Voyager après le coronavirus: comment garder la confiance et l’appétit des voyageurs?

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Est-il intéressant de réserver des voyages pour l’après-coronavirus ? Certaines compagnies cherchent à attirer des clients, mais la plupart gardent leurs projets dans les tiroirs. Elles cherchent surtout à aider les clients actuels, à ne pas les rebuter pour le futur.

Il y a de bonnes raisons pour les compagnies aériennes et les voyagistes de faire des promotions pour l’automne, lorsque l’épidémie devrait être dépassée. C’est une manière de faire rentrer l’argent à un moment où il manque cruellement. Et, pour les candidats voyageurs, de regarder l’avenir, à bon compte peut-être.

Quelques offres apparaissent, telle celle d’easyJet, qui propose des tickets à 39,6 euros maximum, pour des vols du 25 octobre 2020 au 28 février 2021, une offre valable ” durant une période limitée “. La compagnie dessert habituellement Nice et Genève depuis Bruxelles.

Grosse flexibilité

” Lancer des promotions nous paraît encore prématuré “, explique Wencke Lemmes, porte-parole de Brussels Airlines. La compagnie a toutefois mis beaucoup de flexibilité dans ses offres. Pour toutes les réservations effectuées avant le 19 avril inclus, elle renonce à tout frais de changement, même pour les tickets qui ne peuvent habituellement pas être modifiés. Si le tarif n’est pas disponible sur le vol modifié, il faudra toutefois payer la différence, mais avec une réduction de 50 euros pour les vols avant la fin de l’année. ” Nous préparons une panoplie de promotions et d’actions pour rassurer les voyageurs, nous faisons des analyses “, continue Wencke Lemmes, qui explique que la priorité, aujourd’hui, est la remise en route des vols. ” Nous nous préparons pour le 20 avril, nous devons nous décider pour voir si le redémarrage est possible à cette date. ” Avec un horaire limité. La compagnie se concentre aussi sur les rapatriements, y consacrant actuellement cinq avions.

Côté voyagistes, c’est la même approche. TUI, le numéro 1 du marché belge, qui a annulé tous les séjours jusqu’au 30 avril, met en place des options flexibles pour les réservations de séjours jusqu’au 30 octobre, proposant de reporter les voyages sans frais. Les promotions viendront plus tard. ” Les gens ne sont pas encore à l’écoute, nous attendons des jours meilleurs, qui viendront bientôt, je l’espère. Quand les nouveaux cas de coronavirus diminueront, sans doute “, estime Piet Demeyere, porte-parole de TUI.

Recettes appliquées dans les précédentes crises

Le secteur du voyage a l’habitude des sorties de crise. Il a subi les conséquences des attentats en Belgique, en Egypte, en Tunisie ou des troubles en Turquie. Le dispositif de changement flexible proposé par TUI avait donc déjà été utilisé.

” Il y a encore beaucoup d’inconnues avant de parler du redémarrage “, estime Frank Bosteels, products & pricing manager du voyagiste Connections, qui a dû fermer ses 37 agences et mettre son personnel en chômage temporaire partiel. ” Notre préoccupation immédiate est le rapatriement de 120 clients. C’est difficile avec les vols annulés. Nous reprenons contact avec nos partenaires locaux pour envisager le redémarrage. ” Quand ? ” A plein régime ? En juillet peut-être… Mais personne ne peut encore le dire, ce sera peut-être un lent retour. ”

Avec l’espoir que les offres en préparation relanceront le marché. Selon un principe naguère énoncé par Jean-Luc Hans, président de l’ABTO, l’association des voyagistes : ” en dessous d’un certain tarif, les gens n’ont plus peur. ”

Un bon difficile à digérer

Dans les entreprises du secteur, la sortie du commissaire européen Didier Reynders sur les bons à valoir (vouchers) donnés par les voyagistes à la place de remboursements pour compenser les séjours annulés n’est pas très bien passée. ” C’est malvenu. Si nous avions l’obligation de rembourser dans ces circonstances exceptionnelles, le secteur risquerait beaucoup de faillites, cela ne réglerait rien “, avance Frank Bosteels, du voyagiste Connections. Didier Reynders a contesté l’arrêté pris par le gouvernement belge qui suspend la possibilité d’obtenir le remboursement des voyages annulés, la remplaçant par des bons à valoir pour des voyages ultérieurs. C’est, estime-t-il, contraire au droit européen. ” Le Fond de garantie ne pourrait pas suffire à couvrir les engagements “, continue Frank Bosteels. Ce Fonds de garantie voyage rembourse les voyageurs victimes d’une faillite d’agence ou de voyagiste. Il gère encore actuellement les conséquences de la faillite de Thomas Cook, fin 2019.

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