Visa pour l’actionnariat salarié


Un ouvrage collectif répond à toutes les questions des entrepreneurs tentés par ce nouveau modèle de société. Ce peut être une solution en ces temps troubles, une garantie de stabilité et d’ancrage. Mais il y a des pièges à éviter.
Voilà un livre précieux pour les entrepreneurs en quête d’une nouvelle formule pour leur société. Le Guide du Management Buy Out et de l’actionnariat salarié, qui vient d’être publié avec le soutien de Wallonie Entreprendre, donne des clés utiles pour envisager un ancrage plus fort du projet en Wallonie et parmi l’équipe qui le fait vivre.
“Il y a un intérêt de plus en plus important pour ces formules, souligne Sabine Colson, senior investment manager, spécialiste de ces questions, qui a codirigé le guide. C’est d’autant plus vivifiant que cela réunit les entrepreneurs et les fondateurs, qui vivent des temps un peu chaotiques, et les collaborateurs de tous les âges qui sont en quête de sens. Voilà un projet susceptible de réunir, à l’heure où les clivages sont nombreux.”
“Cet outil très pratique est le fruit de notre longue expérience dans ces formules de MBO, de transmission familiale ou d’actionnariat salarié, prolonge Éric Poncin, membre du comité de direction de Wallonie Entreprendre. Nous nous sommes dit qu’il y avait sans doute là des solutions intéressantes aux défis de notre époque, notamment l’ancrage des activités dans notre Région.” Ce qui devait être un document interne de Wallonie Entreprendre, fourmillant de réponses concrètes et de témoignages vivants, est devenu un objet grand public grâce aux éditions Anthemis.
Une source d’inspiration
Cela peut devenir une source d’inspiration. “Nous l’espérons, sourit Sabine Colson. Ce n’est pas spécifique à un secteur, à une phase de vie d’une entreprise ou à une question de taille, c’est une solution susceptible de répondre aux questions se posant pour ceux qui veulent revenir à l’essence ou à l’ADN de leur organisation. On parle souvent de ‘raison d’être’, mais je préfère personnellement parler de ‘raison d’agir’. Ensemble, cela permet de mener le projet plus loin, de le rendre plus beau…”
Il peut s’agir d’une transmission, d’une croissance comme dans le cas d’I-care, d’un nouveau départ après le retrait d’un fonds d’investissement si l’on prend l’exemple d’IBA… “Cela peut aussi être une façon idéale de retenir le personnel, on sait qu’il s’agit d’un enjeu majeur aujourd’hui, prolonge Éric Poncin. Dans ce guide, nous abordons tous les aspects, du financier au juridique en passant par le fiscal ou le social et la communication. Chez Wallonie Entreprendre, nous insistons beaucoup sur la raison d’une transmission d’entreprise et l’importance pour la pérennité du projet.”
Quand les travailleurs sont actionnaires, cela garantit de la stabilité et assure un ancrage en ces temps géopolitiquement lourds. “C’est un mécanisme qui participe à la relocalisation et à la mobilisation des forces vives”, souligne-t-il. “Cela pose aussi la question de la chaîne des valeurs et des vulnérabilités éventuelles du projet, ajoute Sabine Colson. On peut mesurer son impact durable et être acteur de l’environnement. Nous ne disons pas que c’est la seule solution, mais elle mérite d’être envisagée. Un écueil à éviter, c’est de communiquer trop vite, sans avoir bâti la confiance. C’est un modèle où l’on transmet le projet à un groupe, le début d’une aventure collective.”
L’intérêt de ce guide est, certainement, de démystifier une pratique qui reste minoritaire. “Il y a peu de volumes à ce jour, avant tout pour des raisons fiscales, soulignent les auteurs. Par rapport à la France ou à l’Angleterre, ce n’est pas très avantageux chez nous. Des parlementaires commencent à suivre cela pour faire évoluer le modèle. Tout le monde n’est pas toujours prêt à un tel partage.”
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