Un nouveau couple avion-fusée
La montée en puissance des petits satellites ces dernières années a permis l’émergence de nouveaux acteurs sur le marché des lancements spatiaux. Parmi ceux-ci figure Virgin Orbit, dont la technologie consiste à lancer ses fusées depuis… un Boeing 747.
Fondée en 2017, Virgin Orbit, qui fait partie de la galaxie Virgin Group de Richard Branson, est une société spatiale spécialisée dans le lancement de petits satellites. Contrairement aux acteurs les plus connus du secteur (Arianespace, SpaceX, etc.), elle lance sa fusée LauncherOne depuis la haute altitude (environ 10.000 m) grâce à un Boeing 747-400 modifié et baptisé Cosmic Girl. Parmi les principaux avantages du système figurent la réactivité et la flexibilité. Il est possible de rapidement mettre sur pied des lancements à partir de différents lieux à travers le monde.
Du neuf avec du vieux
Le concept du lanceur aéroporté est pourtant loin d’être neuf. Cette approche était déjà employée aux débuts de la conquête spatiale, et même avant. Le lanceur américain Pegasus fonctionne d’ailleurs toujours de cette manière. Le LauncherOne, avec sa charge utile comprise entre 300 et 500 kg, doit permettre de réduire le coût des lancements des petits satellites en orbite basse, notamment en limitant le besoin d’infrastructures au sol, tout en améliorant la sécurité.
12 millions
en dollars, le coût estimé de chaque lancement de LauncherOne.
Alors, pourquoi ces fusées ne se sont-elles jamais véritablement imposées? Parce que le volet logistique demeure tout de même conséquent: l’opération nécessite du personnel qualifié et des infrastructures adaptées pour la préparation des satellites, l’approvisionnement en carburant, etc. Tous les aéroports ne sont pas capables de garantir de tels services. Ou n’ont pas nécessairement envie de voir un avion décoller (et éventuellement atterrir) avec, sous son aile, un lanceur rempli à ras bord de carburant hautement explosif.
Succès et échecs
L’entreprise Virgin Orbit compte déjà à son actif plusieurs lancements réussis mais elle a également dû essuyer des revers, dont un très récemment. Le 9 janvier, la firme a procédé à son premier lancement depuis le Royaume-Uni, au départ de l’aéroport de Newquay (Cornouailles). Après une première partie de vol sans anicroche, le deuxième étage du LauncherOne a subi une coupure prématurée de sa propulsion à une altitude d’environ 180 km.
Résultat: le lanceur n’a pu atteindre l’orbite souhaitée et a fini par retomber dans une zone sécurisée sans avoir largué sa charge utile. Une enquête est en cours afin de déterminer les causes exactes de l’anomalie, sans que cela n’empêche Virgin Orbit de maintenir ses autres lancements prévus cette année.
Une forte concurrence
L’offre de Virgin Orbit sera accessible financièrement aux clients potentiels: agences spatiales, départements de la Défense ou entreprises privées. Lorsqu’elle aura atteint sa vitesse de croisière, la société ambitionne de procéder à plus de 20 lancements par an.
Le momentum semble opportun pour Virgin Orbit, en particulier en Europe. Entre les déboires des fusées Vega-C et Ariane 6 et la guerre en Ukraine qui a coupé l’accès au Soyouz russe, les options pour lancer de petits satellites y sont en effet désormais limitées. Mais la réussite ou l’échec de la firme à imposer son concept sur le marché dépendra de sa capacité à atteindre une grande fiabilité tout en rivalisant avec les tarifs proposés par la concurrence, qu’il s’agisse des gros acteurs bien implantés ou de jeunes loups aux dents longues. Ceux-ci ne manquent pas dans ce secteur en plein boom: Rocket Lab, HyPrSpace, Rocket Factory Augsburg, HyImpulse, etc.
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