Le nombre de faillites devrait augmenter dans le monde, en 2026, à cause des droits de douane et de l’intelligence artificielle. Mais en Belgique, c’est tout l’inverse. Comment l’expliquer ?
Les faillites sont en hausse cette année en Belgique. Elles devraient s’établir à 11.700 en 2025, selon un nouveau rapport d’Allianz Trade. Voilà une hausse de 6% en un an (comme pour la moyenne mondiale), et le plus haut niveau en douze ans. Avec en tête les secteurs de la construction, du commerce, des services B2C et du transport et stockage.
Mais à quoi faut-il s’attendre, en 2026 ? Il y a deux éléments majeurs qui peuvent avoir un impact sur les faillites dans le monde : les droits de douane et l’intelligence artificielle. Quel sera l’effet ressenti en Belgique ?
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Droits de douane
“L’effet des droits d’importation sur le nombre de faillites ne se manifestera qu’en 2026, avec un risque accru d’effets dominos”, note le rapport d’emblée. Les pays européens qui exportent beaucoup vers les États-Unis devraient ainsi voir les faillites augmenter. 6.000 faillites supplémentaires en France, jusqu’à 2.900 en Espagne et 700 aux Pays-Bas, calcule Allianz Trade.
Mais la Belgique serait mieux lotie contre ces risques de faillites découlant des tariffs de Trump. En cause : “Dans le pire des scénarios, nous prévoyons un impact négligeable en Allemagne, au Royaume-Uni, en Italie et en Belgique, soit en raison de la diversification des marchés d’exportation, d’une base nationale plus importante ou d’une situation financière plus solide”, explique Maxime Lemerle, analyste en chef pour les études d’insolvabilité chez Allianz Trade dans le rapport.
Le groupe s’attend donc à une baisse du nombre de faillites en Belgique, en 2026. Il devrait se situer à 10.950 faillites. Soit une baisse de 6,4% par rapport à 2025. Puis en 2027, nouvelle baisse, plus forte encore : 9.900, ou -9,6% en un an.
La Belgique va donc à l’envers de la tendance générale. Pour 2026, à échelle mondiale, le groupe s’attend à une hausse de 5% des faillites en 2026 (contre +3% dans une précédente estimation), après une hausse de 6% en 2025 déjà. Il devrait y avoir un ralentissement en 2027, mais moins marqué qu’en Belgique : -1%.
Intelligence artificielle
Une hausse des faillites, cela peut toujours sonner alarmant. Mais c’est en fait à relativiser avec le nombre de créations d’entreprises. Et si les faillites s’accélèrent aujourd’hui, c’est aussi parce qu’il y a eu une importante hausse du nombre de créations d’entreprises, ces dernières années. C’est notamment le cas dans la tech et autour de l’intelligence artificielle. Mais pas que : il y a aussi toute l’effervescence économique post-covid qui joue. Ces jeunes entreprises ne sont pas toujours rentables, et la hausse des taux d’intérêt et des prix de l’énergie, juste avant ou durant leur création, a pu les rendre encore plus vulnérables.
En chiffres : les créations d’entreprises, entre 2021 et 2024, étaient 9% plus élevées qu’en 2016-19, en Europe. Pour les États-Unis, c’est même +36% sur la même période.
“Au lendemain de la pandémie, certains pays ont connu une forte augmentation du nombre de nouvelles entreprises en raison d’une numérisation plus rapide et de l’émergence de l’économie des petits boulots. Cela augmente le risque de faillites en Italie, en France, au Portugal et, dans une moindre mesure, en Belgique”, note Ano Kuhanathan, responsable de la recherche d’entreprise chez Allianz Trade, dans le rapport.
Pour l’IA il y a énormément de projets qui se lancent, mais ce secteur naissant passera tôt ou tard par une période de consolidation, rappellent différents experts. Nombre de ces projets devraient disparaître ou être absorbés par des acteurs plus grands.