boost, une initiative de la Fondation Roi Baudouin qui finance la formation de filles et de garçons originaires de milieux socio-économiques fragilisés.

En prêtant davantage d’attention à la sélection des entreprises qu’ils soutiennent, les investisseurs peuvent bel et bien changer le monde, estime Theany Bazet, gestionnaire de fonds chez Candriam, avec qui Belfius et Belfius Investment Partners collaborent pour ce projet. “L’émergence de l’investissement durable est un moteur de changement au sein des firmes cotées en Bourse, poursuit notre interlocutrice. En 2011, seuls 20% des noms qui composaient l’indice S&P 500 éditaient un rapport consacré à leur politique socialement responsable ; l’an dernier, ils étaient déjà plus de 90%. Cela montre à quel point les investisseurs peuvent encourager les grands groupes à mieux faire.”

La diversité ne suscitant pas encore autant d’intérêt que la politique durable, la pression que les investisseurs peuvent exercer en sa faveur est, pour l’heure, moins intense. “Peu de stratégies d’investissement encore s’inspirent de données portant sur l’égalité des genres”, déplore Theany Bazet. Elle-même a recours, pour la sélection des entreprises dans lesquelles investit le fonds, à Equileap, une organisation spécialisée qui attribue des equiscores en fonction de critères tels que la parité entre hommes et femmes dans l’entreprise en général et aux postes de direction en particulier, l’égalité salariale, des temps de travail et des genres, l’engagement et la transparence. Le fonds n’est susceptible d’investir que dans des sociétés dont l’equiscore est suffisamment élevé.

Capitalisation boursière

Le marché belge recense depuis de nombreuses années déjà des produits structurés qui investissent dans des indices ayant pour thème l’égalité des genres. L’iSTOXX Europe Diversity Impact Select 30, par exemple, est une sélection de 30 grandes sociétés européennes bien cotées en matière de diversité du personnel, qui mènent une politique de lutte contre la discrimination et paient des dividendes élevés. En n’accordant au client final qu’une partie de l’évolution du cours du sous-jacent, les émetteurs peuvent créer des produits structurés assortis d’une protection du capital. Mais ce type d’initiative relève plus souvent du marketing que d’une stratégie d’investissement à part entière.

Belfius Equities WO=MEN va, pour la première fois dans notre pays, mettre à l’épreuve l’hypothèse selon laquelle les entreprises dirigées par davantage de femmes, engrangent plus de bénéfices et obtiennent de meilleurs résultats en Bourse.

Le MSCI World est l’indice de référence du fonds, c’est-à-dire l’indice qu’il cherche à répliquer. “Nous passons au crible quelque 1.800 entreprises sur la base de trois critères : leur politique durable, leur politique en matière de parité des genres et les résultats d’une analyse fondamentale, pour n’en conserver que 400 environ à la fin”, énumère Theany Bazet.

Le portefeuille est surtout composé de large caps, ces firmes à la capitalisation boursière élevée, dont Microsoft, Visa ou Procter & Gamble ne sont que quelques exemples ; le spécialiste des télécommunications f inlandais Elisa, l’allemand Puma et le français Alstom en font partie également.

En matière de diversité des genres, les entreprises américaines et japonaises ne sont pas aussi performantes que leurs consoeurs européennes.”

Theany Bazet (Candriam)

“Le fonds ne recense actuellement aucun nom dont la capitalisation est inférieure à 5 milliards de dollars, mais pour autant qu’une société dont la valeur atteint ou dépasse 250 millions de dollars soit bien notée au niveau des trois critères, nous la prendrions en considération”, annonce Theany Bazet. Les petites entreprises sont historiquement plus rentables que les grandes, mais elles sont aussi plus risquées.

Equilibre

Les petites sociétés prennent généralement moins la peine de répondre aux questionnaires consacrés à leur politique durable, faute sans doute de disposer du personnel nécessaire, ou de vouloir absolument être repérées par les grands investisseurs. “Mais plus la politique responsable fait l’objet d’attention et plus les investisseurs réclament des produits durables, plus les petites entreprises commencent à publier des rapports et à adopter mesures et pratiques en matière de développement durable, constate Theany Bazet. En ce qui concerne la diversité des genres, l’écart est moins une question de taille que de région : les Américains et les Japonais ne sont pas aussi performants sur ce plan que les Européens.”

“Il est désormais certain que la stratégie en faveur de la diversité et de l’égalité des genres est bonne pour l’entreprise, son personnel et ses actionnaires, conclut Theany Bazet. Une culture plus équilibrée et plus diversifiée permet d’accéder à une gamme plus étendue de compétences et de bagages culturels, au profit d’une innovation et d’une productivité accrues. Les sociétés qui accordent de l’importance à la vie privée et qui autorisent le travail flexible, motivent et fidélisent leurs collaborateurs, ce qui est bon pour la rétention des talents. Compte tenu de tous ces avantages, il n’est pas étonnant qu’un nombre sans cesse croissant d’enseignes s’engagent en faveur de la diversité des genres.”

Frais

Le fonds Belfius Equities WO=MEN porte en compte 1,5% de frais de gestion par an, dont 10% sont donc versés à Boost. A cela s’ajoutent d’autres frais récurrents encore, comme la rémunération du dépositaire et du commissaire et les dépenses administratives, ce qui porte le total à 2,5% environ. A moins de pouvoir être négociés, les frais d’entrée sont fixés à 2,5%. La rémunération de Belfius, qui distribue le fonds, et de Candriam, qui le gère, demeure correcte. Ce n’est par ailleurs pas la première fois qu’une banque cède une partie de ses gains à une bonne cause : il y a cinq ans, BNP Paribas Fortis avait eu une démarche semblable à l’intention de sa clientèle de banque privée, en collaboration, là aussi, avec la Fondation Roi Baudouin.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content