Une chute de la production d’un million d’autos par trimestre?
L’Europe pourrait voir la production automobile reculer d’un million de véhicules par trimestre, cet hiver, soit -40%, selon S&P Global Mobility, à cause de la hausse des coûts de l’énergie qui impacte fort certains sous-traitants.
“Winter is coming” a titré Calum MacRae, directeur chez Standards&Poor’s Global Mobility, pour un document évaluant le futur proche de l’industrie automobile européenne. Cet amateur de la série “Game of Thrones” estime que la situation, déjà difficile, pourrait s’aggraver avec l’hiver et la hausse du coût de l’énergie.
“Le cygne noir, que constitue la combinaison de la pandémie du Covid et l’invasion en Ukraine, a déjà étiré l’approvisionnement des constructeurs, en particulier pour les semi-conducteurs”, écrit-il. “Maintenant, certains fabricants et fournisseurs, gros consommateurs en énergie, pourraient affronter une forte pression en termes de coût énergétique ces prochains mois.”
Il estime que l’impact pourrait atteindre plus d’un million d’autos par trimestre. Les prévisions parlaient de 4 à 4,5 millions d’autos par trimestre, à partir du dernier trimestre 2022 et durant l’année 2023, soit une légère croissance, ce chiffre pourrait finalement descendre jusqu’à 2,75 à 3 millions d’unités selon S&P Global Mobility. Qui anticipe des ruptures significatives des chaines d’approvisionnement de novembre au printemps. La hausse des coûts énergétiques atteint actuellement 687 à 773 euros par auto, alors qu’ils ne pesaient que 50 euros, selon S&P Global Mobility.
Un scénario pessimiste
Il s’agit d’un scénario pessimiste (worst case scenario). Il est basé sur un hiver froid dans les régions de production et des rationnements obligatoires. Le point de fragilité est la construction des structures métalliques d’une auto, qui consomme beaucoup d’énergie. Certains états comme l’Allemagne ont les moyens d’aider leurs populations et leurs entreprises, c’est moins le cas d’autres pays comme l’Italie, et “l’Italie est un des économies les plus vulnérables.” Les sous-traitants sont installés un peu partout en Europe, il suffit de quelques blocages dans un pays pour arrêter une usine d’assemblage dans un autre, y compris sur un autre continent.
S’installer là où l’énergie est moins chère
L’étude conclut que les entreprises automobiles pourraient, à long terme, tirer les leçons de cette crise, et envisager des changements structurels. Jusqu’à présent elles tendaient à s’installer là où la main d’oeuvre est moins chère, en Europe orientale par exemple. Elles pourraient désormais plutôt viser des zones géographiques où l’énergie est meilleur marché.
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