Vincent Rousseau, nouveau CEO de Verisure : “En Belgique, la prise de conscience est graduelle”

Verisure, l’entreprise spécialisée dans la télésurveillance, vient de nommer un nouveau CEO. Le Belge Vincent Rousseau souhaite sensibiliser les consommateurs à leur propre sécurité. Sur les trois dernières années, Verisure a enregistré une croissance de 15% en moyenne par an et voit encore un potentiel de croissance grâce à la diversification de ses activités.

Verisure est bien plus qu’une alarme”, précise d’emblée Vincent Rousseau, le nouveau CEO de Verisure Belgique. A 45 ans, ce Namurois vient tout juste de prendre la tête de l’entreprise spécialisée dans la télésurveillance. “Dans ma famille, personne n’est dans le business, je voulais changer ça”, explique-t-il. Après des années dans la consultance, notamment chez Roland Berger, Vincent Rousseau a également occupé le poste de CEO de la marque retail grande taille Paprika jusqu’en 2022. Et si a priori les deux entreprises n’ont rien en commun, le CEO leur trouve quand même des similitudes. “Elles ont le client au cœur de leurs préoccupations”, avance-t-il.

Verisure est leader du marché de la télésurveillance en Belgique et en Europe. Ce sont près de 5 millions de familles dans le monde qui sont équipées d’une alarme Verisure dont 160.000, en Belgique. Pour ce nouveau CEO, comprendre le marché, bien connaître la Belgique et sa complexité est naturellement un atout. “L’alarme connectée répond parfaitement aux attentes et aux besoins de la population”, affirme Vincent Rousseau. Sur les trois dernières années, Verisure a enregistré une croissance de 15% en moyenne par an.

“Il existe des marchés européens avec des taux de pénétration beaucoup plus importants que la Belgique”, concède le CEO. Le nord de l’Europe par exemple est très sensible à ces alarmes à cause des risques d’incendie. Dans le Sud, ce sont davantage les cambriolages ou les risques de squat qui poussent les familles à s’équiper. “En Belgique, la prise de conscience est graduelle”, analyse Vincent Rousseau. Celui-ci observe des pics de demandes saisonniers principalement liés aux vacances d’été ou à l’hiver. En tant que CEO, Vincent Rousseau estime que son rôle est de sensibiliser la population pour sa propre sécurité. Il prend pour exemple les détecteurs de fumée. “Ceux-ci sont obligatoires et pourtant une majorité de familles ne les a pas installés ou connectés à une alarme ! C’est un danger, l’un de mes nombreux combats en tant que CEO de Verisure.”

Diversification des activités

A l’origine, le premier axe de développement de Verisure était de prévenir les vols et cambriolages. Mais Verisure ne s’est pas arrêté aux alarmes. Depuis quelques années, la gamme de produits s’est bien étoffée. Outre les détecteurs de fumée, l’entreprise a également développé les sonnettes et serrures connectées. Ces dernières permet­tent d’autoriser les entrées et livraisons à distance grâce à une application. Outre une facilité d’accès, celles-ci permettent d’autoriser l’accès à votre domicile à d’autres personnes pendant une durée déterminée. “Ce qui peut être utile durant les vacances ou pour votre femme de ménage par exemple”, poursuit le CEO qui insiste sur la connectivité de ses produits. “C’est l’intérêt de notre produit, cela permet de réagir directement si vous n’êtes pas présents à la maison, explique Vincent Rousseau. Une alarme qui n’est pas connectée n’a en fait pas beaucoup d’intérêt.”

L’entreprise s’est également lancée dans le “smartplug”, un système qui permet de commander à distance l’éclairage de l’habitation ainsi que tous les appareils électri­ques. Enfin, dernière composante des alarmes Verisure : le bouton d’alarme SOS qui est disponible pour tous les membres de la famille et qui permet de signaler, d’un sim­ple coup de pression, dès que l’on se sent en danger. Le système connecte alors la personne à un agent de la centrale. “La fonction est dis­ponible également en dehors de l’habitation, cela signifie que si vous vous sentez en insécurité dans la rue ou si vous êtes tombé, vous pouvez activer cette aide”, complète-­t-il. En 2023, ces systèmes ont permis de sauver des vies dans 127 situations.

Afin d’innover, le groupe peut compter sur les 600 ingénieurs qui composent le département de recherche et de développement. Ceux-ci sont répartis dans les trois centres de recherche situés à Malmö, Genève et Madrid. “En tant que leader du marché, nous devons rester à la pointe de l’innovation”, poursuit Vincent Rousseau. Grâce à l’intelligence artificielle par exemple, le système de Verisure est capable de détecter si les mouvements sont liés à un animal de compagnie, à un objet qui a bougé ou s’il s’agit d’une intrusion. “D’autres innovations sont appelées à arriver prochainement notamment sur la protection extérieure des habitations”, ajoute-t-il. L’entreprise a par exemple développé un détecteur de chocs qui détecte des vibrations associées à une intrusion avant que celle-ci n’ait lieu.

Double vérification

Si la personnalisation de chaque système est assurée grâce à une étude de sécurité réalisée par les experts Verisure, l’entreprise entend également s’adapter aux différents profils des consommateurs comme les seniors par exemple. “On travaille à l’amélioration de détection des chutes”, avance le CEO. En France par exemple, l’entreprise exploite la technologie de wifi sensing en partenariat avec l’entreprise Origin IA. Cette technologie analyse les modifications de l’environnement du signal wifi causées par les réflexions et les interactions dues aux mouvements des personnes. Pour le moment, le système n’est pas encore disponible en Belgique.

Le marché de la télésurveillance est extrêmement concurrentiel : il existe des concurrents directs dans la télésurveillance, mais également des entreprises qui développent des bracelets connectés ou encore des caméras intelligentes (destinés à la détection de chute, par exemple). “Les technologies, lorsqu’elles ne sont pas accompagnées, génèrent un grand nombre de fausses alarmes, prévient Vincent Rousseau. Ce qui est un véritable problème pour les services de sécurité.” Verisure a donc mis en place un système de double vérification. “A partir du moment où l’on détecte un problème, la première vérification se fait visuellement grâce aux caméras, elle est ensuite validée par notre centrale d’alarme qui va prendre contact avec les clients”, détaille le CEO. Verisure traite environ 5.000 appels par jour. “En 2023, nous avons géré près de 2 millions de signaux d’alarme, dont 66% ont été automatiquement clôturés par nos systèmes d’analyse algorithmique, garantissant à nos clients une notification instantanée de la résolution de cha­que incident. Les 34% restants ont nécessité notre intervention pour des cas de SOS, d’incendie ou d’intrusion.”

Autre particularité de Verisure, elle est la seule entreprise totalement intégrée en Belgique. “Cela signifie que la protection est gérée par une seule et unique entreprise là où d’autres délocalisent leur centre d’appel ou sous-traitent certaines interventions”, précise Vincent Rousseau. Ce système fermé permet également à l’entreprise de prévenir les risques de hacking.

Le cœur de métier de Verisure, ce sont les systèmes d’alarme placés chez les particuliers, mais l’entreprise compte également 10% d’entreprises parmi ses clients. “Cela concerne principalement des PME sachant que notre technologie sécurise des espaces qui vont jusque 1.000 m² “, poursuit le CEO. En Belgique, Verisure a doublé le nom­bre de systèmes d’alarme en cinq ans. “On a encore un très grand potentiel de croissance”, assure-t-il.