Yuma, futur leader belge de la transformation numérique ?

PASCAL LAFFINEUR, entouré par l’équipe de partners de B12.

Aussi discret qu’ambitieux, Yuma est en train de placer ses pions, à coups d’acquisitions, pour devenir un groupe informatique spécialisé dans la transformation digitale. Piloté par Pascal Laffineur, il compte déjà 700 employés et vise 150 millions d’euros de revenus d’ici trois ans.

Un acteur local de taille sur le marché Benelux de la transformation digitale. Voilà l’ambition de Yuma, cette nouvelle (et discrète) structure made in Belgium regroupant d’ores et déjà 700 personnes, visant un chiffre d’affaires de 100 millions d’euros et à la tête de laquelle on retrouve Pascal Laffineur, ancien patron du groupe wallon NRB.

Déjà six acquisitions

C’est au gré de plusieurs acqui­sitions que Yuma a commencé à communiquer sur son existence: Yuma, via le fonds de private equity M80, a déjà procédé à six acquisitions d’entreprises spécialisées dans la tech. Aux Pays-Bas avec Luminis, BPSolutions ou Total Design, mais aussi en Belgique avec XPlus, Aprico ou, tout récemment, B12, un spécialiste de l’IA. “Avec ces six entreprises, nous couvrons quasiment tous les grands besoins des entreprises en matière de transformation digitale”, se réjouit Pascal Laffineur, CEO de Yuma depuis une bonne année. Cela va de l’archi­tecture IT, au développement software en environnement cloud, à la gestion des infra­structures critiques en passant par la créativité numérique et, bien sûr, l’intelligence artificielle.

A l’origine, il y a le très ambitieux fonds M80 (que l’on retrouve au capital d’entreprises aussi différentes que Le Pain Quotidien, Lasea, SD Worx) et son intention de créer un groupe sur le créneau de la tech. Au vu des besoins de ses sociétés en portefeuille, M80 a compris l’importance d’investir dans un acteur de poids sur le créneau de la trans­formation digitale. Le spécialiste du private equity a alors décidé de fonder Yuma et de procéder à des acqui­sitions. Avec une vision bien spécifique. “Nous avons cons­truit Yuma sur la base de plusieurs constats partagés après des années d’expérience dans l’IT, explique Pascal Laffineur. Les projets de transformation digitale échouent souvent non pas à cause de la technologie, mais en raison d’un manque de considération pour l’humain, que ce soit dans les organisations ou à un niveau personnel. Aussi, notre groupe veut se positionner au centre et veiller à ce que la transfor­mation se fasse en tenant compte de l’humain et à ce que chacun soit bien embarqué dans cette évolution.”

Des entreprises intégrées mais autonomes

Aujourd’hui, Yuma affiche des clients très différents : des grandes institutions financières belges, des grosses PME ou des entités gouvernementales, néerlandaises notamment. Mais en réalité, ce sont encore essentiellement les clients des différentes entrepri­ses. Car toutes les entreprises intégrées dans Yuma ont été acquises à 100%, mais conser­vent leur autonomie opérationnelle. “Nous voulons qu’elles continuent à faire ce qu’elles font le mieux, avec le soutien et les ressources supplémentaires que Yuma peut offrir”, précise le CEO.

La structure Yuma, qui compte aujourd’hui moins de 10 personnes, s’appuie sur les différentes entreprises dans leurs domai­nes et leurs clients. Si elles continuent de commer­cia­liser leurs services sous leur propre marque, l’idée est à présent de combiner les compétences des différentes entités et de se mettre au service de projets plus grands et plus trans­versaux. Sans pour autant viser une intégration des entreprises. Ce sera le rôle (et le défi) de Yuma : faire travailler toutes les équipes ensemble. “Ce qui nous occupera dans les mois qui vien­nent sera de faire fonctionner Yuma en tant que groupe, admet le patron. L’un des défis sera naturellement de tirer parti de la richesse des équi­pes qui sont parfois de cultu­res différentes et qu’il faut aligner dans une même direction.”

“Les projets de transformation digitale échouent souvent non pas à cause de la technologie, mais en raison d’un manque de considération pour l’humain.” – Pascal Laffineur

A en croire Michel Herquet, patron de B12, acquisition récente de Yuma dans le domaine de l’intelligence artificielle, cela semble bien engagé. “Nous rejoignons clairement un ensemble qui a une volonté d’écoute des différentes entités, se réjouit-il. Avoir la possibilité d’entrer dans un tel groupe en formation est très stimulant, d’autant qu’on sent une vraie recher­che d’excellence tout en conservant de belles valeurs. Nous avons déjà rencontré l’ensemble des équi­pes et on ne regrette pas d’avoir refusé d’autres offres reçues de la part de grands groupes qui, eux, avaient une logique de phagocytage…”

Si, de prime abord, tout le monde sem­ble aligné, le défi sera de mettre cet enthousiasme face à la réalité du terrain, mais Pascal Laffineur en connaît un rayon en people management après avoir géré des entreprises comme NRB, ou, précédemment, Altran au Benelux.

De 100 à 150 millions d’euros en trois ans

Une fois la mécanique bien en place entre ces six entités, Yuma pourrait repartir dans une vague de nouvel­les acquisitions. En pas forcément qu’en Belgique ou en Wallonie. On pourrait, en effet, penser que M80 a fait appel à Pascal Laffineur pour se ren­forcer en Belgique francophone après des développements en Flandre et aux Pays-Bas. De fait, les deux derniers rachats par Yuma ont été effectués côté francophone. Mais “en réalité, on cher­che surtout les meilleurs acteurs, se défend le CEO. B12 est une pépite hors norme dans l’intelligence artificielle qui ne fait pas que parler de ce sujet d’actualité mais qui l’implémente vraiment chez des clients, depuis des années, et qui a développé une excellence unique en Belgique”. B12 afficherait déjà 400 projets réalisés depuis 12 ans. La start-up wallonne a d’ailleurs développé ses propres modèles d’IA, ce qui n’est pas forcément courant en Belgique.

S’il ne souhaite pas entrer dans les détails financiers des différents deals d’acquisition, Pascal Laffineur souligne plutôt le réinvestissement de chaque fondateur des boîtes rachetées dans le groupe Yuma en lui-même. “Cela témoigne d’une communauté d’intérêts et d’objectifs de tout le monde, et d’une grande confiance dans le pro­jet”, glisse-t-il, satisfait. Et ce sera nécessaire au vu de l’ambition de Yuma. Elles sont grandes en effet : faire grimper Yuma de 100 à 150 millions d’euros de chiffre d’affai­res d’ici trois ans.

Bien sûr, Yuma n’est pas seul sur ce marché et les acteurs sont nombreux et multiformes. La transformation digitale s’opère à de nombreux niveaux, et Yuma fait concurrence à des petits acteurs spécialisés, comme à de grands groupes internationaux. Son objectif consiste désormais à se renforcer, à faire jouer l’effet de groupe pour s’assurer une croissance ambitieuse et tenter de se faire une place sur ce marché d’avenir.

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